Qui regarde qui ? ...Entre les statues de marbre et les tableaux de maîtres, les visiteurs du musée d'Orsay posent tantôt des yeux admiratifs, tantôt un regard perplexe sur les chefs-d'oeuvre qui bordent les allées. Ils échangent dans un murmure discret et continuent leur déambulation. Mais lorsque les portes du musée d'Orsay ferment et que la nuit tombe, les sculptures et les peintures quittent la pose, descendent de leur socle, s'animent, se détendent, se mettent à se raconter, s'interrogent ou commentent ce qu'elles ont pu voir ou entendre au cours de la journée. L'Olympia de Manet, qui en a peut-être assez de passer sa vie allongée, déserte sa couche ; les Raboteurs de parquet de Caillebotte, fatigués, délaissent les lattes du parquet ; et Héraclès se dirige, comme à son habitude, tout droit vers sa pièce favorite : les toilettes. Certains se retrouvent pour dresser un portrait peu flatteur des visiteurs indélicats ; d'autres, désabusés, s'assoient pour observer l'absurdité du monde à travers les vitraux de la grande horloge. D'autres encore accueillent les nouveaux venus, car les collections s'agrandissent ! Au petit matin, toutes les oeuvres regagnent leur socle ou leur cadre et reprennent la pose avant l'ouverture des portes. Un quotidien au musée où l'on découvre que tour à tour, les rôles s'inversent. Que peuvent bien penser de nous les peintures et les sculptures à force de nous observer et de nous écouter dans les couloirs et les salles d'un musée tout au long de la journée ?... Ce que de jour les « regardeurs » disent des regardés, et surtout ce que de nuit les regardés racontent des « regardeurs ». Le lecteur devient témoin et spectateur d'un quotidien aussi bien nocturne que diurne dans le musée.Fin observateur, Christophe Chabouté signe un album plein de poésie qui nous invite à réfléchir sur notre rapport à l'art, nos certitudes et à la manière dont nous percevons le monde. Se jouant des visiteurs mais jamais du lecteur, il laisse place à la contemplation avec humour et sensibilité.
Un voyage émouvant au coeur des grands espaces américains. San Francisco, 1906. Jenny vient de perdre sa maman sous les décombres du monstrueux tremblement de terre et se retrouve donc seule avec son beau-père, au milieu de la cité dévastée. L'homme, complètement désemparé, profite alors d'une faille dans le règlement des postes pour éloigner la fillette. Aussi hallucinant que cela puisse paraître, il va pourtant bel et bien l'expédier tel un colis, légalement, à l'autre bout du pays... Et c'est Enyeto, un facteur amérindien à l'allure imposante, qui va être chargé de l'accompagner jusqu'à sa destination finale : Chicago, Illinois ! Ainsi débute un long périple, un road-movie équestre et ferroviaire mettant en scène deux êtres que tout oppose a priori. Un grand voyage imprévu, autant pour l'une que pour l'autre, à travers l'immensité des États-Unis. Attentionné sous ses airs bourrus, Enyeto devra prendre soin de Jenny, l'épauler dans l'épreuve, lui redonner confiance petit à petit. Sur la route, une belle complicité va bientôt naître et se développer entre les deux personnages... Dans les coups durs, elle sera aussi là pour lui.
Après avoir exploré les entrailles de Fukushima, Bertrand Galic et Roger Vidal nous plongent cette fois-ci au coeur d'une Amérique bouillonnante, en pleine mutation, tiraillée entre ses archaïsmes (ceux du Far West) et son ultra-modernité naissante (celle des buildings et des grands abattoirs). Les deux auteurs explorent aussi et surtout des paysages plus intimes : ceux de la nature humaine, de la relation à l'autre. La petite fille et le Postman est un récit d'aventures particulièrement sensible et émouvant, un beau roman graphique, qui questionne l'altérité, la loyauté et la filiation.
« Le succès, c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme » ...Dans la famille Apothéoz, l'ambition conduit toujours à une mort d'exception. Convaincu que son nom porte malheur, Théo a décidé de ne jamais rien entreprendre. À 30 ans, il vit de petits boulots et habite chez son père. Il aime Camille depuis l'enfance, mais elle n'en sait rien. Quand Théo rencontre Antoine Pépin, un écrivain en panne d'inspiration, c'est le début d'une étonnante amitié. Ce dernier ne croit pas à la malédiction des Apothéoz et insiste pour l'aider à conquérir Camille...
Le duo Julien Frey et Dawid nous offre une comédie décalée et réjouissante qui nous amène à réfléchir sur nos plus beaux échecs, nos rêves de jeunesse et notre capacité à faire face. Une pépite qui nous redonne le sourire et nous rappelle les vertus des rencontres fortuites. À lire de toute urgence.
Chronique poétique d'une petite tokyoïte.Sakura, 8 ans vit à Tokyo. Depuis le décès accidentel de sa maman quelques années auparavant, la fillette n'arrive pas à surmonter son chagrin. Obligé de s'absenter quelques semaines pour raisons professionnelles, son papa, français d'origine, décide de la confier à sa grand-mère japonaise. Mais les premiers moments avec cette aïeule vivant de façon traditionnelle au rythme de la nature, plongent l'enfant dans un désarroi encore plus grand ! Pourtant, contre toute attente, ce séjour va profondément transformer Sakura... Le temps d'un printemps auprès de Masumi, aussi douce que joyeuse, la fillette découvrira en elle des ressources insoupçonnées, lui permettant de dépasser le drame, et de s'ouvrir de nouveau à la vie. Cette résurrection passera par l'éveil de ses sens et la découverte de plaisirs simples : la pêche aux coquillages, la saveur des dorayakis, la sensation du sable chaud, le chant des roseaux, les senteurs du jardin, l'air de la mer, les rencontres avec les villageois ou encore la compagnie affectueuse d'un chat l'aideront à passer le cap de la résilience...
Émouvant et sensible, ce roman graphique d'une immense poésie nous invite à revenir à l'essentiel pour trouver l'authenticité. À travers le parcours de Sakura, le lecteur effleure le raffinement japonais et la richesse de la culture asiatique. Certainement un des plus beaux albums de Marie Jaffredo, empreint de sagesse où le choix de l'aquarelle contribue pleinement à l'harmonie générale.
Être taxi à New-York.
Après 20 ans sur des tournages de films et de séries, Benoît Cohen se sent vidé. L'enthousiasme s'est échappé. L'envie d'arrêter l'écriture et de poser un temps la caméra s'est tout entière emparée de lui. En 2015, cela fait un an qu'il réside à New-York et, pour se nourrir de la richesse de la métropole, il décide de devenir chauffeur de taxi. Dans une école du Queens, il apprend les ficelles du métier, fait la rencontre de ses futurs collègues (tous précaires, tous migrants...) et affronte le labyrinthe administratif qui mène à la licence de Taxi driver. Au volant de l'emblématique Yellow Cab, il arpente big Apple, observe les visages de ses milliers de passagers, discute... et fait régulièrement face aux préjugés qui entourent sa nouvelle profession. Ceux qui entraînent les clients, les flics et la ville entière à le considérer aléatoirement avec passivité, gentillesse ou agressivité...
Benoît Cohen voulait écrire un film. Pourtant, la matière qu'il extrait de cette expérience sociale le marque profondément et l'amène à emprunter des chemins insoupçonnés. Le projet se transforme en roman autobiographique intercalé de réflexions sur le processus créatif. D'abord édité chez Flammarion, il prend dorénavant la forme d'une sublime bande dessinée grâce à Chabouté. Une aventure sensible, profondément humaine, devenue livre au graphisme époustouflant qui rend un vibrant hommage à la plus célèbre des cités américaines.
Un récit magnifique sur la brièveté de l'existence.Luce a six ans. C'est une petite fille tendre et débrouillarde qui passe de paisibles vacances dans une ville de province chez son Papi, garagiste à la retraite. Luce est une gamine tout à fait normale... mais Luce voit des choses que personne d'autre ne semble voir : elle croise, presque partout, une petite fille drapée dans un crêpe noir, accompagnée d'un homme nu. Tout autour d'elle, de son Papi, des amis de celui-ci, Luce voit rôder la Mort. Tout d'abord, elle ne s'en effraie pas, elle se contente de regarder passer l'étrange couple sans rien dire. Mais le vieux Simon décide de mettre fin à ses jours. Dès lors, Luce commence à s'interroger sur la mort... la sienne et celle des siens. L'auteur nous offre ici un magnifique récit initiatique sur la découverte de la brièveté de l'existence par une toute petite fille. Cette nouvelle édition est l'occasion de se replonger dans cette oeuvre unique car ce sont les fils d'une histoire universelle que tisse, avec une infinie sensibilité, un Benoît Springer au sommet de son art !
Nouvelle intégrale pour une BD d'exceptionSiméon Nevzorov croupit dans une vie d'ennui peuplée de rêves de gloire et de fortune. Sa route croise un jour celle d'une vieille tsigane. Elle lui révèle qu'il est né sous le signe du crâne qui parle, l'Ibicus, et lui prédit : « Quand le monde s'écroulera dans le feu et le sang, tu vivras des aventures extraordinaires, mais tu seras riche ! » Aussi invraisemblable qu'il y paraît, le petit cloporte sans envergure va profiter sans vergogne des affres chaotiques qui ébranlent le monde et accomplir sa prophétie.Géniale adaptation du roman d'Alexis Tolstoï, fable corrosive sur la condition humaine teintée d'humour noir, Ibicus est l'oeuvre qui a consacré Rabaté comme l'un des plus grands auteurs de sa génération. Cette nouvelle et belle intégrale cartonnée, bénéficiant d'une illustration de couverture inédite et d'un cahier d'illustrations couleurs de 16 pages, vous permettra de découvrir ce chef-d'oeuvre de la BD expressionniste, ou de vous y replonger avec plaisir.
Si l'amour est capable de déplacer des montagnes, il peut aussi aider à les gravir.
Été 1947, Boulogne-Billancourt. Lors d'un bal typique de l'après-guerre, Edmond, jeune ouvrier chez Renault, rencontre Olympe, fille de politicien. Il ne se doute pas qu'elle va bouleverser sa vie. Passionnée d'alpinisme, la jeune femme n'a qu'un rêve : escalader le Mont-Blanc pour égaler la prouesse de son aïeule Henriette d'Angeville. Malgré son manque d'expérience, Edmond promet qu'il l'aidera à le réaliser. Seulement, le train-train quotidien et plusieurs drames vont petit à petit émousser leur détermination... Mais qu'importe, l'amour est plus fort que tout, dit-on. Et s'il est capable de déplacer des montagnes, il peut aussi aider à les gravir.
Avec Edelweiss, Cédric Mayen signe une belle histoire d'amour malmenée par le vent des cimes. Un roman graphique émouvant, emporté par le trait délicat et sensible de Lucy Mazel, qui confirme l'étendue de son talent après le remarqué Communardes ! - Les Éléphants rouges.
Peu de mots pour de petits mauxUne rue passante, un meeting politique, une banlieue, un bureau de tabac, les couloirs du métro, des bouts de de vies ponctués ou rythmés de minuscules lâchetés, de grandes toutes petites solitudes et de menu faux-pas. Autant de petits riens duquel Chabouté tisse pourtant des récits d'une grande profondeur. En poète anthropologue, simple témoin ou spectateur, il s'empare de la banalité des accrocs du quotidien pour dépeindre, sans jugement ni morale, des instantanés de vie : parfois amers, toujours justes, profondément humains.Près de 10 ans après le premier volume de Fables Amères, Chabouté renoue avec la nouvelle de bande dessinée et nous livre, sur 104 pages, 11 histoires courtes laissant entrevoir son formidable talent à faire parler les silences.
Le métro à l'heure de pointe, à la caisse d'un supermarché, une grasse matinée ou un jogging dans un parc, autant de lieux et de situations banales souvent jalonnées de petits incidents dérisoires et anodins...
Chabouté renoue avec la nouvelle dans ce recueil de onze histoires courtes...
Sans jugement ni moralisme, il dépeint simplement la banalité de ces petits accrocs du quotidien, ces broutilles ordinaires qu'il envoie avec talent à la face du lecteur, ces terribles futilités qui ne peuvent que laisser un goût amer ...
104 pages où les silences de ces "tout petits riens" en disent long...
Grandir en temps de guerre : découvrez la magnifique intégrale de H. Tonton.
Printemps 1944, dans le sud-ouest de la France. Ici, les effets de la guerre sont moins visibles que sur le front. Collabo, maquisard, trafiquant, personne ne sait qui est qui, et les rumeurs et rancoeurs vont bon train. À côté de tout ça, les préoccupations des enfants paraissent anodines. Mais le jour où Rémi et son amie Mathilde tombent par hasard sur une cargaison d'armes et d'explosifs, ils vont prendre part aux affaires des grandes personnes malgré eux. Pour que ces armes ne puissent jamais blesser personne, ils décident de les cacher. Insouciants des conséquences que leur acte peut avoir sur la résistance maquisarde, Rémi et Mathilde vont se retrouver au coeur du conflit. Rémi va comprendre beaucoup de choses sur les hommes : l'horreur qu'ils peuvent infliger, mais aussi les sacrifices dont ils sont capables. Une magnifique intégrale par un auteur sensible, qui pose un regard tendre sur ces moments durs. Un hommage à la belle région du sud-ouest, mais surtout à ceux qui ont mis leur vie en danger entre les pâtures et les vergers pour combattre les nazis.
Un album aussi percutant qu'un KO debout !
Le jeune Mané est plein d'envie, plein de force. Deux qualités premières si l'on souhaite s'adonner au Pankat, un art martial dur développé en véritable philosophie de vie par ceux qui le pratiquent. Errant dans Irap, siège des plus grandes écoles de Pankat, Mané va vite faire ses preuves et profiter des conseils d'Eïam, l'un des plus grands maîtres qui soit. Mais saura t'il résister aux sirènes criminelles de Féssat, ancien condisciple d'Eïam, qui tente de porter les pas malléables du jeune homme vers l'illégalité ? Cruel dilemme pour Mané... Car les règles de la vie ne sont pas toujours aussi simples que celles d'un combat de Pankat...
Avec son dessin terriblement soigné et dynamique et son art du scénario psychologique et bourré d'action, Merwan signait avec Fausse Garde (anciennement titré Pankat) un premier album solo à la fois frais et d'une grande maturité. Un album au ton unique, mêlant les influences du manga et de la bande dessinée franco-belge, à retrouver dans une édition dôtée d'une nouvelle couverture et de bonus graphiques inédits.
La fin d'un roman. Le début d'une histoire...
New-York, de nos jours. Taylor Davis est écrivain. S'il a connu le succès par le passé, sa carrière est à présent en berne et ses livres se vendent de moins en moins. Mais ce n'est pas très important à ses yeux car Taylor travaille pour l'amour de l'art. Et justement, le nouveau roman sur lequel il se penche depuis des mois l'enthousiasme tout particulièrement. Il s'agit de l'histoire d'un couple située dans les années 1950 et dont l'héroïne se prénomme Stella. Celle-ci s'interroge sur sa vie et se pose tellement de questions que Taylor s'est mis à lui répondre et a engagé un véritable dialogue avec elle. Est-ce un signe de schizophrénie? Pour Taylor, en tout cas, Stella est plus qu'un personnage de fiction. Si bien qu'un jour, alors qu'il vient presque malgré lui de taper le mot « FIN » sur son clavier d'ordinateur, Stella apparaît devant lui. Comme si ces trois petites lettres, à la manière d'une incantation, lui avaient permis de prendre corps dans la réalité ! Mais comment un personnage de fiction pourrait-il vivre au sein du monde réel, qui plus est dans une époque qui n'est pas la sienne ? Pour Taylor, c'est la fin d'un roman. Mais pour Stella et lui, c'est le début... d'une histoire.
Dans ce roman graphique doux-amer, Cyril Bonin revisite le mythe de Pygmalion et renoue avec une certaine tradition de la littérature existentialiste dans laquelle l'irruption d'un subtil élément fantastique vient toucher au plus profond de l'âme humaine. À la fois destin de femme et parcours initiatique, Stella est un récit intimiste à la portée métaphysique qui interroge sur la création, l'identité et la conscience.
Un récit tendre et sincère sur le parcours d'une adoptionJanvier 1996, Marie et Armand reçoivent un courrier qui va bouleverser leur vie ! Yuan Yang, petite fille de 6 mois vient en effet de leur être « attribuée » par les autorités chinoises. Cette nouvelle, après des années d'essais infructueux pour avoir un enfant, est l'aboutissement d'un vrai parcours du combattant : procédures administratives, enquête sociale, de police, de bonne moeurs, profil psychologique... Une fois leur dossier d'adoption accepté et après de longs mois d'attente, le couple est enfin autorisé à partir à la rencontre de ce bébé tant espéré dans son pays d'origine. En même temps que leur fille, ils découvrent alors une culture et un pays multi-millénaire qui commence à peine à s'ouvrir au monde.Marie Jaffredo livre un récit autobiographique tendre et sincère sur le parcours d'adoption. Ponctué de ses doutes, de ses angoisses, mais également de rires et d'émotions, son histoire nous offre dans le même temps un portrait de la Chine au milieu des années 1990.
« Ma mort est mon chef-d'oeuvre ».
Pour beaucoup, Yukio Mishima reste un mystère. Écrivain de génie, épris de tradition et de modernité, basculant de la création à la destruction, esthète de toutes les ambivalences et de toutes les controverses, il livre un regard sans précédent dans le paysage culturel japonais et mondial.
Celle d'un homme qui a incarné à la fois toute la grandeur, les échecs et les contradictions du Japon de l'après-guerre. Un personnage fascinant qui achèvera son oeuvre de façon spectaculaire à travers un ultime acte : la mise en scène de sa propre mort.
Avec Mishima, Patrick Weber raconte la vie de cet artiste flamboyant, s'inspirant en partie de son célèbre livre Confessions d'un Masque. Faisant appel au dessin tout en finesse de Li-An, il livre un roman graphique passionnant et subtil qui permet d'entrevoir une période cruciale de l'histoire du Japon contemporain.
Une romancière de légende se raconte...
Décembre 1926. Agatha Christie, alors écrivaine à succès, disparaît sans laisser de traces. Toute la presse britannique s'empare du drame et une véritable enquête, digne de ses meilleurs romans, est menée pour la retrouver. Suicide d'une femme délaissée, meurtre commandité par son époux infidèle ou coup de publicité d'une romancière voulant renforcer le succès de ses livres ? Les hypothèses ne manquent pas pour élucider l'affaire et surtout tenter de résoudre l'énigme Agatha Christie...
Romancière de génie, femme libre et indépendante, le personnage d'Agatha Christie n'a cessé de fasciner, tant par son oeuvre que par ce qu'elle a incarné pour la société anglaise et pour son époque. Réalisé par Chantal van den Heuvel et Nina Jacqmin, ce bel ouvrage, construit comme une enquête de la romancière, nous raconte autant le destin d'une femme d'exception qu' il est une ode à l'écriture et à la capacité de créer. Les autrices se sont davantage attachées à l'Agatha intime plutôt qu'à la fabuleuse production littéraire de la reine du crime. Une Agatha dont le riche imaginaire, qui puise ses racines dans une enfance pleine de fantaisie, lui a permis d'affronter le réel, les pertes qu'inflige la vie, les amours trahies. Car derrière l'image « so british » d'une respectable lady se cachait sans doute une petite fille qui n'a pas voulu grandir. Et s'il était là, le mystère de Dame Agatha Christie et de sa prodigieuse créativité ?
"Le Grand Duduche existe grâce à Yvonne de Gaulle, explique Cabu. Si elle n'avait pas fait interdire Hara Kiri, je n'aurais pas rencontré René Goscinny, et il ne m'aurait pas incité plus tard à développer ce personnage lunaire".
Le Grand Duduche apparaît dans les pages de Pilote en 1963 et devient rapidement une des vedettes du journal. L'étudiant lunaire, amoureux transi de la fille du proviseur, déjà écolo, est en lutte permanente contre les professeurs, Belphégor le pion, la police, les parents. Bref, il s'oppose à tout ce qui peut ressembler, de loin ou de près, à une forme d'autorité. La carrière de Duduche s'est ensuite poursuivie dans Charlie Hebdo, Hara Kiri, avant de revenir dans Piloteau début des années 80. Et si le personnage est abandonné, Cabu n'hésite pas à le faire réapparaître de temps en temps, dans les strips du Canard Enchaîné par exemple. Les aventures du personnage le plus célèbre de Cabu ont d'ailleurs déjà été recueillies dans 6 albums, tous épuisés à ce jour.
Pour cette version intégrale, nous avons décidé de repartir des originaux de l'auteur, ce qui nous amène à une nouvelle édition de plus de 600 pages, en noir et blanc et en couleurs, et qui contiendra pas moins de 200 planches inédites en album ! L'auteur apportera en bonus son petit grain de sel en commentant son travail, comme il l'a déjà si bien fait dans le cadre des recueils de la collection "Cabu Dessinateur-Reporter". Cet album constituera à n'en pas douter le cadeau idéal pour les anciens étudiants ou leurs enfants !
Ascension et chute d'une étoile du blues.
Le Mojo, c'est la bonne étoile, le destin, la conscience... pour une vie, et le gars qui a un mauvais Mojo est mal barré dans l'existence. Le Mojo de Slim Whitemoon lui accorde un destin singulier. Né au début du XXe siècle dans une plantation du Mississippi, il saute un jour dans un train avec sa guitare pour seule compagne. C'est le début d'une vie folle et d'un destin chaotique, fait de larcins, de séjours en prison, de filles, de saouleries apocalyptiques, de vagabondage, de succès et même de gloire !... avant un retour vers la solitude de l'anonymat. En chemin, il croisera Blind Lemon Jefferson, Sonny Boy Williamson, Robert Johnson...
Dans des ambiances musicales, enfumées et gouailleuses, Rodolphe et Georges Van Linthout nous content l'histoire d'un bluesman imaginaire, et nous emmènent sur ses pas de vagabond génial dans les remous d'une vie passionnée.
Un téléphone sonne en pleine nuit dans un appartement parisien. Raphaël se lève et décroche. À l'autre bout du fil, c'est son vieux pote Léo. Il est en panne avec sa voiture à plus d'une heure de route et demande à son ami s'il peut venir le dépanner. En réalité, Léo a appelé plusieurs de ses proches, curieux de savoir lesquels prendraient la peine de se déplacer pour lui. Un test à l'amitié, ni plus, ni moins. Raphaël est furieux d'avoir été ainsi testé ; ça ne se teste pas, l'amitié ! Mais un soir, Raphaël est chez lui, seul, il s'ennuie... Et si lui aussi il appelait ses amis, prétextant une panne de voiture ? Sur qui peut-il vraiment compter ? L'idée est tellement tentante... Rapidement, Raphaël lance les invitations déguisées...
Quand la survie des hommes met en jeu leur humanitéRussie, 1812. Ils sont une poignée d'hommes et de femmes qui errent dans le grand blanc, dans une étendue de neige immaculée dont la blancheur n'est cassée que par la verticalité de quelques bouleaux timidement dressés. Ce petit groupe livré à lui-même depuis des jours, des semaines, lutte pour sa survie, dans l'enfer froid de l'hiver russe, en marge de la grande retraite napoléonienne de 1812.S'il se place dans un contexte historique, La Marche est un roman graphique qui explore avant tout l'intensité des rapports entre personnages au coeur d'un environnement extrême. Dans un magnifique noir et blanc qui justifie pleinement l'adhésion de La Marche à la prestigieuse collection Intégra des éditions Vents d'Ouest, Régis Penet et Anne-Laure Reboul offrent un survival historique aussi cruel que prenant, un huis-clos à ciel ouvert sur fond blanc, à l'issue forcément tragique...
Un témoignage poignant sur le combat face à la maladie.
La vie de Catherine, illustratrice, bascule le jour où on lui diagnostique une leucémie aiguë : une forme de cancer très grave qui s'attaque au système immunitaire. Elle qui n'avait jamais été vraiment été hospitalisée se retrouve alors propulsée dans le monde des grands malades et découvre la vie en hôpital. C'est un véritable parcours du combattant qui s'annonce... Les analyses, l'attente des résultats, les séances de soin, le corps qui se transforme, la perte des cheveux, ses relations avec le corps médical, le soutien de son compagnon et de ses proches, le retour à la vie normale, le regard des autres... En textes et en dessins, elle décide de raconter l'impact que la maladie a eu sur sa vie avec une grande sincérité, et surtout beaucoup de recul et d'humour. Avec elle, on vit l'attente, les doutes, la peur, les pleurs... mais on écoute aussi et surtout les rires, l'amour et la volonté de vivre.
Rarement on avait raconté la maladie avec une telle lucidité. Globules & conséquences est un livre d'une grande force, riche en émotions, mais qui ne verse jamais dans le pathos. Un livre qui montre qu'on peut être léger et profond à la fois.
Catherine Pioli ne survivra malheureusement pas à la maladie. Malgré tout, le testament qu'elle nous livre est plein d'humanité et d'espoir.
Mourir, pour enfin vivre...
Norman Jones, américain de 40 ans, a une femme, deux enfants et un job qui rapporte. Oui mais voilà, Norman s'ennuie ferme. Arrivé à la moitié de son existence, il a l'impression d'avoir raté quelque chose, de ne pas avoir mené la vie qu'il s'imaginait. Il rêve d'une nouvelle chance, d'un nouveau départ. Le matin du 11 septembre 2001, il ne se rend pas au bureau, préférant paresser au lit avec sa maîtresse, et échappe ainsi à une mort certaine dans l'attentat du World Trade Center.
Pour tous, il est mort. Alors pourquoi ne pas en profiter pour disparaître pour de bon, tout lâcher, partir à l'aventure et commencer cette nouvelle vie dont il rêve ?
Après Mojo, Rodolphe et Georges Van Linthout nous emmènent une nouvelle fois sur les routes américaines dans un road movie existentiel (doublé d'un thriller !) alors que les plaies du 11 septembre viennent juste de s'ouvrir.
Le récit tout en émotions d'une fillette maorie et de ses parents, exhibés dans des zoos européens au début du XXe siècle.
Le promoteur Hartmann a réussi son pari : convaincre des danseurs traditionnels maoris de le suivre en Europe pour une grande série de représentations devant la bonne société anglaise. Pour la plupart au chômage et désargentés, les maoris n'ont pas hésité à tenter l'aventure, laissant derrière eux leurs enfants aux soins de leurs amis et de leur proche. Mais la petite Nyree, elle, n'a pas accepté d'être ainsi abandonnée par ses parents. Elle s'est arrangée pour embarquer clandestinement sur le bateau qui emmène ces derniers en Europe... Ravie d'être intégrée à la troupe, elle va vivre en son sein l'intensité de la vie d'artiste en tournée. eulement, malgré l'enthousiasme du public, l'opération est un gouffre financier et Hartmann n'a d'autre choix pour renflouer les caisses que de déplacer toute la troupe en France, pour une exhibition de plusieurs mois dans un enclos du jardin zoologique de Paris. Réduits à l'état d'attraction exotique entre les girafes et les crocodiles, Nyree et ses parents vont découvrir qu'être étranger dans les yeux de ces européens, c'est d'abord être... étrange.
Le récit touchant d'une fillette Maorie devenue 'Monstre de Foire' dans l'Europe du début de XXe siécle...
Nouvelle-Zélande. Début du XXe siècle. Nyree est une institutrice ayant fort à faire avec une tripotée de gamins turbulents, mais que la jeune femme maorie comprend d'autant mieux qu'elle-même ne fut pas un modèle de sagesse durant sa propre enfance... Lorsqu'un de ses élèves en traite un autre de monstre, elle ne laisse toutefois pas passer l'incident, qui lui rappelle de bien mauvais souvenirs, et interrompt la classe afin de raconter aux enfants sa jeunesse. A l'époque le travail était rare en Nouvelle-Zélande. Mais les Maoris formaient une communauté soudée, où l'on oubliait ses problèmes en s'adonnant aux danses et chants en costume typique. Une coutume qui va terriblement intéresser Mr Hartmann, représentant d'une riche société européenne, qui propose au groupe local de partir en tournée de par le monde... Nyree et ses parents acceptent aussitôt. Car ils ne savent pas encore qu'Hartmann va les présenter dans des expositions universelles, à la manière d'animaux rares, et que les Européens « civilisés » ne verront en eux que d'étonnants monstres exotiques... Basé sur des faits historiques, Kia Ora est un double voyage aux antipodes de la gamme des émotions. Entre indignation face à la bêtise colonialiste et émotion pure face aux errements d'une petite Maorie, cette grande leçon d'histoire et d'humanité ne laissera personne indifférent.