Gueule cassée de 14, Édouard Roux trouve refuge dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui redonne un visage et l'introduit dans le milieu des artistes de Montmartre.En échange, Édouard lui fait découvrir la majesté du plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours qu'il a vu tué quand il était enfant. Au coeur du Cirque d'Archiane, il lui dévoile la Dernière Reine et incite Jeanne a créer le chef d'oeuvre qui la fera reconnaître. Dans la veine des grands romans feuilletons du 19e, La Dernière Reine croise les destins du dernier ours du Vercors et d'Édouard Roux gueule cassée de 14. Comme précédemment dans Le Loup, homme et animal se confrontent dans un récit puissant, mêlant questionnements écologiques, féminisme, histoire d'amour et histoire de l'art.
Pour rembourser son prêt étudiant, Kate n'a guère le choix : elle doit quitter sa Nouvelle-Écosse natale pour aller travailler à l'autre bout du Canada, dans l'ouest lointain, là où l'on extrait le pétrole des sables bitumineux. Souvent isolée, naviguant de site en site, la jeune femme découvre un monde marqué par le harcèlement quotidien et le sexisme de nombreux collègues masculins. Sans se départir de son empathie ni de son humour, soutenue par des allié.e.s de confiance, Kate s'interroge sur la violence de son univers professionnel, qu'il s'agisse des relations humaines ou de l'exploitation forcenée des ressources naturelles. A-t-elle mis les pieds dans un univers parallèle, ou cette violence n'est-elle que le reflet de notre société ?
Début des années 30. Anaïs Nin vit en banlieue parisienne et lutte contre l'angoisse de sa vie d'épouse de banquier. Plusieurs fois déracinée, elle a grandi entre 2 continents, 3 langues, et peine à trouver sa place dans une société qui relègue les femmes à des seconds rôles. Elle veut être écrivain, et s'est inventé, depuis l'enfance, une échappatoire:son journal. Il est sa drogue, son compagnon, son double, celui qui lui permet d'explorer la complexité de ses sentiments et de percevoir la sensualité qui couve en elle. C'est alors qu'elle rencontre Henry Miller, une révélation qui s'avère la 1re étape vers de grands bouleversements.
En 1895, à Lyon, les frères Lumière inventent le cinématographe. Moins d'un an plus tard, à Paris, Alice Guy, 23 ans, réalise La Fée aux choux pour Léon Gaumont. Première réalisatrice de l'histoire du cinéma, elle dirigera plus de 300 films en France. En 1907, elle part conquérir l'Amérique, laissant les Films Gaumont aux mains de son assistant Louis Feuillade. Première femme à créer sa propre maison de production, elle construit un studio dans le New Jersey et fait fortune. Mais un mariage malheureux lui fait tout perdre.Femme libre et indépendante, témoin de la naissance du monde moderne, elle aura côtoyé les pionniers de l'époque : Gustave Eiffel, Louis et Auguste Lumière, ou encore Georges Méliès, Charlie Chaplin et Buster Keaton.Elle meurt en 1969, avec la légion d'honneur, mais sans avoir revu aucun de ses films - perdus et oubliés. C'est en 2011, à New York, que Martin Scorsese redonne un coup de projecteur sur cette femme exceptionnelle.
Dans Le Poids des héros, David Sala retrace sa trajectoire personnelle très tôt marquée par les figures tutélaires, mais non moins écrasantes, de ses grands-pères, héros de guerre et de la résistance.En convoquant son point de vue de petit garçon, il nous plonge dans une majestueuse et foisonnante exploration de l'enfance et de l'adolescence.Le recours à l'imaginaire permet d'approcher les zones d'ombre et les failles à bonne distance, tout en recomposant un parcours d'apprentissage et de transmission universel pour le lecteur.Sans oublier la saveur impérissable des courses en vélo, de la découverte des premiers morceaux de rap US, des premiers temps d'initiation artistique à l'école Emile Cohl.
Denis Choupin, dessinateur reconnu de la série Opération Hitler, arrive à Angoulême pour le traditionnel Festival International de la Bande Dessinée. Entre séances de dédicaces, repas sur le pouce et vieux copains croisés en coup de vent, cette édition ne semble pas vraiment devoir sortir du lot jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance de Vanessa, l'épouse d'un collectionneur de BD. Sur les quelques jours du festival, cette rencontre va bouleverser leurs deux vies, jusque-là sans histoire.
Un soir d'août 1976. JeanLouis a 18 ans. C'est le temps des vacances en famille, des grandes chaleurs et de l'insouciance... Mais un événement brutal va tout interrompre : Gilles, le frère de JeanLouis, est fauché par une voiture. Transporté à l'hôpital, le garçon succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Pour JeanLouis, hanté par la culpabilité, un difficile parcours de deuil commence... 45 ans plus tard, l'auteur choisit de revenir sur cet épisode et de retraverser chaque moment du drame. Avec franchise et sensibilité, il sonde sa mémoire et celle de ses proches pour raconter les suites immédiates et plus lointaines de l'accident, luttant pour dessiner la perte tragique d'un petit frère de 11 ans qui continue d'exister dans l'histoire familiale...
Mariée et mère à 18 ans, veuve aussitôt après, Marie Gouzes décide ensuite de vivre librement. Elle se fera désormais appeler Olympe de Gouges.Femme de lettres, fille des Lumières, libertine et républicaine, Olympe a côtoyé la plupart de ceux qui ont laissé leur nom dans les livres d'histoire au chapitre de la Révolution : Voltaire, Rousseau, Mirabeau, Lafayette, Benjamin Franklin, Philippe Égalité, Condorcet, Théroigne de Méricourt, Desmoulins, Marat, Robespierre...En 1791, quand elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe demande l'égalité entre les sexes et le droit de vote pour les femmes ; des propositions qui resteront révolutionnaires jusqu'auxxe siècle.
C'est une histoire simple d'une rare sobriété. Parce qu'il souffre du dos un jeune homme se met à fréquenter une piscine sur les recommandations de son kinésithérapeute. Dans le bassin à la fois anonyme et rassurant où les individus ne sont plus que des corps qui nagent au rythme monotone des longueurs ajoutées les unes aux autres il fait la connaissance d'une jeune fille au corps et au sourire séduisants. C'est l'épanouissement de leur relation ténue toute en silences en esquives en pudeur et en gestes esquissés que va raconter Le Goût du chlore. Avec ce livre Bastien Vivès s'est affirmé comme l'un des auteurs les plus originaux de sa génération.
Dans cette nouvelle autobiographie culinaire, Aurélia Aurita relate ses expériences au Japon, dans les Vosges ou à Paris... Des cuisines d'un fast food à celles d'un trois étoiles, du marché en plein air aux brunchs du dimanche, d'histoires courtes en passions romantiques et amicales, l'autrice nous entraîne dans une quête épicurienne de sens et de sensations!Et tout en empruntant les chemins du goût et de l'intime, Aurélia Aurita fait le récit d'un drame personnel:un cancer qui va bouleverser son quotidien... mais qui jamais ne triomphera de l'instinct de plaisir et de gourmandise qui circule tout au long du livre.
Au début des années 80, Libération s'impose comme le quotidien le plus important du paysage culturel français. Tout juste embauchés, Marie Colmant et Gérard Lefort écrivent à un rythme effréné et vont affirmer un style:interviews de stars (Clint Eastwood, Belmondo, Line Renaud), compte-rendus de défilés de mode (Gaultier, Lacroix) et réunions de rédaction parfois houleuses font partie du quotidien.Dans ce récit au long cours illustré par le trait vibrionnant de Pochep, Marie et Gérard font le portrait d'un journal drôle et paradoxal, où des personnages hauts en couleur s'invectivent à coups de bons mots. Ces années folles, qui sont aussi celles du Sida et de Tchernobyl, dessinent une comédie humaine attachante, inattendue... et so eighties!
« Je mapel Silence é je sui genti».Ainsi les lecteurs de la revue (A Suivre) découvrent-ils, début 1979, l'ouvrier agricole mutique et désarmant auquel a donné naissance Didier Comès. C'est un choc. Une fois lue cette somptueuse histoire, personne n'oubliera de sitôt cet extraordinaire personnage lumineux exploité par un paysan prospère de son village... Interprété dans un noir et blanc irradiant de virtuosité, le maître-livre de Comès - à bien des égards l'un des premiers romans graphiques francophones - demeure une référence majeure de la bande dessinée contemporaine.
Dépossédé du domaine familial par des cousins sans scrupules, Arthur Même n'en a conservé, après moult procès, que les murs. Et c'est sur ces murs qu'il règne, en maître des clés qui ouvrent et ferment toutes les portes et les grilles. Depuis cette position stratégique, il espère reconquérir, en payant à grand frais un célèbre avocat, la totalité de ses terrains. L'étrange vie de Même, personnage surréaliste perché sur son mur, n'est pas de tout repos, surtout lorsqu'il faut échapper aux pièges et traquenards tendus par l'ennemi...Chef d'oeuvre poétique de l'histoire de la bande dessinée, Ici Même est prépublié dans la revue (A suivre) et fait la couverture du tout premier numéro de la revue, en février 1978.
Dans le Montparnasse bohème et effervescent des années 1920, la jeune Kiki réussit à s'extraire de la misère pour devenir l'une des figures les plus charismatiques de l'avant-garde de l'entre deux-guerres. Compagne de Man Ray, à qui elle inspirera ses photos les plus mythiques, elle sera également immortalisée par Kisling, Foujita, Per Krohg, Calder, Utrillo ou Fernand Léger.Et si Kiki est par excellence la muse de cette génération qui cherche à se remettre de la Grande Guerre et se trouvera aux origines du surréalisme, l'héroïne est avant tout l'une des premières femmes émancipées du XXe siècle...
Une rame de métro à l'arrêt, une jeune femme nue aperçue à travers les vitres d'un appartement parisien, il suffit parfois de peu pour amorcer une relation amoureuse entre deux inconnus. Si Louise ne semble pas séduite d'emblée, elle cède malgré tout aux manoeuvres d'Armand. Mais Armand ne sera pas le seul homme que des fenêtres sans rideaux placeront sur le chemin de la belle Québécoise...Dans ce diptyque qui réunit Le Cahier bleu et Après la pluie, Juillard propose un récit de jeux amoureux sensible et inattendu...
Vendue à un scribe alors qu'elle vient tout juste de quitter l'enfance, puis éduquée par celui-ci, une très jeune femme voit son mari assassiné sous ses yeux par des voleurs. Elle parvient pourtant à leur échapper et trouve refuge sur une improbable épave de bateau échoué en plein désert, en compagnie d'un enfant nommé Habibi. Ensemble, dans des décors souvent nimbés de magie, ils vont grandir et vivre leur vie au sein de cet étrange endroit, en s'efforçant autant que possible de se protéger de la violence et de la dureté du monde, au rythme des contes, histoires, mythes et légendes racontés par la jeune femme...Un récit onirique, érudit et sensuel, à l'atmosphère orientale digne des Mille et Une Nuits. Craig Thompson livre un travail graphique d'une impressionnante sophistication, marqué du sceau du merveilleux.
Le décès de son père contraint Yoichi Yamashita à retourner dans sa ville natale après de longues années. Lors d'une veillée funèbre arrosée, son enfance refait surface:cet après-midi de printemps passé à jouer sur le plancher du salon de coiffure de son père, l'incendie qui a ravagé la ville et sa maison familiale, le divorce de ses parents... Au fil des confidences et des souvenirs partagés par ses proches, Yoichi redécouvre celui qu'il a toujours vu comme un père absent et froid.
Deux siècles après la retraite de Russie, Sylvain Tesson refait la route de l'armée napoléonienne déchue... en side-car et en plein hiver.Ils sont cinq:trois Français et deux Russes. Unis par l'amitié et par un grand défi, ils décident de commémorer à leur façon le bicentenaire de la retraite de Russie:en suivant le chemin emprunté par les troupes françaises en pleine débâcle. Partis de Moscou, Sylvain Tesson et ses amis traversent l'immense Russie, la Biélorussie, la Pologne et l'Allemagne, faisant route vers Paris au guidon de leurs Oural, ces side-cars russes réputés indestructibles. En chemin, ils franchissent le fleuve Berezina, devenu au fil du temps un nom commun pour désigner les échecs les plus cuisants...Porté par la langue et l'esprit d'aventure de Sylvain Tesson, le plus fameux des écrivains voyageurs contemporains, ce récit au long cours est de nouveau dessiné par Virgile Dureuil (déjà auteur en 2019 de Dans les forêts de Sibérie en bande dessinée). À travers les multiples allers-retours entre le XIXe et le XXIe siècle, un incroyable épisode de l'histoire française est ici revisité.
Dans Genre Queer, Maia Kobabe offre le récit intense et cathartique de son chemin vers l'identification en tant que personne genderqueer (ou non binaire, c'est-à-dire qui déroge aux normes de genre et de sexualité) et asexuelle, et celui de son coming out auprès de sa famille et de la société. Parce qu'elle traite d'identité de genre - ce que cela signifie, comment l'appréhender -, cette histoire se révèle un guide aussi nécessaire et utile qu'il est touchant.
Comment être une famille quand les parents ne sont plus là ?La cohabitation mouvementée, entre joies simples et doutes, de trois soeurs (28, 22 et 18 ans) qui vivent sous le même toit depuis que, dix ans auparavant, leur mère est décédée et que leur père les a abandonnées. Chacune a ses rêves, ses secrets et ses blessures ; toutes sont des jeunes femmes bien décidées à trouver leur place dans notre époque et à en tirer le meilleur.
Les premiers pas furent un fiasco, je n'arrêtais pas de m'embrouiller, cinq, dix, vingt fois, je dus reprendre le début de la partie.Mais j'avais tout mon temps... Moi, l'esclave du néant...1941. Dans les salons feutrés d'un paquebot en route pour l'Argentine, le champion du monde d'échecs affronte lors d'une ultime partie un aristocrate viennois, dont l'incroyable maîtrise du jeu est née dans l'antre de la tyrannie. Cette dénonciation poignante et désespérée de la barbarie nazie est le dernier texte écrit par Stefan Zweig avant son suicide.
Un Irlandais bercé pendant toute sa jeunesse du rêve américain, se voit pour la énième fois expulsé des USA pour non renouvellement de sa carte de séjour.Il va s'imposer, en guise d'exorcisme, le Pacific Crest Trail, un trail de 4 240 km qui coure de la frontière mexicaine à la frontière canadienne, du désert à la glace en traversant 25 parc nationaux.La manière la plus radicale de se confronter à soi et à l'Amérique loin de tous les fantasmes et les rêves d'enfance.Une sorte d'Into the Wild « secure », mais qui n'en égratigne pas moins tous les paradoxes et les zones d'ombre de la société américaine contemporaine avant l'élection de Trump.
Il a la mécanique des vers comme personne, seulement ses oeuvres sont absolument inintelligibles et repoussantes. (Rapport de police, 1873)Bien qu'il soit aujourd'hui reconnnu comme l'un des plus grands poètes, Arthur Rimbaud n'a pas eu de succès de son vivant, et son histoire reste un mystère à bien des égards. Avec ce livre publié en 2013, et dont il a largement revu la mise en couleur, Xavier Coste choisit de raconter les deux Rimbaud:le jeune poète attiré comme un aimant par la vie parisienne et sa sulfureuse relation avec Paul Verlaine, puis le trentenaire fatigué qui va se perdre en Afrique et meurt en 1891, à tout juste 37 ans. Manipulateur et orgueilleux, le tempétueux Rimbaud imaginé par Coste est souvent loin de l'image lisse que nous gardons du jeune poète...
« - Y a beau avoir plein de monde, j'ai toujours l'impression d'être toute seule.- Même quand t'es avec nous ?- Non, avec vous c'est chouette. »