La campagne est vivante, comme lieu de vie et comme imaginaire. La pandémie de 2020 a encore accéléré ces tendances?: vivre à la campagne serait «?la?» solution face aux crises sanitaires, écologiques, économiques ou sociales de nos vies citadines contemporaines. Pour aller au-delà d'un certain fantasme, Valérie Jousseaume réalise un état des lieux et remet la campagne en perspective. Elle interroge le rôle et les atouts des territoires dans la transition sociétale. Et, surtout, elle redonne aux ruraux une place d'acteurs dans ce changement de civilisation en cours.
Le livre déconstruit les cadres de pensée et les vocabulaires, pour sortir la «?France périphérique?» du cul-de-sac intellectuel où elle se trouve.
Une voix se lève, au début de la Monarchie de Juillet, pour dénoncer la destruction du patrimoine architectural et artistique français : celle de Victor Hugo. Dans « Guerre aux démolisseurs », paru en mars 1832, le jeune poète regrette le « vieux souvenir de la France » qui « s'en va avec la pierre sur laquelle il était écrit ». Il déplore le vandalisme, moderne et bourgeois, qui se répand et ravage le vieux Paris.
Dans les quartiers pauvres de Marseille, on devient délinquant par vocation ou par ennui. Du shit mal coupé qui fait de l'argent facile autant qu'il rend fou aux règlements de comptes à la kalachnikov, Philippe Pujol raconte cette jeunesse perdue et sa misère. Et pendant que ces enfants dressés en bêtes sauvages s'entre-dévorent, élus corrompus et marchands de sommeil se repaissent de ce charnier.
Ancien prof de lycée dans le « 9-3 » devenu sociologue, Fabien Truong a pendant dix ans - des émeutes de 2005 aux attentats de janvier 2015 - suivi une vingtaine d'anciens élèves, du bac jusqu'à la fin de leurs études. Tour à tour prof, enquêteur et confident, il dresse le portrait d'une certaine jeunesse française, celle des banlieues populaires issues de l'immigration.
De la fac aux grandes écoles, en passant par les cycles plus courts, ces jeunes incarnent la face cachée d'une passion nationale : sortir de sa condition par l'école. Confrontés au stigmate des origines, à l'impératif de rentabilité assigné aux études longues et à la précarité massive, ils mènent un combat ordinaire pour gagner l'estime de soi et apprendre à naviguer entre les multiples frontières du monde social.
En offrant une plongée dans l'intimité de ces jeunes étudiants en quête d'échappée, ce livre peut se lire comme un récit initiatique, déroulant dans le temps long leurs rêves d'ascension sociale, leurs questionnements identitaires, les peines et les joies de l'apprentissage intellectuel, leur rapport à la religion ou leurs histoires d'amour.
Métromarxisme évoque le rapport du marxisme à la ville à travers des chapitres biographiques sur Marx, Walter Benjamin, Guy Debord et David Harvey.
Chaque partie propose une analyse accessible de la contribution de chacun de ses auteurs à une théorie de la ville.
Il suggère que l'interaction entre la ville en tant que centre de la vie économique et sociale et son potentiel de changement a généré un corpus majeur. Ces travaux furent essentiels pour faire avancer des transformations politiques et sociales.
A partir d'une collection de lieux, la revue Habitante observe la diversité des manières de penser et de construire le monde. De la fiction à la théorie critique, de l'arbre au territoire, de la maison à la micro-nation, Habitante croise les approches, les sensibilités et les échelles. - Théo Casciani - La campagne n'est pas un refuge - Deborah Feldman - Sur le logement comme service - Shannon Mattern - Tout réparer : maintenance et care - Fanny Taillandier - Dubaï, ville nouvelle (fiction originale) - Nathan Friedman - USAMexique
En ce début de siècle, un constat s'impose : l'urbanisation est planétaire. Un standard de vie, plus ou moins homogène, se répand partout, avec son cortège de normes de consommation, de comportements types, de valeurs collectives et de pratiques individuelles qui déséquilibrent les écosystèmes.
C'est cette révolution aux expressions paradoxales que Thierry Paquot explore ici sous ses multiples formes territoriales - bidonville, mégalopole, enclave résidentielle sécurisée, ville moyenne, global city, urbain diffus. L'auteur pointe les défis à relever : la « bonne » occupation des sols face à l'extension des zones urbaines et à la réduction des terres agricoles ; la « bonne » manière de se déplacer, dans un monde confronté à la pénurie probable de pétrole et à la multiplication des mobilités ordinaires (tourisme de masse, shopping, pratiques sportives.) ; la « bonne » façon d'assurer à tous un confort urbain minimal, en favorisant une décroissance raisonnée de certaines consommations ; la « bonne » gouvernance, qui exige l'invention de nouvelles pratiques démocratiques ; la « bonne » habitabilité entre soi et les autres.
Seule une écologie existentielle respectueuse de la diversité culturelle, de l'éventail des croyances et des rites, de l'incroyable différence des temporalités qui régissent et animent la vie de tout homo urbanus peut assurer à tous un devenir urbain.
Après un premier récit graphique consacré à la Brigade de répression du banditisme, intitulé Enquêtes générales, Titwane et Raynal Pellicer ont obtenu l'autorisation exceptionnelle de suivre les policiers de la Brigade criminelle à Paris. Une immersion de quatre mois au sein des seins, le mythique « 36, quai des Orfèvres ». La « Crim' », l'ancienne Brigade du Chef créée en 1912, est toujours considérée comme le plus prestigieux des services de la Police judiciaire parisienne et liée aux plus grandes affaires criminelles : de Petiot à Guy Georges. Ce livre relate le quotidien de plusieurs groupes d'enquêtes de droit commun et de la Section anti-terroriste et propose un large panorama d'affaires, du crime passionnel aux règlements de comptes liés aux arnaques à la taxe carbone, en passant par les filières syriennes.
Quelques jours avant le début de l'immersion, un ancien flic de la BRB, devenu procédurier à la Brigade criminelle prévenait sur un ton amical : « À la BRB tu as eu affaire à des voleurs de pommes. Mais ici chaque histoire est un drame, ici, tu vas croiser le mal. »
Après l'écroulement brutal de trois immeubles dans le centre de Marseille le 5 novembre 2018 - huit morts, des milliers de délogés -, les habitants se sont mobilisés, investissant l'espace public pour crier aux oreilles du pouvoir leur tristesse, leur indignation et leur colère.
Graffitis, pochoirs, pancartes, banderoles, bouquets, bougies, slogans, photographies, vidéos, dessins, tribunes, chroniques, discours, tweets... les textes et images rassemblés dans cet ouvrage constituent un véritable récit documentaire, mémoire émotionnelle de cet événement qui a fait date. Mais ce drame n'est pas seulement le symptôme d'une ville fissurée et politiquement exsangue. Il parle de tant d'autres effondrements et de tant d'autres appels au respect. Au-delà du simple constat local, s'engage ici une réflexion sur les processus non avoués de gentrification des centres urbains et sur la participation des habitants à la gestion de leur ville.
Les quartiers « sensibles » font en permanence la Une desmédias : trafics de drogue, règlements de compte, rixes entrebandes. Dans quelle mesure sont-ils réellement des «zones denon-droit » ? Comment y vit-on ? Quelles en sont les règles et lesvaleurs ? Quel est leur avenir ?Le journaliste Stanislas Poyet est allé rencontrer les habitantsde ces quartiers compliqués, marqués par la violence, la drogue,la pauvreté. Une vision « à hauteur d'homme et de femme » deleur quotidien, de Roubaix à Marseille, en passant par Toulouse, Rennes ou Venissieux... Il donne la parole aux habitants, ceuxqu'on entend peu : les mères de familles, les jeunes, les gardiens de résidence, les dealers, mais aussi à ceux qui façonnent ces quartiers : policiers, bailleurs HLM, travailleurs sociaux...À travers cette immersion là où, nous dit-on, l'État n'a plus le droitd'entrer, Stanislas Poyet nous dévoile une France méconnue.Journaliste, Stanislas Poyet écrit pour Le Figaro. Défense d'entrer ? estson premier livre.
C'est à une repolitisation des questions urbaines que ce livre, dont le propos est centré sur le devenir des quartiers populaires, aspire à contribuer. Il mobilise en particulier le concept de gentrification, dans la continuité des travaux de la géographie radicale.
L'auteur vise à remettre à l'avant-plan la violence des logiques de gentrification, à contre-courant des usages aseptisés du terme, mais aussi à s'intéresser à ce qui va contre ces logiques, ce qui les contrecarre, les freine ou leur résiste, par des mobilisations collectives ou par le maintien d'usages populaires de l'espace, remettant ainsi en question l'apparence inéluctable de la gentrification.
La résistance cognitive : c'est la capacité de notre cerveau à inhiber les automatismes de pensée pour nous permettre de réfléchir. Une découverte fondamentale d'Olivier Houdé. Le chercheur nous explique la genèse de cette découverte au travers de nombreux exemples chez les bébés, les enfants et les adolescents. Et nous montre comment la mettre en oeuvre pour améliorer l'apprentissage à tout âge. Mais cela va bien au-delà : cette capacité est également essentielle dans de nombreuses situations de la vie de tous les jours.
Nous devons en effet apprendre à résister aux automatismes de pensée lorsqu'il sont simplificateurs et dangereux. C'est tout l'enjeu du développement de l'esprit critique. Un enjeu de société.
« Fils d'HLM » explore cette lutte pour le droit à un logement de qualité pour tous au travers du parcours d'Eddie Jacquemart président de la CNL et lui-même enfant d'une famille mono parentale des cités de Dunkerque. Cet essai part de la parole des locataires, une voix malheureusement souvent minorée que ce soit par les bailleurs ou les pouvoirs locaux et qui pourtant n'en finit pas de réinventer les formes d'une solidarité active. En France comme partout en Europe.
Campements de sans-abri, bâtiments vétustes, habitat bon marché, lotissements pavillonnaires, condominiums, quartiers fermés : la question du logement modèle les villes occidentales.
Comment le logement est-il produit et distribué dans différentes sociétés ? À quels besoins répond-il ? Quelle est la fonction du logement social ? Que signifie l'incitation à l'accession à la propriété ? Pourquoi le logement est-il devenu une «marchandise » ? Quels sont les aspects sociologiques du marché ? En quoi consistent les politiques mobilisant l'État, les associations, les collectivités locales et diverses institutions ? Quel est le rôle des ménages ? Quelles sont leurs stratégies résidentielles face aux transformations urbaines ? Que signifie « habiter » et « cohabiter » ? Dans quelles mesures les normes d'urbanisme durable peuvent-elles transformer les pratiques ?
Mobilisant les travaux issus des recherches en sciences sociales, l'auteur offre une synthèse accessible à un large public sur cette question majeure, au coeur de nombreux problèmes sociaux contemporains.
La dynamique planétaire d'urbanisation passe par l'extension des bidonvilles dans les pays en développement. C'est un huitième de l'humanité qui vit aujourd'hui dans ces espaces. Parallèlement, le retour des bidonvilles et des campements illégaux en France suscite inquiétude, voire alarmisme, sur fond de « crise des migrants ». Pour certains, les bidonvilles doivent être éradiqués comme des foyers d'insalubrité et de criminalité. Pour d'autres, ils constituent un laboratoire de la ville durable, à la fois piétonne, écologique, participative et recyclable. Et si les bidonvilles, au lieu de renvoyer uniquement à un passé effrayant, inventaient aussi des solutions pour l'avenir ?
Tel un journal de bord, Mathilde Levesque a compilé tous les traits d'esprit les plus drôles de ses élèves. Avec tendresse et réalisme, elle rend compte des relations qui s'établissent entre un enseignant et sa classe à travers ces dialogues authentiques, truffés de punchlines.
Un sens de la repartie décapant !
La Seine Saint-Denis est un territoire social et politique singulier, un territoire médiatisé et stigmatisé - le « 9.3 » - qui a connu aux cours des quatre dernières décennies de profondes mutations. La Seine-Saint-Denis reste emblématique des banlieues populaires, de leur histoire et de leurs transformations. Alors que certains observateurs défendent que les enjeux d'intégration et de cohésion, sociales et urbaines auraient quitté la banlieue pour se déplacer vers les grandes périphéries des métropoles, cet ouvrage a pour ambition de rappeler et de démontrer que les banlieues populaires ont constitué et constituent encore aujourd'hui un fait social majeur de notre époque.
Comment réunir et fédérer autour d'un projet alors qu'aujourd'hui, l'annonce d'un aménagement, grand ou petit, suscite régulièrement une levée de boucliers et nourrit des oppositions qui finissent souvent par se coaliser ? Chacun a bien évidemment en tête le projet d'aéroport à Notre- Dame-des-Landes... De quoi le « non » est-il le nom ? Une réponse aux inquiétudes individuelles et aux craintes collectives d'un avenir qui ne serait plus porteur d'espoir ?
Nous proposerons des réponses à ces interrogations en questionnant un philosophe des controverses, des sociologues... Nous irons aussi à la rencontre d'entreprises qui avouent volontiers que dorénavant, lors de la mise en oeuvre d'un projet, 80 % du temps est consacré à son « acceptation », ce qui implique son pendant, la concertation.
Il est aussi encore possible de « faire projet », comme à La Chantrerie, au bord de l'Erdre à Nantes, qui s'annonce « territoire du faire ensemble » :
Le projet collectif d'une chaufferie bois et d'un réseau de chaleur n'y a pas rencontré la contestation soulevée au sud de l'agglomération par la chaufferie « Californie » à Rezé. Bien au contraire une dynamique collective avec étudiants, salariés, chercheurs et habitants est née et s'est engagée sur le terrain des transitions.
Ce numéro s'intéresse aux villes remplaçant les États : Que peuvent les villes en tant qu'institution ? Que font-elles ?
Pourquoi de plus en plus de villes se substituent aux États (climat, justice sociale, logement, transports, accueil des migrants...). Pourquoi maintiennent-elles la pression sur les États (diplomatie, désobéissance civile...) ?
Pour répondre au sujet, Regards s'est entretenu avec Ada Colau, Maire de Barcelone, ville très engagée dans les réseaux de villes, très active en faveur du communalisme.
« Avant, j'étais délinquant. Aujourd'hui, je suis un professionnel de la prévention de la délinquance. Avant, j'ai séjourné en prison. Aujourd'hui, j'interviens régulièrement en milieu carcéral auprès des détenus. Avant, les policiers me couraient après. Aujourd'hui, ils me sollicitent pour des formations. Avant, j'étais en échec scolaire. Aujourd'hui, je suis chargé de cours à l'université de Nanterre, en master de sciences de l'éducation.
On peut être le pire à un moment donné et devenir le meilleur quelques années plus tard. Chez moi, tout a été une histoire de rencontres. Mauvaises d'abord, et bonnes ensuite. C'est un regard bienveillant, une main tendue, une parole d'espoir, un jour, qui ont changé ma vie.
Aujourd'hui, je suis devenu un guerrier non violent et j'ai trouvé ma place dans la société. Cette place, c'est aider les autres et rapprocher les mondes, notamment avec mon camping-car de médiation nomade. Tel un funambule, j'évolue constamment entre deux univers : le monde du jour et celui de la nuit, les jeunes des quartiers et le «reste du monde», les délinquants et la police... L'équilibre peut sembler périlleux. Mais je ne suis jamais aussi heureux qu'à me balader sur ce fil-là... ».
Avec la collaboration de Joséphine Lebard et Bahar Makooi.
Cécile Delarue, après avoir vécu neuf ans à Los Angeles, y avoir eu deux enfants, s'apprête à rentrer en France. Ce départ est un déchirement, mais aussi l'occasion de raconter son long séjour sur cette planète si éloignée de la nôtre : la Californie, Los Angeles, une ville disproportionnée où le conformisme social côtoie l'excentricité la plus échevelée, où l'assujettissement général à l'"industry" (le cinéma) rejoint la quête frénétique de la perfection à tous les échelons de la société.
Cécile Delarue dresse, au fil de scènes de la vie quotidienne souvent burlesques, parfois mélancoliques, un portrait de cette côte ouest viscéralement anti-Trump, où reste quelque chose de l'idéal américain, mais rongé par le contrôle généralisé, l'angoisse de l'échec, le politiquement correct, l'aliénation au clinquant, les délires narcissiques ou les délires tout court. Et surtout la peur de la précarité et de la pauvreté, qui se répandent sur les collines d'Hollywood.
Voir d'un pays « éloigné » offre toujours des perspectives nouvelles et conduit à envisager autrement problèmes et solutions. Dans le contexte des événements tragiques survenus en 2015 et face à la désaffection du politique que connaît notre pays, ce volume fait appel aux regards d'observateurs étrangers généralement peu sollicités dans les travaux et les études sur les banlieues françaises.
Photographes, journalistes, universitaires ou encore chefs d'entreprise pointent ici les problèmes de fond que les exigences de l'actualité occultent souvent. La banalisation du mot « banlieues » cache en effet des pièges et des maux, mais aussi des opportunités et des réussites que souvent nous ne voyons plus. Cet Essentiel, composé entièrement de textes inédits, présente des regards croisés qui contribuent à élargir notre réflexion et invite à comparer pour imaginer différemment le lien social.
Auteurs : Francesca Artioli, Marc Berthiaume, Clément Boisseuil, Alec G. Hargreaves, Christina Horvath, Ana Navarro Pedro, Jean-Manuel Simoes, Tyler Stovall, Alain van Vyve, Bernard Wallon.
Qui sont « les jeunes de banlieue » ? Qui sont ces grands enfants à peine sortis de l'adolescence, mais déjà marqués par les épreuves, les drames de l'exil et de la misère ? Quelles sont les tensions et les forces qui traversent leurs vies, qui les portent ou les fragilisent ? Et comment expliquer les réussites inespérées de certains sur lesquels personne n'aurait jamais parié ?
À travers ce trombinoscope recomposé par la mémoire d'un professeur, au terme de quinze ans d'enseignement, dans des lycées coincés entre un centre commercial et une gare RER, on suit ces vies bouleversantes telles qu'elles s'égrènent au fil des années, dans des discussions, des rencontres, des messages sur les réseaux sociaux. On entend leurs récits de souffrance, de solitude, mais aussi leurs histoires de famille et d'amour. On s'interroge avec eux sur le sens de la loyauté, la force des liens, le poids des origines. On découvre aussi - et heureusement - qu'on ne sait jamais ce dont un élève est capable.
Claire Marin enseigne la philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles, en banlieue parisienne.
Elle est l'auteur de plusieurs essais consacrés à l'épreuve de la maladie et à la relation de soin, comme L'homme sans fièvre, La maladie, catastrophe intime, ou encore Hors de moi.