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Extrait
NOTE THÉOTEX
La langue
Faut-il traduire Calvin en français moderne ? A l'évidence, non ;
si l'on désire vraiment s'immerger dans l'atmosphère du réformateur,
il faut le lire dans le texte. Un amateur de littérature à
qui l'on proposerait de traduire Rabelais pousserait, avec raison,
des cris d'orfraie : toute la saveur du verbe serait perdue dans
le procédé. Par contre, si le but premier recherché est d'exposer
clairement la logique de Calvin, alors oui, un travail considérable
d'adaptation à la langue actuelle, se justifie, et a déjà été fait.
Avec très peu d'efforts, pourtant, un lecteur moyen peut arriver
à lire sans peine l'Institution de la Religion Chrétienne dans des
éditions anciennes (en comparaison, que serait-ce s'il lui fallait
apprendre le latin, la langue naturelle de Calvin écrivain !). Un
petit glossaire de moins de cent mots lui prouvera qu'en réalité
l'obstacle linguistique est infime.
Cette édition numérique de l'Institution reproduit celle de Meyrueis
de 1859, parce qu'elle représente un bon compromis entre la
fatigue visuelle qu'engendrerait une typographie où toutes les s seraient
des f et des z, les j des i, et une orthographe complètement
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modernisée, qui ne ferait plus couleur locale. A la belle introduction
de ces deux volumes, nous avons rajouté celle de 1865, très
savante, qui se trouve dans la grande édition des oeuvres de Calvin
(en 58 volumes) par trois théologiens de la faculté de Strasbourg :
REUSS, BAUM et CUNITZ.
La navigation
C'est Augustin MARLORAT (1506-1562) qui aurait été ravi par
l'invention des hyperliens. Ce prédicateur protestant mort en martyr,
a été le principal collaborateur de Calvin dans le travail d'édition
de l'Institution. C'est à lui que l'on doit toutes les références
bibliques rencontrées, que Calvin citait de mémoire, sans avoir
le temps d'aller rechercher l'endroit précis. En 1568 parut une
édition contenant deux Indices élaborés par Marlorat : le premier
classe par ordre alphabétique les sujets traités et la référence des
sections où ils se trouvent ; le second contient toutes les citations
bibliques indiquées dans les sections.
Le premier indice reste la manière la plus commode et la plus
agréable de naviguer dans l'Institution. Car sa table des matières
détaillée, l'est tellement, qu'elle constitue un petit livre à elle
seule, et qu'il lui faudrait à son tour sa propre table des matières.
Nous avons avantageusement remplacé le second indice (celui
des citations bibliques), par une construction automatique de la
liste des versets, pris dans la traduction de la Bible annotée de
Neuchâtel.
Horribile decretum
Beaucoup d'évangéliques qui n'ont jamais lu Calvin, ou seulement
quelques extraits, s'imaginent que sa théologie se résume
tout entière par le décret horrible, ou dogme de la double prédestination
; à savoir que Dieu prédestine non seulement certains
hommes au salut, les élus, mais encore tous les autres à la damnation
éternelle. Or pour Calvin, la prédestination des perdus à la
perdition n'est qu'une conséquence logique inéluctable, déduite
de la doctrine biblique de l'élection : choisir certains individus,
c'est forcément écarter les autres. Mais Calvin ne s'attarde guères
sur cette déduction, à laquelle la raison est incapable d'échapper ;
il ne cherche ni à sonder le mystère de l'élection, ni à trouver
dans les Ecritures une preuve de la prédestination des damnés,
puisqu'elle n'en contient pas. Loin des hautes sphères métaphysiques,
sa pensée revient toujours à son souci principal : attribuer
entièrement la gloire à Dieu dans l'oeuvre du salut, en empêchant
que les sauvés aillent s'imaginer que leur élection soit basée sur
quelque mérite propre, que Dieu aurait prévu.
Se focaliser sur la question de la double prédestination, c'est
n'avoir jamais découvert que l'intellect humain possède ses limites,
qui ne lui permettent pas d'appréhender entièrement la réalité.
En se limitant au domaine purement matériel, la connaissance
se trouve déjà confrontée à des faits contradictoires, qu'il lui faut
pourtant admettre : la dualité onde-particule en est l'exemple type.
Notre entendement est incapable de se représenter une entité
matérielle qui soit simultanément, une onde dispersée dans tout
l'espace, et un corpuscule localisé ; néanmoins les expériences
scientifiques démontrent qu'il en est bien ainsi. Avec autant de
perplexité, la raison peine à concevoir un choix libre par principe,
le nôtre, et en même temps, déjà connu du Créateur ; cependant,
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aussi bien la responsabilité de l'homme que l'omniscience de Dieu,
sont deux vérités affirmées par notre conscience. Le problème
du déterminisme (auquel au fond se réduit la difficulté conceptuelle
de la prédestination), n'apparaît donc pas comme spirituel
dans son essence, mais plutôt philosophique : preuve en est que
dix-huit siècles avant Calvin, les Stoïciens y réfléchissaient déjà,
indépendamment de toute préoccupation relative au salut de leur
âme. Il n'est donc pas légitime de faire d'une différence d'opinion
quant à un sujet métaphysique, par nature insondable, un
motif d'exclusion entre chrétiens authentiques, qui confessent
également la divinité de Jésus-Christ, son incarnation, sa mort
salvatrice à la croix, sa résurrection. . .
C'est pourquoi tout protestant évangélique doit pouvoir apprécier
Calvin, sans être inconditionnellement calviniste. Du reste
l'Institution, contient d'autres sujets, aux implications plus immédiates
que celles de la double prédestination, sur lesquels la quasitotalité
des évangéliques se trouve en désaccord avec Calvin ; le
baptême des nourrissons n'étant pas le moindre. Ceci n'empêchait
nullement un puritain baptiste comme Spurgeon, de se situer luimême
dans le prolongement calviniste. De nos jours, on entend
parfois quelques brouillons, en mal de reconnaisance médiatique,
gergonner contre le néo-calvinisme. Déplaçant de manière puérile
une question théologique abstraite sur le terrain émotionnel, ils
accusent sans fondement les calvinistes de manque d'amour, à
l'image de leur Dieu, qui damne arbitrairement la plus grande partie
de l'humanité ; ou encore de fatalisme, puisqu'Il a tout décidé à
l'avance. La réalité reste que dans leurs oeuvres, les réformateurs
et leurs descendants directs, ont démontré autant d'amour pour
l'humanité perdue, et de zèle à lui annoncer l'Évangile du salut en
Jésus-Christ, que les martyrs les plus glorieux de toute l'histoire
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de l'Église.
Le caractère de Calvin
Sans doute le style énergique et brusque de Calvin amène au
premier contact à s'interroger sur le caractère d'un homme qui
rédargue si violemment les opposants à sa pensée. On comprend
vite toutefois qu'il ne s'agit là que d'une rude écorce extérieure,
qui recouvre un coeur brûlant. Les quelques études qui ont parues
sur le caractère du réformateur confirment ce jugement. Antoine
de Chandieu (1534-1591) a été un disciple et ami de Calvin. A la
mort de ce dernier, au mois de mai 1564, il écrivit trois sonnets en
sa mémoire. Nous terminons cette note en reproduisant ci-contre
le premier, qui nous paraît le plus touchant, et en remarquant
que l'homme qui a pu susciter de tels vers, n'a certainement pas
été un monstre.
Lorient, le 27 novembre 2013. -
Bénédict Pictet (1655-1724) est un cessationiste convaincu, c-à-d qu'il croit que les charismes miraculeux donnés à l'Église le jour de la Pentecôte, et en particulier le don de prophétie, ont disparu depuis longtemps. Sur les instances d'Antoine Court (1695-1760), il écrit une lettre condamnant les agissements des Inspirés, nom qui désigne un groupe de camisards plus ou moins mystiques, encore insoumis au despotisme religieux de Louis XIV. Cependant l'historien Edmond Hugues (1846-1929), cofondateur du Musée du Désert, est beaucoup moins péremptoire sur ce jugement négatif à l'égard du misérable reste des dissidents français ; il lui trouve des circonstances atténuantes, et même un rôle de transmetteur de flambeau. Il était donc intéressant de réunir dans un même volume, la Lettre de Pictet, et le chapitre de l'historien. Si au vingt-et-unième siècle évangélique il n'y a plus à craindre qu'une querelle entre ceux qui croient que des prophètes, en chair et en os, existent toujours dans l'Église, et ceux qui pensent qu'il ne faut les chercher que dans la Bible, dégénère en violence, il n'en demeure pas moins une certaine tension entre la Théologie Réformée et la Théologie du Réveil. Tension bénigne par ailleurs, puisque comme celle suscitée par le baptême des nouveaux-nés, ou celle du pastorat féminin, elle se résout presque entièrement aujourd'hui, dans le paradigme du chat de Schrödinger, ainsi que nous le signalons en note introductive.
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Extrait
Les grandes choses que Dieu fait pendant cette période entière ont toutes un caractère préparatoire. De grands et nombreux changements ont lieu, des révolutions s’accomplissent, mais toutes ces choses ne sont que les diverses dispensations de la providence de Dieu pour préparer la venue de Christ. C’est cela surtout que Dieu se propose dans tout ce qu’il fait à l’égard de son Église. Elle se trouve sous diverses dispensations, elle passe par une grande variété de circonstances avant la venue de Christ ; mais toutes ces choses ont lieu pour préparer cet événement. Dieu sauve des hommes durant toute cette période, bien que le nombre des sauvés soit fort peu considérable en comparaison de ce qu’il sera plus tard ; tout cela a lieu par anticipation. Tous ceux qui sont sauvés avant la venue de Christ ne sont que les prémices de la moisson future. Dieu délivre souvent son Église et son peuple avant la venue de Christ, mais ce ne sont là que des symboles, des signes avant-coureurs de la grande délivrance qu’il se propose d’accomplir. L’Église, durant cette période, jouit de la lumière de la révélation ; elle possède dans une certaine mesure la lumière de l’Évangile. Mais ces révélations partielles ne sont que des gages de la grande lumière que doit apporter Celui qui viendra pour être la lumière du monde. Toute cette période est comme le temps de ténèbres pendant lesquelles l’Église, il est vrai, n’est pas complètement privée de toute lumière, mais ce n’est en quelque sorte que la lumière de la lune et des étoiles, fort peu éclatante en comparaison de celle du soleil et obscurcie par beaucoup de ténèbres. Le premier ministère, qui a été glorieux, ne l’a pas été autant que le second, qui l’emporte de beaucoup en gloire (.2 Cor.3.10). A la vérité, l’Église était en possession de la lumière du soleil, mais elle lui arrivait en quelque sorte comme réfléchie par la lune et les étoiles. Pendant tout ce temps, l’Église est dans un état de minorité. « Or, je dis que, pendant tout le temps que l’héritier est un enfant, il n’est en rien différent du serviteur, quoiqu’il soit maître de tout. Mais il est sous des tuteurs et des curateurs jusqu’au temps déterminé par le père. Nous aussi, lorsque nous étions des enfants, nous étions asservis sous les rudiments du monde (.Gal.4.1-3). »
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Cet ouvrage du philologue, exégète, poète et archevêque de Dublin, Richard Chenevix Trench (1807-1886), a connu 5 éditions successives du vivant de l'auteur, et reste aujourd'hui encore un grand classique pour les étudiants du Nouveau Testament.
Son principe consiste dans un choix de paires ou de groupes de mots grecs dont les sens sont voisins, et dans l'explication de leurs ressemblances et de leurs différences. Le pasteur Clément de Faye (1824-1902), avait dès 1869 fait paraître une traduction de la deuxième édition, qui comportait alors 91 synonymes détaillés. La présente édition porte à 105 ce nombre, traduits d'après la dernière édition anglaise. Il va de soi que la lecture des Synonymes nécessite un minimum de connaissance de la ?????, la langue grecque commune dans laquelle a été écrit le Nouveau Testament.
Ceux qui s'y intéressent goûteront ici le plaisir de constater combien la diversité de son vocabulaire éclaire souvent et siginficativement le texte.
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Théologie systématique Tome 3 ; prolégomènes et cosmologie
Augustin Gretillat
- ThéoTeX
- 4 Juillet 1905
- 9782362601163
Extrait de la préface
Trois ans se sont écoulés depuis la publication du premier tome de mon Exposé de Théologie systématique. J’annonçais en 1885 l’intention de faire suivre, dans l’intervalle de quelques mois, ce premier volume d’un second contenant l’apologétique et la canonique. Mais l’homme propose et Dieu dispose, et l’exécution de mon projet primitif a subi deux contrariétés. Tout d’abord l’année qui a suivi la publication de mon ouvrage, ayant été occupée presque complètement par ma part, bien que toujours fort modeste, de collaboration à la Bible annotée, ne m’a pas laissé le loisir nécessaire pour continuer mon propre ouvrage. Ce retard, que je regrettais fort au moment même, n’a pas laissé, à ce que je crois, de m’être profitable, et je m’en félicite aujourd’hui pour plus d’une raison. Entre temps, en effet, des voix amies et autorisées m’ont engagé à intervertir l’ordre annoncé de mes publications qui aurait retardé l’impression de la dogmatique de quelques années, et à porter mes premiers efforts in medias res.
Sans désavouer donc le rapport précédemment établi entre l’apologétique et la dogmatique, et qui me paraît toujours le plus rationnel, j’ai reconnu le bien fondé de l’avis susmentionné, dont le présent volume est un premier effet. Mais ici un nouveau mécompte m’attendait, facile à prévoir d’ailleurs ; c’est que la matière a débordé le cadre, et notre dogmatique, qui devait être contenue en un volume, en comptera deux (tomes III et IV de notre Exposé de Théologie systématique). Nous ferons tous nos efforts pour l’achever eu 1889).
Comme je l’ai déjà fait dans la Revue théologique de Montauban (1887, no 5), je remercie ceux de mes confrères suisses et étrangers qui se sont occupés de mon ouvrage avec bienveillance et impartialité, du service qu’ils m’ont rendu. J’ai dû leur donner raison sur plusieurs points et reconnaître d’ailleurs que les reproches même jugés par nous non fondés, ont pourtant toujours quelque chose d’utile à nous apprendre.
La critique la plus grave peut-être qui m’ait été faite, a porté sur la place même que nous avons assignée à la Méthodologie en tête de la Théologie systématique, tandis qu’elle devrait figurer, selon mes opposants, en tête de l’ensemble des disciplines théologiques. En d’autres termes, on m’a contesté le droit de composer une encyclopédie des sciences théologiques à propos d’une des quatre disciplines particulières dont se compose le système de la science théologique.
Je réponds tout d’abord que je n’ai pas entendu présenter de front l’encyclopédie des sciences théologiques, mais pour ainsi dire, sous un angle particulier, et dans l’orientation de la Théologie systématique, et que cette intention s’est manifestée dans la disposition de la matière traitée (voir tome I).
En second lieu, tout l’ouvrage a du prouver que les questions encyclopédiques dont dépend le rang à assigner aux grandes disciplines théologiques, n’ont pas, comme on pourrait le penser avant tout examen, une portée purement formelle, mais que, préjugeant de la manière la plus sérieuse et la plus directe certaines conclusions de fond, elles supposent une opinion déjà arrêtée sur le contenu même de ces classifications. S’il en est ainsi, la place d’une méthodologie ou encyclopédie des sciences théologiques au centre de l’édifice plutôt qu’à l’entrée, me paraît se justifier suffisamment.
Une accusation provenue de deux côtés, dont en revanche j’ai le devoir de me défendre, bien qu’elle porte sur un point très spécial, est celle d’avoir traité de galimatias (tome I, page 99) les articles de Lipsius insérés dans les Jahrbücher fur prot. Theologie, 1878, sous le titre : Dogmatische Beiträge. Or, quelle que puisse être mon opinion sur la valeur de ces articles, je constate ici que l’épithète incriminée visait non point ces articles eux-mêmes, mais les textes de Biendermann qui y étaient cités et combattus, comme mes deux critiques auraient pu s’en convaincre, au besoin, en tournant la page. -
Table des Matières
Ancien Testament
Préfaces
Genèse
Exode
Lévitique
Nombres
Deutéronome
Josué
Juges
Ruth
1 Samuel
2 Samuel
1 Rois
2 Rois
1 Chroniques
2 Chroniques
Esdras
Néhémie
Esther
Job
Psaumes
Livre Premier (1 à 41)
Livre Second (42 à 72)
Livre Troisième (73 à 89)
Livre Quatrième (90 à 106)
Livre Cinquième (107 à 150)
Proverbes
Ecclésiaste
Cantique des cantiques
Esaïe
Jérémie
Lamentations
Ezéchiel
Daniel
Osée
Joël
Amos
Abdias
Jonas
Michée
Nahum
Habacuc
Sophonie
Aggée
Zacharie
Malachie
Nouveau Testament
Avertissement
Matthieu
Marc
Luc
Jean
Actes
Romains
1 Corinthiens
2 Corinthiens
Galates
Ephésiens
Philippiens
Colossiens
1 Thessaloniciens
2 Thessaloniciens
1 Timothée
2 Timothée
Tite
Philémon
Hébreux
Jacques
1 Pierre
2 Pierre
1 Jean
2 Jean
3 Jean
Jude
Apocalypse
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Au cours de sa brève vie, Gaston Frommel s'est principalement employé à sonder les rapports entre la pensée humaine et l'Évangile, autrement dit à essayer d'élaborer une philosophie véritablement chrétienne. Plusieurs jugeront d'emblée un tel projet inutile à l'Église et illusoire dans ses résultats. A ce compte, on pourrait aussi bien condamner tout effort du chrétien visant à développer une capacité inhérente à la nature humaine ; on récuserait par exemple le bien-fondé d'un art chrétien. Cependant l'existence et la persistance au sein de l'humanité du besoin de philosopher montre plutôt qu'il correspond à une aspiration qui doit un jour trouver sa satisfaction.
Pour Gaston Frommel la résolution ne se trouve qu'en Jésus-Christ parce qu'il est la Vérité, qui pénètre et s'assimile tout ce qui est humain. Ces Études de Théologie Moderne contiennent l'essentiel de son apport original de penseur. Par Théologie Moderne, il faut comprendre celle qui prend essor à partir de la Réforme, par opposition à la scolastique du Moyen-Age. Après une exposition particulièrement éclairante des mouvements philosophiques initiés par Kant, Hegel, Schleiermacher, l'auteur introduit ce qui dans son esprit fonde la différence entre Philosophie et Théologie :
La théologie suppose obligatoirement l'expérience de la conversion, parce que ses critères de vérité se trouvent dans la conscience humaine régénérée par l'Esprit Saint. Autrement dit le théologien peut comprendre le philosophe, tandis que le philosophe qui n'a jamais eu de rapport personnel avec Jésus-Christ, ne pourra jamais saisir le théologien. Pour Frommel, la théologie se rapproche plus d'une science biologique spirituelle que d'une dogmatique, et il en veut pour preuve les analogies que Christ lui-même a indiquées entre la naissance naturelle et la nouvelle naissance, entre le grain de blé et la résurrection. -
Extrait
LA PARABOLE
MATTHIEU 22.1-12
Alors Jésus prenant la parole, leur parla derechef en similitude, disant : Le Royaume des Cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils. Et il envoya ses serviteurs pour appeler ceux qui avait été conviés aux noces, mais ils n’y voulurent point venir. Derechef il envoya d’autres serviteurs, disant, dites à ceux qui étaient conviés, voici j’ai apprêté le dîner : mes taureaux et mes bêtes engraissées sont tuées, et tout est prêt : Venez aux noces !
Mais n’en tenant compte, s’en allèrent l’un à sa métairie, et l’autre à son trafic. Et les autres prirent ses serviteurs, et les outragèrent et les tuèrent.
Quand le roi l’entendit il se mit en colère, et y ayant envoyé ses gendarmes, il fit périr ces meurtriers-là, et il brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : Or bien, les noces sont apprêtées, mais ceux qui étaient conviés n’en étaient pas dignes. Allez donc aux carrefours des chemins, et autant que vous en trouverez, conviez-les aux noces.
Alors ses serviteurs sortirent vers les chemins, et en assemblèrent autant qu’ils en trouvèrent, tant mauvais que bons, tellement que le lieu des noces fut rempli de gens qui étaient à table. Et le roi y étant entré pour voir ceux qui étaient à table, vit là un homme qui n’était pas vêtu de la robe de noces.
Il lui dit : Compagnon, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces ? Et il eut la bouche close. Alors le roi dit à ses serviteurs, liez-le pieds et mains, et le jetez aux ténèbres de dehors ; là il y aura pleurs et grincement de dents. Car plusieurs sont appelés, mais peu sont élus.
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Leçons publiques sur la vie du seigneur Jésus
Christopher-Johannes Riggenbach
- ThéoTeX
- 5 Juillet 1905
- 9782362601347
Table des matières
Note ThéoTeX
Note de Louis Bonnet
Avant-propos du Traducteur
Préface de l'Auteur
Leçon I : Origine des quatre évangiles
Leçon II : Caractère des quatre évangiles
Leçon III : Évangile de Jean — Documents extra-bibliques
Leçon IV : Les miracles des Évangiles
Leçon V : Etat de l'humanité et d'Israël au temps de Jésus-Christ.
Leçon VI : Naissance de Jésus
Leçon VII : Enfance de Jésus
Leçon VIII : Ministère de Jean-Baptiste
Leçon IX : Généalogies de Jésus
Leçon X : La sainteté de Jésus-Christ ; son royaume
Leçon XI : Appel des premiers disciples
Leçon XII : Les noces de Cana ; la Samaritaine
Leçon XIII : L'activité de Christ en Galilée
Leçon XIV : L'action miraculeuse de Jésus sur le monde extérieur
Leçon XV : Le mode d'enseignement du Seigneur Jésus
Leçon XVI : Jésus à Jérusalem, six mois avant la passion
Leçon XVII : Jésus en route pour la Passion
Leçon XVIII : Jésus se livre à la souffrance et à la mort
Leçon XIX : La crucifixion et l'ensevelissement
Leçon XX : La résurrection de Jésus-Christ -
Table des matières
Introduction
I. Analyse et définition de la conscience morale
1. Conscience et Science
2. La perception de conscience
3. L’objet intérieur de la perception de conscience
4. Quelques exemples
5. Nature du fait perçu par la conscience morale
II. Conséquences sur les doctrines de l’homme et de Dieu
1. Conséquences pour la doctrine de l’homme
2. Conséquences pour la doctrine de Dieu
III. Révélation par la conscience, par la nature, par l’Ecriture
1. La révélation dans l’Écriture
2. La révélation par la nature.—Les deux formes de vie dans la nature
3. Importance de cet accord entre les trois révélations
Conclusion
Appréciation de M. Ernest Naville
La rencontre de Jésus avec les Grecs
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Table des matières
Avant-Propos
I. Le Bien
1. Définition du bien
2. Détermination du bien
3. Garantie du bien
II. Le Mal
1. Le mal dans la nature
2. Le mal dans l’humanité
3. La négation du mal
III. Le Problème
1. Solutions trompeuses
2. Solution incomplète
3. Caractères du mal
IV. La Solution
1. Solution proposée
2. Sources historiques de la solution
3. État primitif de l’humanité
4. Origines de l’état actuel de l’humanité
V. La Preuve
1. Nature de la preuve
2. Exposition de la preuve
3. Examen des difficultés .
VI. Le Combat de la Vie
1. Point de départ
2. Élan vers le bien
3. L’écueil
4. Le plan du combat
VII. Le Secours
1. Les aliments de l’âme
2. La prière
3. La question de la foi
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Table des matières
Introduction
I. Le Christianisme et l’âme humaine
1. Les besoins de l’âme humaine
2. L’histoire des religions
3. La réponse du christianisme
II. Le Christianisme et la science
4. Les caractères de la connaissance religieuse
5. La conception chrétienne de l’univers
6. Le surnaturel
III. Le Christianisme et l’histoire
7. La préparation du christianisme
8. Vie de Jésus
9. Le christianisme faisant ses preuves
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Table des matières
Avant-propos du Traducteur
Préface de l’Auteur
I. La Création
II. Le Paradis
III. La Chute
IV. Les Conséquences de la Chute
V. Adam et Christ
VI. Hors du Paradis
VII. Le Vieux Monde, d’Adam à Noé
VIII. Les Derniers Temps avant le Déluge
IX. La Foi de Noé et la Construction de l’Arche
X. Le Déluge
XI. L’Alliance de Dieu avec Noé
XII. Noé et ses Fils après le Déluge
XIII. La Tour de Babel
XIV. La Vocation d’Abraham
XV. Abraham Étranger dans le Pays de Canaan
XVI. Abraham et Sara en Egypte
XVII. Abraham et Lot
XVIII. Abraham Sauve Lot de la captivité
XIX. Melchisédec et son Sacerdoce
XX. La Justice de la Foi
XXI. L’Alliance de l’Eternel avec Abraham
XXII. La Naissance d’Ismaël
XXIII. Le Renouvellement de l’Alliance et la Circoncision
XXIV. L’Eternel Apparaît à Abraham sous les Chênes de Mamré
XXV. L’Intercession d’Abraham
XXVI. La Destruction de Sodome
XXVII. Isaac et Ismaël
XXVIII. Abimélec et Abraham
XXIX. Le Sacrifice d’Isaac
XXX. Le Sacrifice d’Isaac, Envisagé comme Type
XXXI. Mort et Sépulture de Sara
XXXII. L’Envoi d’Eliézer en Mésopotamie
XXXIII. Laban, Rébecca et Isaac
XXXIV. Isaac et ses Fils
XXXV. Esaü Méprise son Droit d’Aînesse
XXXVI. La Foi et la Patience d’Isaac
XXXVII. La Ruse de Jacob
XXXIII. La Douleur et la Colère d’Esaü
XXXIX. La Fuite et le Songe de Jacob
XL. L’Échelle de Jacob
XLI. Le Réveil et le Voeu de Jacob
XLII. Jacob et Laban
XLIII. Le Retour de Jacob
XLIV. La Réconciliation de Jacob et d’Esaü
XLV. La Chute de Dina et la Vengeance de ses Frères
XLVI. Le Retour de Jacob à Béthel. — Le Royaume d’Edom
XLVII. Les Songes de Joseph et la Jalousie de ses Frères
XLVIII. Joseph, Type de Jésus-Christ
XLIX. Les Épreuves de Joseph en Egypte
L. Patience et Élévation de Joseph
LI. Les Songes de Pharaon
LII. La Sévérité de Joseph envers ses Frères
LIII. Joseph se Fait Reconnaître de ses Frères
LIV. Joseph Fait Venir son Père en Egypte
LV. Jacob et les Siens en Egypte
LVI. La Prophétie de Jacob sur ses Fils
LVII. La Fidélité de Joseph envers ses Frères
LVIII. La Fin de Jacob et de Joseph. — L’Espérance des Patriarches
Notes du Traducteur -
Ce court compte-rendu du réveil évangélique qui a marqué l'histoire religieuse et sociale de l'Irlande en 1859, est fort intéressant à plus d'un titre. D'abord parce qu'écrit par un Français méfiant quant à l'origine divine des mouvements appelés réveils ; ensuite parce que ce Français s'appelle Napoléon Roussel, évangéliste bien connu en culture protestante, dont la parole se situe au-dessus de tout soupçon. Sous forme de journal, il consigne les observations et les impressions qui ont été les siennes au cours d'un bref voyage fait exprès sur les lieux.
Le lecteur en retirera la certitude qu'il s'est effectivement passé quelque chose de divin au cours de ces phénomènes, mais qu'il n'est pas toujours aisé de comprendre le mode d'action de l'Esprit de Dieu, dont les opérations mystérieuses ont néanmoins un but bien clair : sauver les âmes en les amenant à la connaissance de Jésus-Christ Rédempteur et Seigneur. -
Extrait
I - Le cercle de prières
« Il y a des conversions partout, » me disait naguère au cours de mon voyage au Pays de Galles un pasteur anglais, et c'est, à coup sûr, un des traits les plus caractéristiques et les plus réjouissants de l'heure présente que cette presque universalité d'un réveil des besoins religieux, d'un renouveau de la vie spirituelle et chrétienne. Que l'on songe aux magnifiques résultats obtenus naguère par Torrey et Alexander en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Tasmanie, au Japon, en Chine, en Ecosse, en Angleterre, en Irlande ; que l'on songe à la mission récente de Torrey et Alexander à Londres, à Sheffield, et maintenant à Toronto, en Amérique ; que l'on songe aux missions de Gipsy Smith en Angleterre, au Réveil du Pays de Galles, au mouvement religieux produit en Ecosse par une petite mission galloise sous la direction d'un journaliste, le journaliste qui a accompagné jadis Evan Roberts dans toutes ses tournées et publié le compte rendu de ses réunions et qui, de journaliste devenu revivaliste enthousiaste, a soulevé Edimbourg et Glasgow par les récits qu'il faisait de vive voix du Réveil qu'il avait raconté d'abord au jour le jour la plume à la main. Partout en Grande-Bretagne, et là même où il serait excessif de parler proprement d'un Réveil en donnant toute son ampleur à ce mot, partout on sent que les âmes s'agitent, cherchent et trouvent. Il est impossible de respirer quelque temps cette atmosphère et de se détendre du pressentiment qu'on est à la veille de quelque chose de très beau et de très grand, d'une sorte de réveil peut-être universel de la vie chrétienne sur notre planète. Je me rappelle, dans une réunion galloise, avoir été grondé, très amicalement, mais enfin grondé, parce que, dans la pauvre petite allocution que je m'étais risqué à faire, je ne m'étais pas montré assez affirmatif sur la certitude d'un Réveil en France. Un homme se leva et gourmanda ce qui lui semblait être un commencement ou un reste d'incrédulité. Ailleurs, à la fin d'une autre réunion, comme je prenais congé de l'une des demoiselles revivalistes qui accompagnaient Evan Roberts dans ses voyages, nous causions du Réveil en France, elle m'affirmait son inévitabilité ; et, comme argument décisif, au moment où je lui touchai la main, elle me jeta : « Oh ! vous aurez le Réveil en France, vous n'y échapperez pas, vous savez, Evan Roberts l'a prophétisé ; et jusqu'à présent toutes les prophéties d'Evan Roberts se sont réalisées. Il sait très bien, par exemple, quand il y aura des conversions dans une réunion. Et il le dit sans jamais se tromper. Pourquoi donc se tromperait-il en attendant le Réveil dans le monde entier ? » Mais ce ne sont pas les prophéties d'Evan Roberts seulement, tous les revivalistes anglais aussi bien que gallois, tous les missionnaires américains aussi bien qu'anglais, sont de plus en plus convaincus du caractère en quelque sorte mondial du Réveil qui n'a fait encore que débuter. -
Extrait
Préface du Traducteur
Ce volume a été écrit uniquement en vue de stimuler les âmes à la prière, en leur donnant des preuves incontestables que Dieu entend et exauce quiconque prie avec foi. L'auteur ne s'est préoccupé ni de la phrase, ni de la forme, mais simplement de la gloire de Dieu. Le traducteur a cherché à suivre son exemple.
L'ouvrage aurait pu être abrégé, et certains détails, qui paraîtront superflus aux lecteurs curieux, auraient pu être retranchés ; mais le traducteur a préféré conserver au livre son caractère propre, son originalité et sa saveur évangélique. Beaucoup de conversions, dépouillées de leurs accessoires, de ce qui les a préparées et des phases qu'elles ont parcourues, seraient devenues invraisemblables, parce qu'elles auraient perdu de leur vérité. L'essentiel, après tout, était de transporter le lecteur dans le champ du réveil et de l'y faire vivre.
On aurait pu tracer une histoire raisonnée du Réveil américain, l'exposer théoriquement, en faire saillir les points remarquables, et ne fournir qu'un choix de faits calculés pour illustrer cette histoire. Le traducteur a pensé que le simple récit de l'auteur, presque tout composé de faits et presque entièrement dépourvu de théorie, valait beaucoup mieux pour le lecteur. Voici donc les faits, avant tout. Chacun fera plus tard sa théorie, s'il y tient.
Une seconde traduction est en préparationa, et d'autres opuscules vont paraître sur la même matière. Loin d'être arrêté ou découragé par celte circonstance, le traducteur s'en réjouit grandement, appelant de tous ses vœux le jour béni où toute une littérature nouvelle viendra au secours du prochain Réveil de nos Eglises réformées de France.
L'auteur et le traducteur sont intimement convaincus, par leur propre expérience, que partout où l'on instituera des réunions de prière semblables à celles de Fulton Street (New-York) et dans le même but, on verra poindre nécessairement un réveil. Ces réveils seront toujours préservés de tous les écarts par leur tendance pratique et seront viables, parce que leur mode de sustentation est par lui-même parfaitement assuré. Quand on aura prié avec foi, on verra des fruits, et ces fruits doubleront la foi et le courage de ceux qui prient. L'essentiel, c'est donc qu'on prie, qu'on prie directement en vue de la conversion et du salut des âmes, qu'on persévère jusqu'à ce que la réponse se montre. Qui priera, vivra, et qui vivra, priera toujours plus. De nouvelles âmes viendront se joindre à celles qui prient déjà, et le réveil ne pourra que grandir et se propager.
Que l'on prenne garde seulement de conserver à la réunion de prière son caractère de sincérité et de simplicité. Qu'on évite surtout de la faire dégénérer en vain parlage ou simplement en prédication. Que l'élément didactique n'y paraisse jamais, ou du moins très incidemment. On se réunit pour prier ; rien de plus, rien de moins.
Voici la marche de la réunion de prière :
Les personnes qui ont des requêtes à faire présenter au Trône de grâce les écrivent sur un carré de papier, sans mettre aucun nom, mais en désignant l'état spirituel de la personne pour laquelle on désire la prière, ainsi que le point spécial sur lequel doit porter cette prière. Chacun dépose ces morceaux de papier sur la table de la présidence, ou les y fait parvenir par une main quelconque. A l'heure fixée, le président de la séance (laïque ou pasteur) indique un chant, lit quelques versets de la Parole de Dieu, et prononce une courte prière pour demander le Saint-Esprit, la conversion des âmes, etc., etc., et pour placer de la manière la plus solennelle les assistants sous le regard de Dieu. Mais tout ceci ne doit pas durer plus de sept ou huit minutes. Tous les exercices doivent être très courts ; la plus longue prière ne doit pas excéder cinq minutes.
Cela fait, le président lit une requête, une seule à la fois, à moins qu'il n'en trouve plusieurs qui portent presque sur le même point. Il fait bien comprendre sur quoi doit rouler la requête, afin que l'entente soit aussi parfaite que possible. Par quelques paroles, il fera, au besoin, sentir l'importance de la chose à demander, rappellera les promesses de Dieu sur ce point, et invitera l'un des assistants à prendre la parole pour prier.
La prière finie, on passe aussitôt à une autre requête. Après trois ou quatre prières, on chante un verset de cantique approprié à la circonstance ; puis on recommence.
Vers la fin de l'heure, si les requêtes écrites sont épuisées, on propose aux personnes de l'assemblée qui désirent qu'on prie pour elles de se lever, et on les présente à Dieu pour qu'il daigne les exaucer dans leurs soupirs secrets, etc…
On chante enfin, debout : Gloire au Saint-Esprit, etc., et le président licencie l'assemblée.
Que la bénédictiondu Père, du Fils et du Saint-Espritaccompagne ce volume,et le fasse concourir à la gloiredu Dieu trois fois saintet au salut des âmes !
Le traducteur. -
Extrait
Note TéoTEX
A peu près complètement oublié aujourd'hui des lecteurs évangéliques, Félix Bungener (1814-1874) a pourtant inventé en quelque sorte un nouveau genre de littérature religieuse, celui que nous pourrions qualifier d'historico-homilétique. En désignant, sous ce terme pédant, une idée astucieuse de l'auteur : se servir de l'Histoire pour exposer les formes et les buts de l'éloquence de la chaire chrétienne. Ainsi Bungener fait d'une pierre deux coups : il nous transporte à Versailles, à l'époque du grand siècle, et il nous sermonne sur ce que devrait être un sermon.
Cette innovation découverte avec plaisir par le public protestant, et même catholique, l'introduisit dans la célébrité ; pour preuve les nombreuses rééditions de son Sermon sous Louis XIV, suivi quelques années plus tard de Trois Sermons sous Louis XV. Relue aujourd'hui, l'oeuvre de Bungener témoigne par sa qualité, d'un succès non usurpé. Premièrement, du point de vue historique, Bungener est un scrupuleux, un besogneux (comme le confirme la notice biographique que nous avons placée à la n de ce volume, écrite par un de ses amis, le pasteur Jean-Pierre Gaberel). Tout son décor est emprunté à des sources authentiques, les vues sur la noblesse et le clergé d'antan sont profondes, les dialogues des personnages s'inspirent de citations réelles, des notes nombreuses nous informent de piquants détails. Deuxièmement, du point de vue de la citation, il faut reconnaître à Bungener une certaine imagination audacieuse, voire facétieuse : faire composer la fin d'un sermon du catholique Bourdaloue devant être prêché devant le roi, par le protestant Claude de Charenton, il fallait oser !
Au-delà du simple délassement procuré aux amateurs d'histoire, ce livre présente-t-il un intérêt spirituel quelconque, pour le protestantisme évangélique de notre temps ? Il est bien facile de condamner l'hypocrisie de la religion qui fleurissait à la cour du roi soleil. A l'exemple du monarque, les grands se montraient en public contes de dévotion, à la chapelle, et péchaient sans retenue en privé ; Bungener raconte cela très bien. Mais du moins arrivait-il aux prédicateurs en vue, aux Bossuet, aux Bourdaloue, aux Fe?u??, de condamner sévèrement leur conduite, en termes clairs, du haut de la chaire, ou par lettre.
Depuis longtemps, nous n'avons plus de rois.Mais, comme leurs prédécesseurs, les dirigeants qui les ont remplacés, vivent assez couramment dans l'adultère, le concubinage, la bigamie, jusqu'au mépris ouvert du mariage. Ceci ne doit pas étonner. Par contre, il est assez surprenant de ne trouver parmi les leaders de la fraction du christianisme qui se réclame du plus respectueux attachement à la Bible, aucun d'entre eux qui, convoqué au palais, ose dire au monarque la vérité de sa situation. Où sont donc nos Jean-Baptistes évangéliques ? qui face à Hérode déclarent : « Il ne t'est pas permis d'avoir cette femme ! » Où sont nos Bourdaloue, nos Bossuet ? Des courbettes, des sourires radieux devant la caméra, des poignées de main, en voici à foison ; du courage ?. . . on le cherche. Mais enn, proteste-t-on, quelle remarque absurde ! la France actuelle et celle de Louis XIV ne sauraient se comparer ; nous sommes dans un pays laïc, les évangéliques n'ont pas à porter de jugement sur les autorités civiles !
Comme les lois de la physique s'étendent à tout l'univers, les lois de la conscience s'appliquent à l'humanité entière, sans se préoccuper de distinctions artificielles ; elles ne connaissent pas l'existence d'une clause de laïcité, qui permettrait d'appeler le mal, bien et le bien,mal. A Louis XIV, qui semblait n'avoir jamais envisagé la chose sous ce jour, Bossuet était obligé d'expliquer que coucher avec la femme d'un autre, c'était être adultère. Le monarque choqué, se répétait : Adultère ! Je suis adultère. . . Croit-on qu'en supprimant le mot, nous aurons effacé la laideur morale qu'il résume ? La Révolution a supprimé les rois ; elle n'a pas nécessairement fait disparaître les courtisans, ni une certaine lâcheté courtisane particulière au clergé. Ne serait-ce que pour nous rappeler que Dieu n'a pas donné à ses enfants un Esprit de timidité, mais de force, d'amour, et de sagesse a, les sermons de Bungener valent le plaisir d'être lus.
Phoenix, le 8? octobre 2013. -
Extrait
INTRODUCTION
Le Créateur de l’univers peut-il entendre, et veut-il exaucer les voeux de ses créatures raisonnables ?
A la première partie de cette question, il suffit de répondre : « Comment Celui qui a fait l’oreille, n’entendrait-il pas ? Comment Celui qui a formé l’oeil, ne verrait-il pas a ? Cet argument est si concluant que je n’ai pas le courage d’en chercher d’autres. En effet, à moins que de prétendre que l’oreille et l’oeil de l’homme se sont formés d’eux-mêmes, ou bien de soutenir que l’oeil a été fait pour ne pas voir, l’oreille pour ne pas entendre ; à moins, dis-je, de se refuser à l’évidence, il faut bien convenir que Celui qui a formé l’oeil voit, que Celui qui a créé l’oreille entend.
Au reste, dans ces termes généraux, mon assertion sera probablement acceptée, même par ceux qui ne prient pas. Que Dieu ne soit ni sourd ni aveugle, l’incrédule lui-même en convient. Pourquoi donc tant d’hommes répugnent-ils à prier ? pourquoi sourient-ils de pitié, à la vue d’une créature parlant au Créateur ?
— N’attendez pas de réponse de leur part ; ces hommes n’oseraient vous confesser leur pensée ; mais je vais vous la dévoiler.
« Comment voulez-vous, pensent-ils, que Celui qui habite la profondeur des cieux, ce Dieu si grand, vous entende, vous écoute ; vous, si petit, jeté sur un coin ignoré de cette terre perdue dans l’espace ? Il a bien autre chose à faire ! « Il vous a créé doué de toutes les facultés nécessaires à votre existence. Depuis l’origine des temps, l’homme, comme la nature, est soumis, à des lois éternelles, et laissé à lui-même. »
Ce qui revient à dire que, d’après vous, le Créateur, relégué dans la profondeur des cieux, ne nous entend pas, parce que notre terre est trop loin ! S’il était dans un astre rapproché, ou sur la cime d’une de nos montagnes, à la bonne heure, il pourrait nous ouïr ; mais de si loin, de si haut, impossible ! — Oh! profondeur de la sagesse humaine !
Oui, au fond, c’est une question de distance ; on ne croit pas que Dieu entende une prière aux deux bouts du monde, parce que ces deux bouts sont trop distants ; et de nos jours, où l’homme a trouvé moyen de mettre en communication les deux pôles, de nos jours où il peut écouter et répondre, en un quart de seconde, à des milliers de lieues ; de nos jours où il pourrait lui-même transmettre instantanément sa pensée de la terre au soleil réunis par un fil, c’est alors que l’homme doute si Dieu possède assez d’intelligence pour s’informer, aussi bien que lui, de ce qui se passe aux deux bouts de l’univers !
Mais là n’est pas toute la difficulté, Dieu, qui peut entendre les hommes, veut-il les écouter ? Ne devons-nous pas plutôt supposer qu’il les a faits tels qu’il n’ait plus à s’en occuper ?
D’abord, remarquez que cette théorie qui prétend grandir le Créateur, le rapetisse ; elle ne lui attribue la sagesse de nous avoir pourvus d’avance de toutes les ressources nécessaires, qu’afin de lui dénier, pour plus tard, l’administration de notre monde ; il semble que l’incrédule soit fatigué, essoufflé de la peine infinie, nécessaire à Dieu, pour veiller sur les besoins journaliers de tant de millions de créatures, et alors, par pitié pour le Créateur, cet incrédule le décharge d’un fardeau qui écrase sa propre imagination ! Oui, voilà tout simplement pourquoi l’on nie la providence individuelle ; on mesure Dieu sur soi, pour ne pas dire qu’on se compare à Dieu !
Mais il y a bien d’autres objections contre cette théorie qui suppose l’homme doué, dès l’origine, de telle sorte qu’il puisse se passer de l’intervention divine. Au fond, cette doctrine n’est autre que celle de la nécessité ; avec elle, l’homme est immuable ; c’est un assemblage de chaînes et de rouages ; tout a été prévu, le nombre de tours compté ; machine admirable, sans doute, mais enfin, machine sans liberté ; donc irresponsable, et dès lors incapable d’un bonheur découlant de la moralité.
Direz-vous que la liberté de l’homme est entrée, dans le plan primitif de Dieu ? qu’elle est au nombre des facultés premières qui devaient le conduire à sa fin, sans intervention étrangère ? — C’està- dire qu’ à cette heure vous dotez l’homme de liberté ; il pourra faire ou défaire, avancer ou reculer dans la voie de sa destinée individuelle, et, par cela même, concourir à l’ordre général ou l’entraver ; mais Dieu, qui ne doit plus s’en occuper, sera contraint de le laisser faire ; il l’aura doué de forces sans se réserver d’en surveiller l’emploi ; il se sera lié les mains en donnant à l’homme des mains libres !
Je me dispense de répondre.
On m’accordera peut-être que Dieu intervient dans la direction de ce monde pour maintenir les lois générales, mais non pour influer sur les détails de notre vie.
Eh bien ! je demande où cessent les lois générales, où commencent les détails de notre vie ? quel est le point précis où se joignent l’intervention divine et l’indépendance humaine ? Le Dieu qui intervient dans la projection des mondes, au milieu de l’espace, intervient-il aussi dans les révolutions de notre globe ? dans nos guerres nationales, dans les destinées d’une cité, d’une famille, d’un individu ? et s’il s’arrête entre deux points de cette chaîne, montrez-moi donc l’anneau douteux ! C’est encore ici une affaire de mesure ; toujours la pauvreté de notre intelligence disant à Dieu : je n’aurais pu venir que jusqu’ici. . . donc tu n’as pas été plus loin !
Oui, Dieu veut intervenir dans nos destinées ; il veut écouter nos prières, et s’il en fallait encore une preuve, je me contenterais de citer cette parole : « Quel est l’homme d’entre vous, si son fils lui demande du pain, qui lui donne une pierre ? et qui, s’il lui demande un poisson, lui donne un serpent ? Si donc vous, méchants comme vous l’êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père, qui est dans les cieux, en donnera-t-il de bonnes à ceux qui les lui demandent (Matthieu.7.9). » Il nous faut donc, ou convenir que Dieu exauce la prière de sa créature, ou soutenir que nous, pères ou mères, nous valons mieux que Dieu, et que nous accorderions à nos enfants ce que lui-même nous refuse...
Je ferai remarquer toutefois que ces mots : « de bonnes choses », employés dans l’évangile selon saint Matthieu, sont remplacés dans saint Luc par ceux-ci : « son Saint-Esprit ». Oui, les choses ne sont bonnes qu’autant qu’elles sont saintes. Si donc il vous était arrivé de demander ce que vous aimez au lieu de ce qui est bon, vous ne devriez pas être surpris de n’avoir pas été toujours exaucé. Dieu a pu vous refuser fortune, science, santé, succès dont vous auriez fait mauvais usage ; mais il ne vous refusera jamais foi, charité, sainteté, dont vous ne sauriez abuser.
Mais est-ce pour prier que je présente ces Élans de mon âme au lecteur ? Non, je ne crois pas qu’on puisse véritablement prier en lisant des prières écrites par un autre et pour un autre. La prière, pour être une demande, doit être l’expression de nos propres sentiments. Dans les affaires de ce monde, personne, pour profiter d’une pétition toute faite, n’ira demander un objet différent de celui dont il a besoin ; ayons donc, pour le ciel, la sagesse que nous avons pour la terre, et prions Dieu avec notre coeur, lui exprimant nos propres désirs, dans nos propres paroles. Je le déclare : celui qui lirait ce volume entier, sans même le poser, n’aurait pas encore prié ; il aurait fait passer les voeux de mon coeur par ses lèvres ; il se serait entretenu avec moi, mais non pas avec Dieu.
Ce n’est donc pas ici un livre de prières, c’est l’histoire d’une âme. Je n’ai rien dit que je ne l’aie senti, et je l’ai dit comme je l’ai senti, dédaignant tout langage de convention. C’est ici mon histoire intérieure. Je l’écris, parce que je suppose que c’est celle de bien d’autres, et que les lecteurs chrétiens trouvent avantage et plaisir à se reconnaître chez un frère. Je dis les lecteurs chrétiens, car je n’espère guère être lu par d’autres qui sans doute ne me comprendraient pas, et que mes Élans fatigueraient. Mon Introduction est pour les incrédules, mon livre est pour les croyants.
Toutefois, si quelques frères veulent absolument voir ici des prières, je leur dirai qu’elles ont été faites pour être exaucées en ma faveur, et non pour leur servir de texte à de vaines répétitions ; en un mot, ce sont mes prières, et non pas les vôtres, lecteur.
Ce n’est pas sans motif que j’insiste sur ce point ; mais afin de vous faire bien comprendre qu’après m’avoir lu, vous n’aurez pas prié ; tout au plus y serez-vous mieux disposé, et si vous vous en teniez là, vous m’auriez fait manquer mon but. Mon but, à votre égard, c’est que vous appreniez à ne pas vous servir de mon livre pour prier.
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Au cours de sa brève vie, Gaston Frommel s'est principalement employé à sonder les rapports entre la pensée humaine et l'Évangile, autrement dit à essayer d'élaborer une philosophie véritablement chrétienne. Plusieurs jugeront d'emblée un tel projet inutile à l'Église et illusoire dans ses résultats. A ce compte, on pourrait aussi bien condamner tout effort du chrétien visant à développer une capacité inhérente à la nature humaine ; on récuserait par exemple le bien-fondé d'un art chrétien. Cependant l'existence et la persistance au sein de l'humanité du besoin de philosopher montre plutôt qu'il correspond à une aspiration qui doit un jour trouver sa satisfaction.
Pour Gaston Frommel la résolution ne se trouve qu'en Jésus-Christ parce qu'il est la Vérité, qui pénètre et s'assimile tout ce qui est humain. Ces Études de Théologie Moderne contiennent l'essentiel de son apport original de penseur. Par Théologie Moderne, il faut comprendre celle qui prend essor à partir de la Réforme, par opposition à la scolastique du Moyen-Age. Après une exposition particulièrement éclairante des mouvements philosophiques initiés par Kant, Hegel, Schleiermacher, l'auteur introduit ce qui dans son esprit fonde la différence entre Philosophie et Théologie :
La théologie suppose obligatoirement l'expérience de la conversion, parce que ses critères de vérité se trouvent dans la conscience humaine régénérée par l'Esprit Saint. Autrement dit le théologien peut comprendre le philosophe, tandis que le philosophe qui n'a jamais eu de rapport personnel avec Jésus-Christ, ne pourra jamais saisir le théologien. Pour Frommel, la théologie se rapproche plus d'une science biologique spirituelle que d'une dogmatique, et il en veut pour preuve les analogies que Christ lui-même a indiquées entre la naissance naturelle et la nouvelle naissance, entre le grain de blé et la résurrection. -
Extrait
ARGUMENT
Afin que tous les fidèles viennent à lire cette histoire plus attentivement et soigneusement, il sera bon de montrer en bref le profit qu’on en pourra recueillir.
Les auteurs profanes voulant bien louer l’histoire, ont accoutumé de dire qu’elle est maîtresse de la vie.
Or si tel titre peut convenir à un récit de quelques choses advenues, où il sera simplement remontré ce qu’il faudra fuir ou imiter par les exemples proposés :
que dirons-nous des saintes histoires, lesquelles non seulement forment et adressent la vie de l’homme par dehors, afin que par vertu elle acquière louange, mais aussi(ce qui est bien plus à apprécier) nous montrent que Dieu dès le temps jadis a eu soin de son Eglise, et qu’il a été toujours bon garent et protecteur de ceux qui ont eu recours à lui et s’y sont fiés, qu’il a été propice et bénin aux pauvres pécheurs :
et enseignant la foi, nous élèvent jusqu’au ciel ? Je laisse à dire qu’elles magnifient et célèbrent en général la providence de Dieu sur tout l’univers : qu’elles nous apprennent à connaître le vrai service de Dieu d’entre les fausses inventions des hommes : qu’elles ne manquent jamais à bien discerner entre vice et vertu.
Mais encore me veux-je déporter pour le présent de traiter les louanges qui appartiennent en commun à toutes les saintes histoires : je toucherai seulement ce que ce livre a de propre.
Saint Luc donc nous propose ici de grandes choses et fort utiles.
Premièrement, quand il raconte que le saint Esprit a été envoyé sur les apôtres, non seulement il montre que Christ a été véritable en sa promesse, mais aussi nous enseigne qu’il a les siens en grande recommandation, et qu’il sera à jamais gouverneur et protecteur de son Eglise. Car c’a été à cette fin qu’alors le saint Esprit est descendu.
Et de là nous sommes enseignés que malgré la distance des lieux Christ ne laisse point d’être toujours avec les siens, et de leur assister ainsi qu’il a promis. Puis après ici nous est décrit le commencement du règne de Christ, et par manière de dire, le renouvellement du monde.
Car combien que le Fils de Dieu avant que partir de ce monde eût déjà par sa prédication assemblé quelque Eglise : toutefois on n’a point vu l’état de l’Eglise Chrétienne bien dressé, jusques à ce que les apôtres étant d’en-haut armés de nouvelle vertu, ont annoncé ce grand Pasteur Jésus-Christ être mort et ressuscité, afin que ceux qui auparavant étaient vagabonds et errants, fussent sous sa conduite tous ensemble recueillis en une bergerie.
Il nous est donc ici expliqué quels ont été les commencements de l’Eglise depuis que Christ est monté au ciel, et par quels moyens elle a été augmentée et avancée.
Or en cela est connue tant la puissance admirable de Christ, comme la vertu et efficace de son Evangile.
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Corruption croissante de l’humanité : le déluge. Caïn et Abel
- 4 - 1Et l’homme ayant connu Eve sa femme, elle conçut et enfanta Caïn ; et elle dit : J’ai donné l’être à un homme avec l’Eternel. 2Elle enfanta encore Abel son frère ; et Abel fut berger, et Caïn était cultivateur.
3Et après un certain temps, Caïn offrit des produits de la terre en oblation à l’Eternel ; 4et Abel ayant offert, lui aussi, des premiersnés de son troupeau et de leur graisse, l’Eternel regarda Abel et son oblation ; 5et il n’avait pas regardé Caïn et son oblation. Et Caïn fut fort irrité et son visage fut abattu. 6Et l’Eternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? 7Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé ? Et si tu ne fais pas bien, le péché se tient à la porte ; son désir tend vers toi, et toi tu dois dominer sur lui.
8Et Caïn parla à Abel, son frère, et il arriva, comme ils étaient dans la campagne, que Caïn s’éleva contre Abel son frère et le tua. 9Et l’Eternel dit à Caïn ; Où est Abel, ton frère ? Et il dit : Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? 10Et il dit : Qu’as-tu fait ? J’entends le sang de ton frère qui crie à moi de la terre. 11Et maintenant tu es maudit par la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. 12Lorsque tu cultiveras la terre, elle ne te donnera plus son fruit ; tu seras errant et fugitif sur la terre. 13Et Caïn dit à l’Eternel : Ma peine est plus grande que je ne la puis supporter. 14Voici tu m’as chassé aujourd’hui de dessus la face du pays, et je serai caché de devant ta face, je serai errant et fugitif sur la terre, et il arrivera que quiconque me trouvera me tuera. 15Et l’Eternel lui dit : C’est pourquoi, si quelqu’un tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois. Et l’Eternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le frappât point. 16Et Caïn sortit de devant l’Eternel, et il habita dans le pays de Nod, à l’orient d’Eden. -
Extrait
C’est en 1870 que je fus appelé par le Synode de l’Eglise réformée neuchâteloise à occuper la chaire de Théologie systématique devenue vacante par la retraite de M. le pasteur et professeur Diacon. La Faculté dont je devenais membre après en avoir été l’élève, existait à Neuchâtel déjà depuis 1830, époque où elle avait reçu sa première organisation de l’autorité ecclésiastique du temps, la Vénérable Classe des pasteurs. Dès ses origines et malgré son caractère officiel, elle avait toujours conservé avec un soin jaloux son indépendance à l’égard des pouvoirs politiques, qu’ils s’appelassent gouvernement de la principauté ou gouvernement de la république. C’était depuis 1849 le Synode, comme autrefois la Classe, qui pourvoyait à la nomination et à l’entretien des professeurs de théologie et à la direction de l’enseignement, et cela sans aucun contrôle exercé de la part de l’Etat, lequel se contentait de porter à l’annuaire officiel les nominations faites à côté de lui et sans lui.
Quoi que d’autres en puissent penser, je persiste à dire que c’était là une situation privilégiée pour la Faculté de théologie de Neuchâtel, et que l’indépendance de l’enseignement théologique à l’égard des autorités politiques est dans tout pays, à la fois un postulat du bon sens et une des conditions indispensables d’une préparation saine et sûre des futurs serviteurs de l’Eglise.
Aussi, lorsqu’en 1873 la nouvelle loi ecclésiastique votée par le Grand Conseil du canton de Neuchâtel, conféra au gouvernement le droit de nomination des professeurs de théologie, nous sommesnous rattachés, mes collègues et moi, sans aucune hésitation, à la Faculté nouvelle créée par l’Eglise indépendante neuchâteloise à l’époque de sa propre fondation.
Le cycle de mon enseignement est trisannuel, et comprend : l’Introduction à la Théologie systématique ou Propédeutique et la Dogmatique, qui forment ensemble le programme d’une année ; l’Ethique chrétienne et la Théologie biblique, dont chacune occupe à son tour une année complète.
J’offre en ce moment au lecteur la première section de la Propédeutique ou Méthodologie, en annonçant l’intention de faire suivre d’ici à quelques mois ce premier volume d’un nouveau, contenant l’Apologétique et la Canonique, et ultérieurement d’un troisième, qui contiendra la Dogmatique proprement dite.
L’exposé de Théologie systématique que je désire, avec l’aide de Dieu, publier à intervalles aussi rapprochés que possible, sera essentiellement la rédaction condensée de mon enseignement oral. C’est dire que les élèves, nombreux déjà, qui ont passé devant moi, et dont plusieurs m’ont présenté au cours de mes leçons leurs objections ou leurs propres pensées, y ont eu une part que je n’ai garde de négliger. Comme c’est là en effet un droit reconnu aux élèves de notre Faculté, je ne saurais être démenti par personne si je dis que c’est à travers le tamisage de la libre discussion que les cours de mes collègues et les miens se font et s’achèvent.
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Théologie systématique Tome 2 ; apologétique et canonique
Augustin Gretillat
- ThéoTeX
- 1 Janvier 1905
- 9782362601224
Extrait
Avec le présent tome s’achève la série des quatre volumes de mon Exposé de Théologie systématique. Le tome I ou Méthodologie a paru en 1885 ; le tome III, contenant la première moitié de la dogmatique, en 1888, et le tome IV, en 1890. Le voyageur qui, à l’issue d’une longue marche dans une épaisse forêt, recommence à apercevoir le ciel libre à travers les arbres, pourrait fournir l’analogue de la disposition où je me suis trouvé en voyant approcher le terme de ce travail de rédaction, commencé il y a sept ans. Je ne poserai pas la plume cependant sans exprimer ma reconnaissance envers Celui qui m’a soutenu pendant l’accomplissement de cette tâche, qui m’y a fait trouver un réactif bienfaisant dans les jours d’épreuve, et me permet aujourd’hui d’offrir enfin à mes collègues et à l’Eglise un ouvrage complet.
J’ai expliqué précédemment, sans avoir réussi à convaincre tous mes critiques, les raisons qui m’avaient engagé à intervertir l’ordre naturel de la publication des deuxième, troisième et quatrième volumes. Les inconvénients de cette marche, qui m’ont été plus d’une fois signalés et que j’avais moi-même prévus, ont dès maintenant disparu ; mais si les raisons du parti que je prenais me paraissaient bonnes alors, je m’applaudis plus encore aujourd’hui de les avoir suivies. Et sans vouloir surfaire le rôle auquel cet ouvrage peut être destiné, il me sera permis de dire que si la publication de ce volume devait avoir quelque actualité, elle ne l’aurait pas eue au printemps de 1888 au même degré que dans l’automne de 1891.
L’intensité de la crise théologique et religieuse que traverse en ce moment le protestantisme français, est reconnue aussi bien de ceux qui s’en réjouissent que de ceux qui s’en affligent et s’en effraient :
« La crise que traverse actuellement notre dogmatique protestante, écrivait M. Lobstein en tête de ses Etudes critiques, publiées cette année, ne se révèle nulle part avec une plus irrésistible évidence que dans les doctrines qui ont pour objet la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ. »
« Si réellement, écrit à l’autre bord M. F. Godet, on s’accordait à reconnaître la révélation dans la personne, la vie et les enseignements du Christ, et qu’on se contentât de contester une révélation apostolique complémentaire, la situation serait grave, mais peut-être n’aurais-je pas poussé un cri d’alarme. Mais c’est l’enseignement du Seigneur lui-même qui est en cause ; son témoignage sur une foule de points tels que la divinité de sa personne, son oeuvre expiatoire, l’existence des anges bons et mauvais, son retour futur, la résurrection des corps, etc., est présenté comme ne faisant point autorité pour la conscience chrétienne. Tous ces sujets sont considérés comme appartenant à la théologie et non à la religion proprement dite dont Christ est l’initiateur ; celle-ci se réduit à la révélation de la sainteté de Dieu et de son amour pour l’humanité, ainsi qu’au devoir des hommes de s’aimer entre eux. C’est là, si je comprends bien, le point de vue de nos modernes réformateurs.»
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Table des matières
Avant-Propos
Introduction
I. Primauté de la conscience
II. Les faits ordinaires sont sous-naturels
III. Les faits surnaturels sont les seuls véritablement naturels
1. La vie de Jésus
2. Les paroles de Jésus
Conclusion
Note sur la naissance de Jésus-Christ