Figure majeure du féminisme des années 1970, icône de l'écriture et de la pensée lesbiennes, Monique Wittig reste une énigme. Tenant à la fois de l'enquête, du récit et de l'étude, ce « brouillon pour une biographie » cherche à percer son mystère et à écrire sa « vie éternelle » - sa vie vécue et celle qu'elle continue d'avoir après sa mort. Nous n'en avons pas fini avec Wittig, cela ne fait que (re)commencer.
Nous crachons sur Hegel est le livre le plus connu de Carla Lonzi, ici traduit intégralement pour la première fois. Il expose et concentre toute la pensée de cette figure emblématique du féminisme radical italien, et sera accompagné d'une postface soulignant l'inscription évidente de cette voix puissante dans la constellation des féminismes d'aujourd'hui. Le titre résume de la manière la plus irrévérencieuse la critique féministe du « projet révolutionnaire » marxiste - dont Hegel est la métonymie. Repère décisif de l'histoire du féminisme, cette pensée « à coups de marteau », à la fois en décalage avec les revendications féministes de son époque et en résonance anticipée avec les débats d'aujourd'hui, apporte des éclairages d'une étonnante fraîcheur sur des thématiques aussi diverses que le corps, les enjeux socio-politiques du désir, du sexe et de l'amour, le patriarcat en tant qu'instrument capitaliste et culturel de domination.
1. Rencontrer un autre jeune gay.
2. Tomber amoureux d'un mec.
3. Perdre. Mon. Pucelage !
Jay Collier est certain d'être une anomalie statistique. En tant que seul jeune gay de sa petite ville rurale, il doit supporter les histoires interminables de ses amis sur leurs relations hétérosexuelles.
Il se prend alors à rêver de ses premières fois en les compilant dans une liste de choses à réaliser : la to-do list de Jay.
Contre toute attente, sa famille déménage à Seattle et il va entamer sa dernière année de lycée dans un établissement où la communauté LGBTQ+ est florissante. Pour la première fois, il se sent vraiment chez lui, va pouvoir flirter avec de Très Beaux Gosses et enfin chercher l'amour.
Mais à mesure qu'il raye des éléments de sa liste, il va se retrouver tiraillé entre son coeur et ses hormones, ses anciens et ses nouveaux amis... car après tout, la vie et l'amour ne se déroulent jamais comme prévu !
Écrits sur une période s'étendant de 1968 à 1977, ces contes du grand maître moderne de la littérature turque abordent tous à leur manière, prenant leurs aises avec nos réalités quotidiennes, le thème de la peur. Celle qui nous retient, celle qui nous attire, celle qui nous plonge dans la confusion, celle qui... Une peur souvent intimement liée à l'amour. Car quelque part aux alentours de cette peur, il y a toujours l'autre, des binômes où l'on ne sait pas toujours très bien qui est la proie, qui le prédateur.
Certains contes sont légers, d'autres graves. Beaucoup font l'objet d'expérimentations stylistiques, narratives, sans jamais se départir d'un humour ludique... Et tous ces contes sont liés, comme on lie la sauce d'un bon plat, par un récit cadre racontant la séduction éminemment dangereuse, autour d'une mortelle partie d'échecs grandeur nature, d'un écrivain par son double ; ou serait-ce le contraire ?
Né à Istanbul en 1930, mort à Ankara en 1995, Bilge Karasu a étudié la philosophie à l'Université d'Istanbul, travaillé pour la radio et enseigné à l'Université d'Ankara. Il a été distingué par plusieurs prix littéraires tout au long de sa carrière, notamment pour sa traduction en turc de The Man Who Died de D. H. Lawrence, pour les nouvelles d'Au soir d'une longue journée (Empreinte, 2020) et pour son roman La Nuit (Empreinte, 2021).
Autre titre chez Kontr : La mort était en Troie, 2019.
Joan Nestle est une icône lesbienne. Née en 1940 dans une famille juive de la classe ouvrière du Bronx, elle a vécu son lesbianisme au grand jour bien avant l'émergence du mouvement pour l'égalité des droits. Féministe et antiraciste, elle s'est engagée dans de nombreuses luttes de libération. En 1973, elle a fondé les Lesbian Herstory Archives, le plus grand fonds d'archives lesbiennes au monde. Porte-parole des désirs butch/fem, Joan Nestle s'est revendiquée fem et sexuelle à une époque où cela l'exposait à de virulentes controverses. Dans ce recueil à la fois théorique, fictionnel et érotique, elle défend la mémoire lesbienne/féministe et explore les dynamiques et les attirances butch/fem.
Une passion universelle, un amour singulier.
Rien ne prédestinait Élodie et Sara à se rencontrer. À Paris, Élodie mène une vie à cent à l'heure jusqu'au jour où elle plaque tout pour trouver refuge chez sa grand-mère, dans le centre de la France. Là, elle prend ses marques, se reconnecte à elle-même et fait la rencontre de Sara, une trentenaire à la vie bien rangée sur le point de se marier.Un soir, alors que Sara n'avait jamais ressenti le moindre désir pour une femme, elle lui confie avoir envie d'elle.
Une fois, comme ça.Juste une fois pour essayer...
Au commencement, des escapades dans les champs de colza et la découverte tranquille du corps ; puis le corps vu, projeté, contraint et assigné par d'autres. Comment déconstruire l'hétéronormativité pour parvenir à être soi ?
Roman de traversée, Colza s'installe dans les interstices : entre campagne et ville, entre construction d'une identité queer et misogynie intériorisée, entre fantasmagories et amours réelles. Le corps gouine s'élabore au fil de ce périple contre les injonctions patriarcales et sexistes. Ce roman est le récit du trouble : celui de Colza, qui a trouvé la liberté de s'inventer et d'écrire sa propre histoire au-delà des normes binaires.
Queer Zones. La trilogie regroupe les trois volumes du même nom publiés entre 2000 et 2011, dont le désormais classique Queer Zones. Politique des identités et des savoirs, qui a impulsé la théorie et la politique queer en France. On y voit surgir au fil des pages la post-pornographie ainsi que des explorations politiques, théoriques et personnelles qui renouvellent le féminisme, les études de genre et la théorie du genre. S'y croisent Wittig et Foucault, Butler et Despentes, Deleuze-Guattari et Monika Treut, à l'ombre des subcultures et des subjectivités minoritaires, vivantes et dissidentes, proliférantes et militantes.
Mêlant, dans un style flamboyant, recherche et critique, chronique et polémique, Sam Bourcier construit un féminisme pro-sexe et biopolitique qui est une réflexion plus large sur les relations entre pouvoir et savoirs, corps et disciplines. Ars erotica, ars theorica, ars politica : la trilogie est l'indispensable boîte à outils de celles et ceux qui veulent sortir des cadres hétéro- et homo- normatifs, du musée de la différence sexuelle et de la binarité - en un mot, vivre et penser comme des queers.
17 ans, 19 ans : deux âges pour un roman au coeur de l'adolescence et de son intimité. Un narrateur ancré à Marseille raconte ce quotidien ponctué de l'intensité qui le caractérise : se découvrir et vivre un être, un désir et une sexualité hors des normes hétéropatriarcales, faire face à l'homophobie et au mensonge, s'habituer au secret - le sien ou celui de l'autre. Quitter l'école car elle n'a plus rien à offrir et s'installer devant la mer, essuyer l'insulte, tenter de contrer la honte par l'émancipation, cacher la maladie ou le trouble psychique, affronter la précarité et la douleur familiale : dans ce texte se construit une voix puissante et autonome qui dit combien est forte la volonté d'exister.
Ce roman écrit à la 2e personne nous installe d'emblée dans une relation à tu et à toi avec sa narratrice. Une fille d'aujourd'hui, une précaire qui conjugue vaille que vaille sa vie sexuelle avec ses amours passées-présentes, son boulot mal payé avec son goût pour la poésie lesbienne, ses envies de sobriété, tofu, légumes et kombucha, avec les shots de tequila-vodka. Dans sa coloc de Montréal, il y a une salle de bains digne de Versailles, des punaises de lit, un chat, et Octavia pour tenter d'oublier Marcela. Mènerait-elle sa barque autrement si elle n'était pas handicapée de la main droite ? Ou est-ce son enfance dans une famille trop normale qui l'amène à toujours risquer le tout pour le tout ?
Tant qu'il le faudra, c'est le phénomène de Wattpad (220 000 lectures) signé par Cordélia, l'autrice, youtubeuse, militante. Avec sa chaîne aux 18000 abonnés, elle s'est imposée comme une référence de la diversité lgbt+ en littérature. Plongez dans sa saga en 3 tomes, mettant en scène le quotidien des membres d'une association militante... Entre romance, engagement et dramaqueer. Prudence est une jeune lesbienne dans le placard qui découvre la vie parisienne...
David est un étudiant gay dont la vie tourne presque exclusivement autour de son engagement associatif et de son meilleur ami... Jade, militante féministe et anti- validisme, essaie de faire entendre sa voix sur les réseaux sociaux... Ina, déjà dans la vie active, doit jongler entre son travail, ses deux associations et ses activités d'autrice Wattpad... Ensemble et aux côtés de leurs amis, ils essaient, tant bien que mal, de s'entendre, pour publier HoMag, une revue LGBT+.
Mais entre amour, études, travail et autres réalités du quotidien, la vie n'est pas toujours simple, pour celles et ceux qui ne rentrent pas dans le moule d'une société trop formatée. Suivez leurs vies, leurs errances, leurs luttes, durant toute une année scolaire, à travers un récit choral aussi ambitieux que stimulant.
Le souvenir d'une amitié absolue et pourtant étiolée de l'enfance, le retour pour arpenter et confronter le territoire familial, l'apprentissage et l'éveil d'un corps ralenti, au dos longtemps objet médical. Trois temps racontent les recoins du placard, celui dans lequel on enferme les trans, les queers, les anormales. Ils sont écrits par la haine, la violence, la pauvreté, la prison, l'hégémonie, mais à cela y répondent l'impitoyable poésie du corps, le lien organique et sensible au sol, la mémoire locale et rurale, la tendresse et la force du devenir, le rire et la rage de se tenir debout.
Car Luz Volckmann le rappelle : "le placard nous réduit. Or, j'ai l'orgueil du peuple des géants".
Un jour, en terrasse d'un bar queer, Lucien Fradin découvre l'existence d'un carton au contenu insolite?: des dizaines de réponses à une petite annonce passée dans Gai Internationnal en 1984. Autant de façons de se présenter et de séduire, de dire sa réalité, son intimité, ses désirs. Le metteur en scène et interprète lillois a alors l'idée d'une galerie de portraits. Des gays qui parlent des gays. Il y mêlera sa propre histoire, des témoignages, des romans, des chansons, des films.
«?Ce qui m'intéresse, c'est de multiplier les sources, de convoquer suffisamment de paroles et points de vue, pour se dire : peut-être que là, ça commence à ressembler à quelque chose qui pourrait définir la communauté gay.?»
Une femme, infirmière en psychiatrie, est sur le chemin menant au quartier de son enfance et à une famille qu'elle n'a pas vue depuis des années. Dans ce qui la fait avancer, il y a l'un des espaces de sa vie, celui de la lesbianité qu'elle pense et raconte. Il y a aussi la trace de violences anciennes que d'autres voudraient indicibles. Ici, pas de confrontation, de retrouvailles ou de retour mais un roman de passage et d'insoumission dans lequel se mêlent mémoire juive, histoire familiale et violence de l'inceste. Et à la honte s'oppose alors l'outrage de la parole.
"Pédale ! ", c'est le verbe pédaler à l'impératif, une injonction faite à soi-même d'avancer pour ne pas tomber. "Pédale ! ", c'est aussi une insulte facile qui met une étiquette sur une différence montrée du doigt et moquée. "Pédale ! ", c'est maintenant un roman graphique qui aborde la difficulté de se situer dans une société où les modèles amoureux sont hétéronormés. Dans ce récit autobiographique, Ludovic Piétu aborde sa quête d'identité sexuelle avec transparence : ses questions d'enfant, ses inquiétudes d'ado, ses mensonges de jeune adulte...
Puis enfin son coming-out, ce saut dans le vide, angoissant et libérateur, où tout bascule et à partir duquel il n'aura plus à mentir... Mais où tout reste à re-construire. Vingt ans après, Ludovic Piétu revient avec un oeil amusé et bienveillant sur son parcours. A la fois personnel et universel, ce premier album d'auteur s'adresse à tous ceux qui se sont un jour sentis incompris, en décalage avec la normalité que l'on n'apprend pas à remettre en cause en premier lieu.
La sensibilité du propos est sublimée par le dessin de Jika qui adoucit la rudesse des situations et illumine ce témoignage authentique et sans filtre.
28 jours est le premier roman d´un écrivant pédé fabriqué à la fin des années 2010 au moment où il prend un traitement post-exposition VIH. Ce texte explore les sexualités pédées, la question du Sida, de la vie urbaine, du sexe, de l´assimilation des minorités dans le monde contemporain à l´ère post-sida en Occident dans un style romanesque brut, sans cesse à la limite de la poésie. 28 Jours ouvre un cycle d´écriture contemporaine et collective (L. Juniper, L. Bertrand...) portée par les éditions Terrasses en 2021.
"Cette euphorie post-orgasme, on la vole à la misère, on la nique un peu au destin. On y croit à la chance, roulette russe et balle logée dans une autre chambre. Barillet graissé, je souris comme si jamais je ne mourrais. Je ris tout seul, Paris plus belle ville du monde, je suis le plus bel humain du monde, un peu de sperme collé dans la barbe, mon talisman."
Les fêtes de fin d'année s'achèvent et les membres de HoMag vont avoir du pain sur la planche ! En effet, la soirée anniversaire approche à grands pas et va leur demander beaucoup de préparatifs. Hélas, tous n'ont pas le coeur à l'ouvrage : Harry est tiraillé entre son envie de vivre une nouvelle histoire d'amour et sa peur d'être blessé. Romane va devoir affronter une épreuve tant redoutée. Pour Min-Jae, HoMag n'est pas toujours une priorité. Léo, quant à lui, a bien du mal à se faire accepter en tant que président légitime de l'association. Entre amour, études, travail et autres réalités du quotidien, la vie n'est pas toujours simple, pour celles et ceux qui ne rentrent pas dans le moule d'une société trop formatée. Suivez leurs vies, leurs errances, leurs luttes, durant toute une année scolaire, à travers un récit choral aussi ambitieux que stimulant.
Vivek Shraya a des raisons d'avoir peur des hommes. Tout cela a commencé lorsque, enfant, on la maltraitait parce qu'elle n'était pas assez garçon; cela s'est poursuivi lorsque, adulte, on l'a punie parce qu'elle n'était pas assez femme, ou parce qu'elle en était une tout simplement. Pour Shraya, il n'y a pas d'échappatoire, que des stratégies de survie, de la performance forcée de la virilité de sa vie d'avant aux contraintes quotidiennes que lui imposent aujourd'hui sa vie de femme trans, cible de toutes les cruautés, les humiliations, les déconsidérations. Dans une écriture franche et bouleversante, elle livre un témoignage lucide sur le fil qui relie la masculinité toxique, la misogynie, l'homophobie et la transphobie.
J'ai peur des hommes, paru chez Penguin Random House en 2018, a été nommé Meilleur livre par The Globe and Mail, Bitch Magazine, Indigo, Audible, CBC, Apple, le Writers' Trust of Canada et la Brooklyn Public Library.
Les parcours de santé des personnes LGBT s'inscrivent dans des expériences et des représentations particulières. De grandes fresques marquent ainsi nos imaginaires. Celle du VIH/sida en fait évidemment partie. D'Hervé Guibert à 120 battements par minute, c'est l'image du corps maltraité, abandonné, rejeté qui ressurgit. C'est aussi l'image du corps anormal, indocile, pathologique, qui rejaillit dans de nombreux écrits et représentations cinématographiques ou télévisuelles autour des transidentités. Corps suspectés, corps niés, corps incriminés, corps négligés, corps psychiatrisés, corps abimés : et si les corps des personnes LGBTIQ devenaient aussi des corps soignés ? Des corps dont on prend soin. Des corps sur lesquels on se penche, non pour les objectifier, en faire des cas d'étude, des diagnostics, mais pour les accompagner ? À travers les questions de cancérologie, de relation au corps, de santé scolaire ou la notion du vieillir, ce livre ouvre de nouveaux horizons de santé pour les minorités de genre et de sexualité.
Ce texte traite de la question du genre, un sujet encore largement tabou mais qui a fini par s'imposer dans le débat social contemporain. Qui n'a rencontré aujourd'hui, chez ses amis, parmi ses élèves, dans sa famille, primaire ou recomposée, proche ou élargie, un jeune, remettant en cause son genre d'appartenance ? Dans le même temps, relayée par la puissance des réseaux sociaux - véritable accélérateur d'opinion - la littérature autobiographique émanant de sujets racontant leur transition de genre ne manque pas de s'exprimer au grand jour. Ce kont' réunionnais fera voyager le lecteur entre Madagascar, la banlieue lyonnaise et La Réunion des années 60, un kont' tissé dans l'entre-deux d'une culture créole et française. Ce récit permet de repenser notre culture du genre, de déboulonner le statut du Mâle, de revisiter les représentations masculines. Se donner un genre n'est pas pour autant un pousse à trans (apologie).
Travailleur du cybersexe, Jonny doit rentrer à la réserve dans une semaine pour assister aux funérailles de son beau-père. Pendant ces sept jours, Jonny se raconte : enfance, amitié, amour, sexe, alcool, maquillage, musique, fantômes, espoirs. Le fil des liens familiaux se retisse avec sa mère, sa kokum, ses tantes et oncles. Surgit tout un monde de tendresse.
« Jonny Appleseed, ce premier roman, n'est rien de moins qu'un miracle. » - Canadian Art Poète et romancier bispirituel, Joshua Whitehead est membre oji-cri/nehiyaw de la Première Nation de Peguis, au Manitoba. Jonny Appleseed est son premier roman.
« Tout le monde est femelle, et tout le monde déteste ça ». C'est par ces mots que débute le manifeste d'Andréa Long Chu, tour à tour compte-rendu de sa réassignation de genre, histoire du féminisme occidental, radiographie de la manosphère étasunienne, lecture à contre-emploi de la vulgate freudienne et réflexion sur l'Internet 2.0, pornographie de niche incluse. Au centre du texte, une conviction à même de bouleverser les fondations de notre politique des genres : être femelle tient moins de l'état de fait biologique que d'une infirmité de nature existentielle dont nous sommes tous victimes, les hommes, les femmes et tous les autres aussi.