Ce dossier de Quaderni propose de croiser différentes approches de sciences humaines et sociales sur la ville intelligente. Il a pour objectif de questionner le slogan 'smart city' utilisé non seulement par des ingénieurs des techniques numériques mais aussi par des responsables politiques, des professionnels de l'aménagement urbain et des chercheurs. Il tente de répondre à la question: « la smart city » relève-t-elle d'une « fiction » (e-democracy au-delà de e-government) au service d'une innovation technique - qui tout compte fait se limite à l'optimisation de services urbains (grâce aux capteurs, aux objets connectés et à Internet) - proposée par des entreprises privées ou faut-il plutôt l'interpréter comme une innovation majeure autorisant une gestion stratégique de la ville en cours de recomposition spatiale, sociale et économique sous l'effet conjugué de la mondialisation et de la révolution numérique ?
La revue Quaderni se propose d'explorer un champ encore en jachère : la communication et ses rapports essentiels avec les technologies et le pouvoir.
La communication est partout : dans les sciences humaines et dans celles de la nature, dans les journaux, dans la politique, dans les entreprises. Nouvelle religion. En accroissant son empire la communication doit emprunter de multiples détours idéologiques et épistémologiques. Elle n'est apparue comme valeur sociale qu'en réponse à une société éclatée, à une politique éclatée, à une science éclatée.
Mais faut-il pour autant rejeter la communication dans son ensemble, en tant qu'idéologie ? Nullement. Il s'agit de débusquer, discriminer, distinguer, entre ses usages.
Largement diffusées après des événements comme les attentats du 11-Septembre, de Paris, Nice ou Bruxelles, les théories du complot pourtant fortes anciennes mais en perpétuel renouvellement ont suscité un intérêt inédit des pouvoirs publics (page internet « On te manipule »), des journalistes (L'Express, Le Point, Diplomatie ou Historia) et des chercheurs (Science et Pseudo-science, Agone, Raison Publique, Esprit ou Diogène). Aussi hétérogènes que soit ces initiatives, toutes se sont focalisées sur quatre thématiques : 1°) La présentation des théories du complot, leurs caractéristiques, leurs fonctions et les modes d'adhésion. 2°) Les aspects relatifs à la rhétorique conspirationniste. 3°) Les liens supposés ou réels entre approche critique et théories du complot ainsi que l'utilisation de ces dernières comme une labellisation infamante. 4°) La réfutation des théories du complot.
Dès lors, ce numéro des Quaderni entend renouveler l'approche du fait social et politique que constitue le conspirationnisme en plaçant au coeur de son questionnement les liens entre complotisme, nouvelles technologies et communication numérique. Ainsi, au fil des articles seront abordées les questions du militantisme complotiste, des usages sociotechniques de l'internet et des réseaux sociaux, le rôle de la télévision et ou de l'internet dans la diffusion de théories complotistes ou la création de « paniques » conspirationnistes ainsi que la construction publique du « problème » conspirationnisme.
L'usage politique et militant des nouvelles technologies est manifeste ces dernières années dans le phénomène de « radicalisation » tout à la fois religieuse, politique et sociale, qui a touché nombre d'individus, en France et à l'étranger, et qui se caractérise par des changements dans les trajectoires biographiques des acteurs concernés. Ce numéro des Quaderni porte attention aux processus de radicalisation, notamment islamiste, opérée via les NTIC, qui conduit des segments de la population à partir « faire le jihad » ou à basculer dans la violence terroriste. Comment les NTIC construisent-elles un entre-soi qui favorise des formes de rupture avec le monde profane, ainsi que la désignation d'un ennemi et bouc-émissaire ? Est-il possible de les identifier, de caractériser leur structure narrative et de réfléchir à des programmes de « dé-radicalisation » prenant en compte les particularités des thèses complotistes liées aux formes de radicalisation islamiste ? Au-delà, l'objectif du numéro consiste à étudier les dissonances cognitives spécifiques à/aux radicalisation(s) en portant attention aux relations existantes entre les valeurs véhiculées et les procédés techniques mobilisés, ainsi qu'aux moyens mis en oeuvre par les pouvoirs publics pour y répondre.
La crise du Covid-19 a affecté de nombreux secteurs de la société, de nombreux comportements, et la manière même de gouverner. A côté des ajustements permanents pour communiquer politiquement sur la maladie, avertir, rassurer, confiner, et pour la médiatiser sans prêter le flanc aux fake news, la période a vu la résurgence de peurs ancestrales, existentielles, et de théories du complot. Cette crise sanitaire change les façons de s'informer et les façons d'enseigner, avec de nouvelles technologies pour le distanciel. Elle relance également des débats sur l'habitat le plus adapté aux pandémies, sur le poids de la parole scientifique, sur le gouvernement des conduites et les politiques de santé en temps de crise biopolitique.
La revue Quaderni se propose d'explorer un champ encore en jachère : la communication et ses rapports essentiels avec les technologies et le pouvoir.
La communication est partout :
Dans les sciences humaines et dans celles de la nature, dans les journaux, dans la politique, dans les entreprises. Nouvelle religion. En accroissant son empire la communication doit emprunter de multiples détours idéologiques et épistémologiques. Elle n'est apparue comme valeur sociale qu'en réponse à une société éclatée, à une politique éclatée, à une science éclatée.
Mais faut-il pour autant rejeter la communication dans son ensemble, en tant qu'idéologie ?
Nullement. Il s'agit de débusquer, discriminer, distinguer, entre ses usages.
Au sommaire : E. Taïeb, «Avant-propos : du biopouvoir au thanatopouvoir» ; E. Taïeb, «La peine de mort en République, un " faire mourir " souverain» ; E. Desmons, «Le pro patria mori et le mystère de l'héroïsme» ; P.-Y. Baudot, «Stabiliser l'incertitude. Les procédures juridiques républicaines de dévolution du pouvoir à l'épreuve de la mort du président Carnot (1894)» ; S. Lacombe-Rinck, «La légalisation de l'euthanasie : l'arrêt de soin peut-il être considéré comme une mort naturelle oe» ; S. Nonnis Vigilante, «Encadrer la liberté : le statut et la destination des cendres dans le projet de réforme de la législation funéraire (2005-2006)» ; P. Steiner, «La "productivisation" de la mort : mort encéphalique et transplantation d'organes». Contributions hors-thème : G. Arboit, «A nos morts. Médiatiser la mort au champ d'honneur : un enjeu mémoriel et politique» ; F. Provenzano, «La " francophonie " : définitions et usages» ; A.-B. Bili, «La télé-médecine ou la double exclusion du médecin et du patient».
Ces dernières années, les écrits sur la propagande se sont intensifiés sans que pour autant ils ne clarifient les distinctions entre propagande, désinformation, intoxication, etc. Les réflexions livrées ici questionnent en fait la supposée efficace de l'action de propagande en regard de son poids réel dans la société.