Depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, par la peinture, les artistes rejouent à leur manière les mythes de la Création, en représentant ciel, terre, mer, lumière et ténèbres. Les instantanés chatoyants des impressionnistes, les brumes fugitives des peintures de montagne et d'eau chinoises (shanshui), les mille et une vues des estampes japonaises, toutes ces oeuvres murmurent des messages faits de clarté et d'ombres. Ce langage codé trouve son origine dans ce que le xviie siècle a nommé les « ornements de la nature » : arbres, végétaux, rochers et ruisseaux.
L'ouvrage plonge le lecteur aux sources des représentations artistiques et suit les artistes dans les étapes de leur travail, de l'esquisse préparatoire jusqu'à l'oeuvre achevée. Il explore ainsi différents types de paysages et de points de vue sur la nature, du petit dessin jusqu'au gigantesque panorama, de la plaine paisible jusqu'aux volcans menaçants, de l'instant éphémère jusqu'à la vision d'éternité, de la figuration jusqu'à l'abstraction.
Les énigmes sont nombreuses : de quels lieux s'agit-il ? Quels outils utilisent les artistes ? Quel est leur rapport aux sciences de leur temps ? Que ressentent-ils face aux sites naturels ? Outre les oeuvres en elles-mêmes - célèbres ou plus inattendues?-, l'ouvrage présente des objets permettant de répondre à ces questions, par exemple des manuels pédagogiques écrits par les artistes ou des ustensiles employés en atelier ou en plein air. Tous permettent de suivre les amateurs dans leurs intérieurs où le paysage se fait décor, mais aussi les artistes durant leurs expéditions, dans leurs jardins ou plus loin.
Dans notre monde, aujourd'hui totalement métamorphosé par l'activité humaine, les thèmes du paysage et de la nature sont d'une actualité brûlante ; les oeuvres les questionnent à leur manière et démontrent, s'il le fallait, à quel point sont liés art et paysage.
La dernière grande manifestation autour de La nature morte de l'Antiquité au XXe siècle fut organisée en 1952 à Paris par Charles Sterling. Les Choses rend hommage à ce grand historien de l'art, en actualisant le point de vue et en intégrant tout ce qui a renouvelé nos perspectives, tant en histoire de l'art ancien et contemporain, qu'en littérature, poésie, philosophie, archéologie, botanique ou écologie.
Élargissant les frontières chronologiques et géographiques, l'ouvrage ouvre des fenêtres sur d'autres cultures qui ont représenté les choses en majesté. Il convoque des artistes contemporains qui s'inspirent de leurs prédécesseurs en modifiant notre regard sur le passé. Longtemps déconsidéré, le genre de la nature morte, assimilé à la trivialité de la vie quotidienne voire à la mécréance, doit être reconsidéré à la faveur de notre attachement grandissant aux choses ainsi qu'aux relations nouvelles qui s'établissent entre le vivant et le non vivant.
5 000 sites grecs, bouddhiques, ou encore islamiques... Depuis un siècle, la Délégation archéologique française en Afghanistan recense le patrimoine d'un des pays les plus instables de la planète. L'ouvrage a pour ambition de dresser un panorama de ces recherches, tout en soulignant l'importance du patrimoine archéologique, des collections muséales mais aussi du patrimoine bâti de ce pays sur lequel pèse toujours une menace latente.
La DAFA, si elle constitue le fil directeur du discours, n'en est donc pas le seul : tout au long de l'ouvrage sont évoquées l'émergence et la constitution de services patrimoniaux afghans, la diversification des champs de recherche, l'arrivée d'autres missions étrangères que françaises, les questions de conservation et de restauration des oeuvres, celle de la préservation des sites archéologiques et patrimoniaux, l'évolution de la documentation archéologique.
L'intention première est donc de retracer la découverte progressive de l'histoire ancienne de l'Afghanistan, au travers d'hommes et de femmes, archéologues, conservateurs, historiens, mais aussi ouvriers employés sur les fouilles, afghans ou étrangers. Elle est aussi de proposer aux lecteurs un voyage dans le temps et la découverte d'un pays fascinant ne serait-ce que par ses paysages.
L'ouvrage propose une découverte de l'univers créatif de Clark et Pougnaud.
Leurs photographies ont ceci de particulier qu'elles apparaissent comme de simples portraits en studio, mais ce sont en fait, des mises en scène étranges et sophistiquées dans des décors miniatures.
Ils font poser leurs modèles dans une attitude figée qui souligne l'étrangeté de la scène. Cet artifice augmente le trouble. Au fil des années, les décors se sont dépouillés pour se résumer à l'essentiel, au symbolique. Ils sont pensés comme des « fonds peints » de théâtre devant lesquels se joue une histoire ; comme un roman-photo dont on aurait extrait qu'une seule image, cherchant à stimuler l'imagination de celui qui regarde.
4 décembre 2022 : le musée du Louvre-Lens fête ses dix ans.
Suite à un concours international, c'est l'équipe de maîtrise d'oeuvre emmenée par l'agence japonaise SANAA qui fut choisie pour construire cet « autre Louvre », et répondre aux ambitions combinées du musée du Louvre et de la Région Nord-Pas de Calais, devenue depuis les Hauts-de-France : réinventer le modèle muséal en le rapprochant des publics, et faire d'un geste culturel volontariste le levier de la relance d'un territoire meurtri par la fermeture des mines de charbon.
Depuis, ce sont cinq millions de visiteurs qui l'ont découvert.
À l'occasion de cet anniversaire, l'ouvrage, dédié à l'architecture si particulière du musée, est un hommage rendu au bâtiment, au parc et à la muséographie.
Il rassemble des entretiens avec les architectes, des témoignages des grands acteurs de cette aventure muséale hors du commun, au premier rang desquels Henri Loyrette, des textes de spécialistes mettant en perspective l'apport du projet à l'histoire de l'architecture des musées ou celle des jardins ; et un texte magnifique écrit en vers, sélectionné à l'issue d'un concours public d'écriture, à l'image de la réussite profonde d'une architecture qui a pensé ici un musée ouvert, dans tous les sens du terme.
Tout en sobriété, les architectes de SANAA ont réconcilié au Louvre-Lens horizontalité et verticalité, surface et profondeur, montré et caché, histoire et géographie.
Cet ouvrage est consacré aux réalisations artistiques du premier atelier de peinture sur verre du Limousin, créé par Francis Chigot (1879-1960) au début du XXe siècle. Cette immense et exceptionnelle production de vitraux est mise en pleine lumière grâce à une sélection significative de vitraux, maquettes, cartons et esquisses de vitraux conçus à Limoges entre 1907 et 1960 ; divers documents - plaques et tirages photographiques, publicités... - ou oeuvres - émaux, pastels... - s'attachent aussi à l'éclairer.
Au fil de ce demi-siècle d'ardentes activités, quelque cinq cents édifices, monuments publics - civils et religieux - ou bâtiments privés, répartis dans diverses contrées du monde, reçurent en effet des baies de natures très variées, attestant le rayonnement et la notoriété de cet atelier qu'anima Francis Chigot, brillant coloriste et industriel entreprenant. Cette personnalité à la fois majeure et méconnue dans le domaine du vitrail sut s'entourer de cartonniers et collaborateurs, qui méritent eux-aussi de sortir de l'ombre tant il ont tenu une place essentielle dans l'évolution de l'art du vitrail au cours de la première moitié du XXe siècle.
Les oeuvres présentées sont déployées selon une logique chrono-thématique, en suivant la biographie de Francis Chigot et l'essor de son atelier, avec quelques détours afin de mettre en exergue certains aspects plus singuliers.
Si plusieurs ouvrages ont déjà traité de l'importance de l'impressionnisme français pour la peinture, les rapports entre ces peintres venus des États-Unis pour étudier l'art français et leur rôle dans la découverte de Courbet par les collectionneurs et mécènes américains n'y était pas clairement évoqué. Il restait à l'expliquer. C'est précisément le but de ce livre.
À l'origine de cette aventure américaine, il y eut le marchand d'art parisien, Paul Durand Ruel. Au début des années 1870, il décida, avec le soutien de la peintre, originaire de Philadelphie, Mary Cassatt, de «?... révolutionner ce pays de milliardaires?» et d'y faire entrer, entre autres, les plus belles oeuvres impressionnistes et les meilleures toiles de Courbet, dont beaucoup font, aujourd'hui encore, la gloire des grands musées américains et de prestigieuses collections privées. Flavie Durand-Ruel, historienne de l'art, descendante de l'illustre galeriste, et Mary Morton, conservatrice à la National Gallery de Washington, spécialiste de Mary Cassatt, nous rappellent le rôle essentiel de ces deux découvreurs de la jeune peinture française.
Il fallait évoquer les connivences du peintre James Abott McNeill Whisler avec Courbet et les impressionnistes. Whisler fit son apprentissage au plus près de Courbet et tous deux partagèrent une passion commune pour Joanna Hifferman, la belle irlandaise qui posa pour eux. Isabelle Enaud-Lechien, maître de conférences à l'Université de Lille, auteur d'une thèse de doctorat sur Whisler, nous explique ici l'émulation qui le lia à Courbet.
Enfin, l'intérêt pour cette peinture moderne provoqua chez beaucoup d'artistes américains l'envie de venir étudier en France et bientôt le voyage vers Paris se fit de manière presque obligée, comme autrefois l'on faisait le Voyage d'Italie. Ils s'installèrent auprès de maîtres, Gauguin à Pont-Aven ou Monet à Giverny. Puis ils rentrèrent chez eux et transmirent à leur tour ce qu'ils avaient appris mais en créant un courant plus personnel aux résonances nationales dont l'impressionnisme américain devait naître. Emily C. Burns, enseignante à l'Université d'Auburn en Alabama et professeur invitée à l'Université d'Oxford comme spécialiste de cet exode artistique, en retrace pour nous l'histoire.
En complément de l'ouvrage scientifique Les Choses, cet album reprend les grandes thématiques de l'exposition et en présente ses principaux chefs-d'oeuvre. Il permet ainsi une exploration succincte du genre de la nature morte depuis la Préhistoire.
Longtemps déconsidéré, le genre de la nature morte, assimilé à la trivialité de la vie quotidienne voire à la mécréance, doit être reconsidéré à la faveur de notre attachement grandissant aux choses ainsi qu'aux relations nouvelles qui s'établissent entre le vivant et le non vivant.
Longtemps considéré comme le parent pauvre de la création contemporaine, la peinture est actuellement un médium choisi et revendiqué par nombre de jeunes artistes qui en renouvellent l'attrait.
Dans les dernières décennies, alors que peu de centres d'art, de FRAC ou de musées lui consacraient leurs cimaises, quelques institutions - parmi lesquelles le MASC des Sables d'Olonne, le musée des Beaux-Arts de Dole et le musée Estrine de Saint-Rémy-de-Provence figurent en bonne place - ont su défendre des peintres de différentes générations. Au sein des écoles des Beaux-Arts, qui pendant longtemps n'ont eu que peu de peintres dans leurs corps professoraux, c'est grâce à quelques « outsiders » que cet art continue à être enseigné. Autour de ces artistes, tels Denis Laget à Saint-Étienne, Jean-Michel Alberola, Philippe Cognée, François Boisrond et Nina Childress à Paris, Laurent Proux à Toulouse, Marc Desgrandchamps à Lyon ou Jean François Maurige, François Perrodin et Guillaume Pinard à Rennes, de nouvelles générations viennent de nouveau enrichir le langage pictural.
L'ouvrage met en lumière ces pratiques, qui revendiquent une nouvelle peinture d'histoire ou tissent des liens avec la littérature ou l'histoire de l'art, autour du travail d'une trentaine de peintres nés dans les années 1980.
Leurs oeuvres, fraîchement réalisées et choisies par la commissaire directement dans le secret de l'atelier, portent la marque de la « physicalité » de la peinture, medium qui implique bien entendu une « cosa mentale » mais aussi une présence physique, tributaire d'éléments intrinsèques (tels que les dimensions, le support, la matière ou les couleurs de l'oeuvre) mais aussi de facteurs extérieurs qui déterminent ses conditions de présentation sur la cimaise et son rapport à l'espace environnant.
« Un jour, vint un homme qui affirma : «Je ne veux pas peindre des anges, parce que je n'en ai jamais vu.» C'était Courbet. Il préférait représenter deux jeunes filles étendues sur les berges de la Seine. Il emmena ses modèles en plein air et les peignit.
[...] Courbet a tourné une page et lancé la peinture vers cette nouvelle direction qu'elle suivit pendant des années. » Dans ce témoignage, Pablo Picasso attribue à Gustave Courbet la paternité de l'art moderne et du mouvement qui aurait radicalement bouleversé les codes de la représentation, de l'impressionnisme jusqu'au cubisme et ses suites. Cette place majeure interroge, tant Courbet reste une figure peu étudiée du Panthéon personnel de Picasso.
Pourtant, le jeune peintre catalan découvre tôt la peinture du maître d'Ornans, dès son arrivée à Paris en octobre 1900, à l'occasion de l'Exposition centennale de l'art français. Courbet s'immisce par la suite chez Picasso doublement, à la fin des années 40, par la réinterprétation des Demoiselles des bords de la Seine, ainsi que par l'achat pour sa collection personnelle de l'étonnante Tête de chamois, bête à cornes rappelant le bestiaire picassien.
Les liens entre ces deux figures révolutionnaires de l'art apparaissent étroits et féconds. Courbet et Picasso se rejoignent, en particulier dans leur rapport au passé comme source de la modernité, dans leur sensibilité à leur temps et leur engagement politique, ou encore dans leur trajectoire. Cette rencontre inédite vise, au-delà de la filiation réelle entre ces deux créateurs, indépendants d'esprit, à mettre en lumière ce compagnonnage.
S'appuyant sur les collections de référence dans le domaine de l'histoire des sciences et des techniques du musée des Arts et Métiers (Paris), l'ouvrage questionne le futur de la voiture et l'existence d'une nouvelle révolution automobile.
Depuis les années 1950, les véhicules automobiles ont considérablement évolué, du point de vue de la motorisation, des outils d'aide à la conduite ou encore de la production. Mais qui peut dire avec certitude ce que sera la voiture du futur ? Le moteur électrique s'imposera-t-il ? Les véhicules seront-ils tous autonomes ? La voiture permettra-t-elle d'aller aussi bien sur les routes que dans les airs ? Quels seront les défis que les constructeurs, les pouvoirs publics et les citoyens devront relever pour transformer le modèle actuel ?
L'occasion est donnée aux lecteurs de jeter un coup d'oeil dans le rétroviseur de l'histoire automobile et de découvrir des objets et documents permettant d'esquisser les premières pistes de la voiture de demain. Le livre nous invite également à nous interroger sur les rapports que nous entretenons avec la voiture et offre quelques clés de lecture pour saisir les enjeux d'une telle question.
L'ambition de cet ouvrage est d'aborder le rôle clé des biens culturels dans la construction d'une identité par et pour des communautés en temps de conflit. Pourquoi et comment des citoyens décident de créer des collections en temps de guerre, des collections déracinées dont la valeur symbolique d'unité nationale et de résistance égale la valeur artistique ?
Il explore ainsi l'histoire unique de trois collections singulières : celle du Museo Internacional de la Resistencia Salvador Allende de Santiago au Chili ; Ars Aevi, la collection du musée d'Art contemporain de Sarajevo ; et la plus récente, celle du musée national d'Art moderne et contemporain de Palestine, dont la collection reste en dépôt à l'Institut du monde arabe à Paris en attendant son transfert éventuel en Palestine.
Trois collections, trois récits, trois cas d'étude sur trois continents : l'origine et la diffusion de ces collections ont été fondamentalement des actes de résistance, de solidarité et d'espoir face au chaos et à la violence que chacun de ces territoires a traversé ou continue de vivre. En 1972, Salvador Allende ouvre un musée de la Solidarité qui sera démantelé et pillé par Pinochet après son coup d'État en 1973, précipitant dès lors l'exil massif des artistes. À Sarajevo, la guerre civile et les atrocités de quatre années de siège de 1992 à 1996 provoquent la mort de plus de 13 000 personnes, mais une résistance culturelle forte s'organise, à la fois dans la ville bombardée et internationalement. Enfin, la situation politique, culturelle et économique complexe de la Palestine dont le gouvernement, l'autorité nationale palestinienne, est initié en 1992, sera évoquée par la volonté de son ambassade en France de créer un fonds d'oeuvres pour ses citoyens.
Son nom n'est pas aussi connu que ceux de Jr, Banksy ou Invader, mais Gérard Zlotykamien dit Zloty, artiste plasticien français né en1940, est pourtant le précurseur au monde de ce mouvement artistique qu'est l'art urbain. Premier artiste à intervenir dans la rue en toute illégalité, il a tracé ses premiers « Éphémères », silhouettes évanescentes, entre masques et fantômes, en 1963 et n'a jamais plus cessé de peindre sur des murs ou des encombrants (matelas, porte, vitre, valises...). Ces figures témoignent de la bêtise humaine : tragédies européennes et asiatiques de la Seconde Guerre mondiale, terrorisme, catastrophes climatiques, etc.
Avec cette première monographie, retraçant plus de soixante années de création, on découvre l'influence, l'importance et la cohérence du travail de Gérard Zlotykamien. Un travail qui n'a de cesse de nous rappeler l'existence interrompue de peuples innocents et plus globalement l'éphémérité de l'existence humaine.
Le musée de Cluny vient de conduire le plus important chantier de rénovation de son parcours muséographique depuis les années cinquante. À la suite de sa réouverture au public, son équipe scientifique fait retour sur les idées et les principes qui gouvernent cette métamorphose, au service d'une collection de référence dans le domaine de l'art médiéval. Dans une démarche inédite, à travers ce livre en trois parties, elle propose de révéler et d'expliquer au lecteur la façon dont elle a renouvelé son regard sur les oeuvres, repensé leur rapport au cadre architectural du musée et construit un nouveau discours.
La première partie énonce les orientations générales du projet, entre accessibilité, logique chronologique du parcours de visite ou dialogue des différentes techniques et échelles. La deuxième décrit les conséquences de ces choix sur le traitement des bâtiments antiques et médiévaux du site, mais aussi les principaux aspects esthétiques de la nouvelle muséographie. La troisième présente, dans l'ordre de la visite, les vingt-et-une salles du musée sous l'angle des principes qui sous-tendent leur aménagement. Ici, le lecteur est invité à se faire visiteur, et à aller expérimenter comment s'incarnent ces idées dans chaque salle. Ces vingt-et-un petits chapitres accueillent quelque soixante-dix focus sur l'actualité des oeuvres pendant les années de travaux : acquisitions, restaurations spectaculaires, nouvelles attributions constituent autant de manières de prendre le pouls d'une collection qui demeure, plus que jamais, vivante et évolutive.
C'est la fabrique du musée que l'on touche ici du doigt, dans ses concepts et dans sa matérialité, avant d'aller la contempler dans la nouvelle clarté des thermes et de l'hôtel gothique de Cluny.
Le Louvre est un lieu fondamental pour la compréhension de l'oeuvre de Pablo Picasso (1881-1973). Depuis sa toute première visite en 1900 jusqu'à l'exposition de ses propres oeuvres dans la Grande Galerie en 1971, le musée occupe une place à part dans l'imaginaire de l'artiste. Il intervient dans sa conception même de l'art, et d'innombrables créations de Picasso découlent de dessins, gravures, peintures, sculptures ou objets d'art conservés au Louvre.
Selon les époques, Picasso a pu compter, au sein du musée, sur la confiance et le soutien de profonds admirateurs, mais il a aussi dû composer avec de puissants détracteurs. À bien des égards, la relation entre le Louvre et celui qui lui destina sa collection d'oeuvres anciennes et modernes fait penser à une passionnante suite de rencontres au sommet, émaillée de quelques rendez-vous manqués.
L'ouvrage met en lumière les liens forts qu'ont tissés l'artiste catalan et le célèbre musée parisien au fil du xxe siècle et se propose de suivre Picasso dans ses pérégrinations à travers les collections du Louvre. Outre des confrontations d'oeuvres d'art, il fait la part belle aux documents d'archives évoquant les salles du musée que fréquenta Picasso et la place tenue par le Louvre dans la documentation personnelle de l'artiste et, plus largement, dans son imaginaire.
Le propos du peintre Silvère Jarrosson (né à Paris en 1993), qui fut danseur à l'Opéra national de Paris, est ici de faire naître un univers abstrait immersif et évocateur, en repoussant les limites de ce qu'il est convenu d'appeler la danse, et en faisant appel à la force évocatrice des mouvements les plus inattendus.
D'abord danseur à l'École de danse de l'Opéra national de Paris, Silvère Jarrosson se voit obligé de mettre fin à sa carrière de danseur en 2011 suite à une blessure. Tout en démarrant alors un cursus universitaire en biologie, il commence à peindre. Depuis, l'artiste conçoit son travail pictural telle une chorégraphie et retranscrit les liens entre les mouvements de la peinture, du corps et de la nature à travers ses toiles : « Il existe un lien entre danse et biologie, entre mouvement dansé et mouvement physiologique [...]. Je voudrais l'exprimer en peinture », confie-t-il.
L'oeuvre qui va suivre, présentée en mars 2023 à Colmar, a été conçue dans le droit fil de ses créations pour la scénographie du spectacle Danser Shubert au XXIe siècle monté en 2021 par l'Opéra national du Rhin, en les complétant de nouvelles oeuvres grand format créées spécifiquement pour le musée Unterlinden. Cette installation monumentale et immersive invitera les visiteurs à une déambulation, pour un voyage entre danse et peinture. Par sa capacité à se déplacer dans l'espace, elle accompagnera les danseurs de la compagnie du Ballet de l'Opéra national du Rhin dans un ensemble de pièces et de performances.
Jean Painlevé (1902-1989), cinéaste précurseur en matière de vulgarisation scientifique, a acquis sa plus grande notoriété dans le domaine de la biologie marine et des techniques cinématographiques. Caractérisés par le souci de l'exactitude descriptive de ses sujets, ses courts-métrages rendent compte de son désir profond de partager l'émerveillement qui surgit face aux mouvements naturels de la faune aquatique. Son oeuvre des années 1920-1930 est identifiée par les avant-gardes et le mouvement surréaliste ; ses formes organiques et mystérieuses nourrissent la puissante imaginaire de l'époque.
L'ouvrage couvre une période de plus de cinquante années de travail (1925 à 1982) et propose une analyse minutieuse de l'oeuvre. Entre les films montés en vue de leur diffusion auprès d'un public large et les films de commande purement scientifiques, le lecteur sera immergé dans l'univers fascinant et atypique de cet auteur indépendant, engagé, dans la création par l'image en mouvement.
Fils d'immigrés juifs, Élie Kagan (1928-1999) fait partie des enfants cachés de la Seconde Guerre mondiale. Il se sédentarise ensuite dans le 10e arrondissement de Paris. Devenu photo-reporter indépendant, il fixe sur la pellicule meetings, manifestations, événements culturels, réunions et rassemblements politiques. Il saisit le massacre des Algériens survenu à Paris après la manifestation organisée par le FLN, dans la nuit du 17 octobre 1961. Sa production constitue une archive historique et visuelle, essentielle pour l'étude de la vie politique, intellectuelle et culturelle française de 1960 aux années 1990.
L'ouvrage revient sur les différentes interprétations du parcours du photographe, en s'attachant à la réception de son travail.
Élie Kagan ne se réduit pas à la figure de photo-reporter engagé, ni à celle d'un militant, que viendraient investir des revendications mémorielles. De nombreux autres aspects de sa production photographique sont encore mal connus. Témoin de son temps, il aime flâner dans Paris, dont il capte les transformations urbaines et sociologiques, ses petits métiers et ses passantes.
C'est un rapport existentiel à la photographie qui se donne alors à voir : une façon de vivre, au jour le jour, porté par les rencontres, les accrocs ou les surprises du quotidien...
Associé au mouvement de la Figuration libre, Hervé Di Rosa est du groupe d'artistes qui, au début des années 1980, défraient l'actualité artistique en France. Comme Robert Combas, François Boisrond et Rémi Blanchard, il peint des tableaux dont la brutalité et l'apparente naïveté contrastent avec le dogmatisme dans lequel se sont enfermés les mouvements artistiques depuis plusieurs décennies. Comme eux, il ne peint que dans un seul but : le plaisir de raconter des histoires, de créer des personnages et de les mettre en scène, en dehors de toute visée théorique.
Rétrospectivement, peu nombreux sont ceux qui ont vu - ou voulu voir - une peinture inspirée d'une culture à large spectre, d'un goût classique insoupçonné, inscrit et nourri d'une dimension beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord.
Probablement moins nombreux encore sont ceux qui ont su déceler chez Di Rosa un intérêt pour les techniques de la peinture, une passion et une curiosité qu'il faut comprendre dans une vaste palette de pratiques qui le fascinent durablement, dépassent la seule peinture et deviennent le moteur de sa motivation.
Parce que le rapprochement de ses oeuvres avec celles du passé ne saute pas immédiatement aux yeux tant ses créations sont actuelles, le propos de cet ouvrage s'impose alors. Par la démarche qui est la sienne, celle d'un artiste libre qui nous invite depuis longtemps à un déplacement du regard, de notre regard, Hervé Di Rosa ouvre le domaine respectable de l'histoire de l'art à d'autres horizons et déroule un fil d'Ariane pour nous aider à ne pas nous égarer dans la production des images.
L'enjeu de cet ouvrage est de mieux faire comprendre et apprécier le rôle de premier plan joué par Dehua dans l'histoire la céramique, non seulement en Chine, mais dans le monde entier. Situé dans l'actuelle province côtière du Fujian, ce célèbre centre de production s'est développé au fil des siècles, s'appuyant sur des savoir-faire élaborés dès le néolithique parmi les communautés locales de potiers. Réunies au sein de villages claniques et de familles, elles ont su tirer parti de l'excellence des matériaux disponibles - en particulier l'argile blanche de la région - et se transmettre leurs secrets de fabrication. Dehua est ainsi surtout connu en Occident pour le « Blanc de Chine », apprécié et collectionné en Europe depuis le xviie siècle, diffusé ensuite et imité dans le monde entier. Mais il s'agit là d'une appellation incontrôlée. Il est donc nécessaire de juger sur pièces, de préciser les conditions techniques et le contexte historique de cette production particulière. Et, entre autres, de la mettre en regard des « bleu et blanc » au décor peint sous couverte, qui furent aussi abondamment produits à Dehua et diffusés.
C'est ce que permet la remarquable sélection opérée pour ce catalogue à partir de la collection réunie par Su Qinghe. Elle est aussi l'occasion de rendre un juste hommage à cette personnalité majeure qui joua un rôle essentiel de passeur entre la tradition héritée de ses maîtres et la création d'aujourd'hui. Tout à la fois artiste, chef d'atelier, ingénieur, collectionneur, historien de l'art, ce personnage aux talents multiples et au savoir encyclopédique n'eut de cesse de revivifier la tradition de sa ville natale.
Attentif à la diversité et à la qualité des productions locales, il sut très tôt envisager les possibilités d'un renouveau de la production et de proposer des innovations.
Les expositions de duo de grands artistes aux rapprochements forcés sont devenus des poncifs ces dernières années. Dans cet ouvrage, il s'agit au contraire de montrer comment Francis Picabia copiait des reproductions de dessins dans les ouvrages sur Ingres. On sait qu'il empruntait aux cartes postales, aux dessins d'ingénieur, aux revues érotiques et aux pages roses du petit Larousse, de même qu'à Ingres, sans avoir trouvé précisément les livres qu'il consultait.
Les années 1922-1923 sont marquées dans le milieu de l'avant-garde parisienne par un engouement pour la « probité du dessin » à la manière d'Ingres. En guise de provocation dadaïste, Picabia expose aux salons de ces deux années trois grands tableaux peints au ripolin et tirant plus vers l'affiche publicitaire que vers les beaux-arts. Il était établi que les figures de La Nuit espagnole et Feuille de vigne sont empruntées à Ingres, mais la source exacte n'avait pas été identifiée. Le troisième Dresseur d'animaux est une charge contre André Breton qui cherche à ce moment-là à arracher les dadaïstes à l'influence de Picabia pour les regrouper auprès de lui. Le propos du catalogue est de confronter ces trois tableaux aux modèles qui leur ont servi de base, de même que pour une grande partie des projets de couverture de Littérature.
Partagé entre son admiration pour Picabia et sa volonté d'étendre son hégémonie sur les dadaïstes, André Breton demande à Picabia de lui dessiner une série de couvertures pour la publication. L'artiste lui en livre 26, dont 8 furent publiées. C'est dans les ouvrages reproduisant en grand format les dessins d'Ingres d'Henry Lapauze et d'Édouard Gatteaux que Picabia fait son miel en copiant les figures, pour les reproduire parfois à l'identique ou au contraire en les combinant et les adaptant à ses projets de couverture.
En 2018, le galeriste et expert Johann Naldi découvre chez des particuliers une malle dans laquelle sont conservées 17 oeuvres du mouvement des Arts incohérents, groupe d'artistes anticonformistes actifs à Paris entre 1882 et 1893. Leurs expositions détonantes, bousculant les règles établies, rencontrèrent un succès critique et populaire considérable et ouvrirent la voie aux avant-gardes du XXe siècle, dadaïsme et surréalisme en tête.
Parmi les oeuvres retrouvées, le premier monochrome et le premier ready-made de l'histoire de l'art que les historiens pensaient perdus à jamais. Classées Trésor National par le ministère de la Culture en mai 2021, ces pièces d'une importance patrimoniale majeure constituent les seuls témoins d'un mouvement dont toutes les productions - mille environ - ont disparu. En 1992, le musée d'Orsay leur avait d'ailleurs consacré une exposition sans oeuvre !
À partir des oeuvres retrouvées, les auteurs proposent une nouvelle lecture d'un mouvement longtemps relayé au rang d'art mineur et s'attachent à porter un regard neuf sur une production résolument inclassable.
Admiré par Marcel Duchamp et André Breton notamment, le mouvement des Arts incohérents retrouve aujourd'hui sa place dans la grande histoire de l'art.
Marinette Cueco, née en 1934 à Argentat, veuve du peintre et écrivain Henri Cueco, est connue pour ses créations à partir du végétal et du minéral. S'initiant d'abord, à partir de 1960, à la tapisserie et au tissage, elle entreprend peu à peu, de tisser des herbes, ce qui devient à partir des années 1970 son unique activité artistique. En 1986, elle est exposée au musée d'Art moderne de la ville de Paris, premier signe de reconnaissance.
De ses longs moments de cueillette, notamment en Corrèze, elle tire sa matière première. Cette activité devient la base de son travail : elle ramasse, plante et récolte les végétaux les plus variés dans un rapport étroit avec la nature. Marinette Cueco utilise toutes les parties des plantes cueillies (graines, pétales, feuilles, tiges, épluchures...) pour les agencer en de minutieuses et fascinantes compositions. Elle scrute la nature pour mieux la mettre en forme, la transformer : elle noue, tresse, lie, entrelace et festonne. En conjuguant la texture, le rythme et la couleur, l'artiste fait de la nature le lieu et le matériau de ses interventions.
Sous ses gestes simples surgissent des concrétions minérales et des formes végétales qui témoignent d'une connaissance fine de la botanique, des techniques d'herborisation, de l'assemblage de certaines espèces végétales qui ne sont pas choisies au hasard. Les herbiers par exemple sont la preuve d'une maîtrise du séchage des feuilles et d'un art de la composition remarquable, qui sont le fruit de plusieurs décennies de recherches et d'expériences. Il lui arrive aussi de lier minéral et végétal en enserrant des pierres dans des vêtements végétaux, mêlant ainsi la fragilité et le côté éphémère des fibres séchées et l'éternité des pierres.
L'artiste vit actuellement à Paris où elle continue son activité dans son atelier, en retissant sans cesse cette relation profonde nouée avec la nature depuis son enfance. Ses oeuvres sont autant de microcosmes où le regard peut se perdre, et l'âme se régénérer.