Pour lutter contre le caractère encore profondément inégalitaire de l'enseignement supérieur en France, il convient peut-être d'abord de s'attaquer à l'auto-censure : c'est contre la représentation que les jeunes ont d'eux-mêmes qu'il faut se battre en les incitant à élargir leurs horizons. Mais il convient aussi d'exiger des grandes écoles comme des universités qu'elles n'accueillent pas les étudiants sur le seul critère de l'excellence scolaire, afin de reconnaitre aussi l'excellence humaine. Ce sont ces deux textes récents et engagés qu'AOC a voulu réunir (en un volume tête- bêche) pour en faire l'un de ses « Imprimés ».
La gauche a un problème d'adresse. Il ne s'agit pas tant de regretter qu'elle se montre malhabile que de constater qu'elle se trompe souvent de destinataires. Plus qu'à susciter la confiance de ses partisans d'aujourd'hui, elle s'ingénie alternativement à obtenir la reconnaissance de leurs adversaires et à invoquer les mânes de leurs ancêtres. Pour s'arracher à la mélancolie, elle gagnerait à mieux s'occuper des siens.
Ce sont ces trois textes qu'AOC a voulu réunir en un volume pour en faire l'un de ses "Imprimés" .
A trois reprises ce printemps 2021, l'institution judiciaire fut contestée de façon véhémente pour son laxisme. À la suite de verdicts, ou lors de manifestations de policiers, on a vu émerger l'idée que chacun pourrait négocier un espace d'exception au droit commun pour son propre compte. Comme si la justice, et la République, étaient affaire d'opinion. La nouveauté, ou la gravité, de la séquence, c'est que les champs politique, étatique et nombre de médias épousèrent ces contestations : ils en furent à bien des égards les porte-voix.
Ce sont ces trois textes qu'AOC a voulu réunir en un volume pour en faire l'un de ses « Imprimés ».
« Une armée d'arbres identiques, comme tirés d'un seul moule et répliqués à l'infini. Cette réplication du même individu augmente en vous le sentiment de votre propre unicité. Sur les troncs, en contre- jour, vous découvrez le fourmillement de la couleur qui s'impose à toute surface. (On vous en avait tant parlé. C'est elle que vous étiez venu chercher.) Un bleu qui vous caresse. Un bleu qui vous pénètre. (Réaction magique de la cyanosynthèse.) L'écorce elle-même dégouline de couleur bleue. » Nous sommes en 3620, une équipe de scientifiques se réunit dans le but de préserver la « zone bleue » de l'afflux touristique qu'elle suscite. Pourtant, quelques siècles plus tôt, après la mise au jour de cette forêt située aux confins des Vosges et de la Lorraine, des morts et des pathologies inexpliquées étaient apparues parmi les visiteurs. Les autochtones parlent du mythe d'un soleil mort enfoui profondément sous terre. L'état de la recherche, malgré la découverte du fait que la Zone se trouve au-dessus de déchets radioactifs, patine. On ne connaît toujours pas le dessein des éventuels fondateurs. À moins que la jeune lauréate du concours de nouvelles du Laboratoire de science-fiction organisé en 2052 ne détienne la clé ? Les deux nouvelles d'Aram Kebabdjian sont à lire tête-bêche, et même en miroir, par-delà le dessin de Stéfane Perraud.