Ce volume présente 4 pièces inédites de Philippe Minyana, qui évoquent la ruralité :
- Maisons rouges.
- Frères et soeurs.
- Accident.
- Nuit.
C'est à Sochaux, cité industrielle, que se nouent tragiquement les destins des six personnages de Chambres.
Chacun à son tour essaie désespérément de retrouver le détail fatal qui l'a fait basculer, perdre pied. Ces détails apparemment anodins révèlent des personnages émouvants d'intensité et de vérité. Inventaires dans une vie bien remplie de trois femmes. Peut-être une sorte de jeu où il faudrait raconter sa vie ; dans ce jeu radiophonique ou télévisé, il faut tout dire, tout avouer, donner des détails. Jacqueline, Angèle et Barbara ont accepté la règle et s'exposent en public, un peu obscènes peut-être, mais si sincères qu'elles sont bouleversantes.
Anne-Laure raconte. La ferme de granit en Haute-Loire, les champs, les prés, et puis le souvenir de ce "dos", le dos d'André qui l'a bouleversée un matin. Jusqu'à ce qu'il se mette à changer, grossir, maigrir, loucher. Plus le même homme, ce Dédé... Ces trois textes de Philippe Minyana sont devenus aujourd'hui des classiques contemporains joués de très nombreuses fois. L'auteur saisit ici la parole brute de marginaux mis à l'écart de la société.
Son écriture de l'intime s'intercale alors dans ces fragments disloqués et restitue le langage des acteurs de ce théâtre de la vie.
Ma Mama a vécu pas mal de tragédies. Dans mon pays on aime les tragédies Elle a eu trois fils Les deux premiers sont morts Le Papa a dit : «Maintenant on fait une fille» Et c'est moi qui me suis pointé J'étais garçon et j'ai fait la fille Et Betty me disait: « Ma chérie fais ça ma chérie fais ci » Mes cheveux étaient longs ma voix était haute mon âme était Femme Portrait de Raoul, est le récit d'une identité en mouvement entre le féminin et le masculin, entre la France et le Salvador. L'acteur Raul Fernandez y évoque les figures du passé qui ont marqué sa vie, en rendant hommage au monde de la scène.
Dans Babette, une femme retrouve sa fille disparue lorsqu'elle était enfant. Il leur faut alors recréer des liens coupés trop tôt.
Ces deux textes s'articulent autour de la notion d'une identité à reconstruire après avoir vécu le déracinement, voulu, ou imposé.
Deux comédies de Philippe Minyana, sur la famille et la figure maternelle. Les fables théâtrales qu'il propose, à mi-chemin entre carnage et farcerie, explorent différentes facettes du lien familial. Avec douceur et truculence.
«J'ai toujours aimé la peinture médiévale. Diptyque, triptyque, quadriptyque: la réalité y est découpée, cadrée, stylisée. Les vignettes signalent une destinée, une légende, une allégorie. Sont privilégiées les phases principales, les acmés. Et, toujours, dans l'une des vignettes, dans un lit, une accouchée, un mort, un saint. Autour du lit, des figures rassemblées, au-delà, frondaisons. Ce dispositif est très présent dans mon travail. Une femme, en neuf vignettes met en scène le parcours d'Élisabeth. Il pourrait s'intituler: "les chagrins d'Elisabeth" ou bien "Élisabeth et les siens" ou bien encore "Élisabeth et la condition humaine". De chambre en chambre, elle va au chevet de ses proches jusqu'à sa propre disparition. Entre carnage et farcerie, la fable propose les différentes facettes du lien qu'elle entretient avec sa famille, ses proches et sa "suivante". Cette femme, au bord du gouffre, encerclée par fleuve et forêt, qui est affolée, terrifiée, va fuir le purgatoire où elle était descendue.» (P. M.)
Les Rêves de Margaret laissent une petite ouvrière franchir le seuil de sa vie intérieure. Dans Sous les arbres Philippe Minyana nous invite dans un temps mi-contemporain mi-moyenâgeux où la violence physique suit celle des mots. Et dans la pièce qui porte le titre annonciateur De l'amour, nous rencontrons des envies de meurtre.
La galerie des glaces imaginée par Philippe Minyana, est un labyrinthe mythique et fabuleux, et la violence est le corollaire de la misère. Les chansons populaires font résonner une langue vernaculaire et la forêt prend son rôle à coeur en pénétrant dans la maison.
Pour certains, la vie s'arrête comme une machine qui tombe en panne. Cette inquiétante étrangeté qui est à l'oeuvre, cette atmosphère de fin du monde nous emmène jusqu'aux confins de la civilisation.
Philippe Minyana a reçu en 2010 le Prix du Théâtre de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.
Pierre Notte interroge Judith Magre sur son jeu, ses passions, tire le suc de cette vie d'artiste, extraordinaire et accessible. Elle répond à la mitraille, puis se braque, avant d'excaver des anecdotes. Magre a côtoyé Aragon, Beauvoir, Sartre, Giacometti, Putman... Elle leur a survécu et exsude, incrédule, l'amère fierté des survivantes. Peu à peu, le dialogue construit le portrait en mosaïque d'une femme libre, spontanée, et qui s'amuse à entretenir une autodérision corrosive.
Habitations se présente comme un triptyque oú respectivement, un commercial, une actrice et un narrateur donnent corps à trois actions : il vend, elle joue, il raconte.
De trois " endroits " du discours naissent trois existences, trois fictions oú la prise de parole laisse apparaître les fêlures, les dérapages de l'incroyable souffrance humaine.
Pièces est le roman d'une fin de vie. qui est tac ? comment en est-il arrivé là ? l'histoire du vieil homme spolié nous est contée sous tous les angles et par tous les moyens : du moment du scandale (le moment oú il est expulsé de chez lui) à celui de sa chute (il en perd la raison).
Encore une fois, philippe minyana, avec une immense pudeur et un humour nourri d'effroi, explore les limites du théâtral et du représentable.
Cri et Ga cherchent la paix est une fable sur le périple de deux amis partis en quête d'un lieu où avoir l'âme en paix. Ensemble, ils boivent, fument, chantent, pleurent, pètent : la parole de Philippe Minyana respire comme un corps. Entre effets fabuleux et chansonnettes, cette épopée nous fait tour à tour rencontrer un chat crucifié, une vache morte et des femmes à barbe. Des animaux non répertoriés s'entre-dévorent. Comme dans une odyssée, chaque tableau nous fait découvrir un décor peu rassurant et pourtant familier. 100 donne une vision kaléidoscopique en cent fragments d'une ville du Nord. Et 6 photos dépeint de façon intime un génocide, d'après des photos de Gilles Peress.
À travers ses textes, qui donnent à entendre autant de voix singulières, Philippe Minyana interroge la forme théâtrale elle-même. Il a reçu en 2010 le prix du Théâtre de l'Académie française. Il a écrit plus de trente-cinq pièces, ainsi que des livrets d'opéra et des pièces radiophoniques.
huit histoires tragiquement banales, huit faits divers qui racontent comment les pères trahissent les fils, les amis meurent, les femmes fuient.
huit individus dont la vie a basculé tentent de recomposer leur
mémoire à partir de photos et de textes fragmentaires. tous, figures brisées d'un monde moderne, luttent dans l'urgence de leurs mots pour
casser le silence. alors, seulement, ils pourront se reconstruire, tenir debout. " bréviaire des vaincus " ou inventaire des dysfonctionnements, drames brefs (2) illustre la formule de cioran : " nous avons tout perdu en naissant.
".
Les mouvements sont lents, les pas ne sont pas pressés. On se rend auprès de quelqu'un, on visite un site plus ou moins connu. Il y a des moments où tout se confond et devient la même chose. Le portrait des êtres devient la description de paysages, l'un évoque l'autre, les personnages sont devenus indissociables du paysage.
Philippe Minyana nous donne avec ses textes une image précise de certains paysages français. Paysages humains, bien sûr. Dans Voilà c'est le regard pas tendre - mais pas froid non plus - sur quelques personnages qui se retrouvent chez la vieille amie Betty. C'est à la campagne que cela se passe. On s'embrasse, on demande des nouvelles, on rit, on rit si fort qu'on se met à tousser. On n'a pas changé et pourtant un peu. C'est des refrains et ritournelles du temps qui passe. Certes, il n' ya pas d'image exacte ou objective. Pourtant, ce qui est frappant, c'est le degré d'authenticité que Philippe Minyana atteint en mettant ses pas en dehors des grandes villes. Il redécouvre dans ses textes les racines provinciales de chacun de nous ; mesure l'énorme distance entre les métropoles et la vie dans les petites bourgades où l'aujourd'hui est la présence du passé, l'existence dans le passé. Il est un étonnant paysagiste des temps modernes.
Enfant du haut pays de Montbéliard, la campagne au coeur, la maison de l'enfance comme habitation imaginaire, Philippe Minyana est aujourd'hui l'un des auteurs de théâtre français les plus joués, les plus lus. Une figure, comme on dit. Une figure qui au fil de ces entretiens se livre et se dévoile, tisse avec émotion et une déroutante sincérité les fils de sa vie et de son écriture.
Observer l'humain à la loupe, disséquer ses travers, révéler ses faiblesses, et finalement se réconcilier, voici le projet de Philippe Minyana. Par petites touches, racontant des visites dans des maisons peuplées d'amis, d'inconnus ou de parentèles, l'auteur peint l'Histoire de Roberta. Une petite épopée, une croisade intime pour l'évocation d'une vie. De la campagne réparatrice au local syndical, en passant par les drames familiaux, l'auteur dresse des histoires d'existences en les observant à cinq distances différentes grâce au jaillissement jouissif de sa langue. Hésitant entre interrogation et exclamation, il lance un retentissant Ça va. Une nouvelle trajectoire dans l'ceuvre d'un écrivain est marquante. Avec ces deux textes forts, toujours empreints d'un rythme musical et d'une tendresse vigilante pour l'être, Minyana surprend, fascine et séduit.
" voix dans les larmes, sanglots brefs ; se tordre de rire, être au bord du rire ; être en apnée, respirer bruyamment, se jeter au sol, se plier en deux, faire des grimaces, grogner, couiner, ouvrir les fenêtres, fermer les persiennes, agoniser, culpabiliser, ressasser, attendre, tuer.
Dans les chambres, une fois encore, est expié l'inouï forfait d'être en vie. " (p. m. ) avec cette première série de drames brefs - formes vives, proches de la nouvelle - philippe minyana inaugure une façon d'écrire pour le théâtre qui réconcilie le sublime et le grotesque et nous entraîne à l'intérieur des " labyrinthes intimes de l'humain ".
Fin d'été à Baccarat ou fin de partie dans une pension de famille d'une ville d'eau rouillée de la campagne vosgienne.
Vacances au rabais pour des personnages en bout de trajet et vides de tout projet.
Dialogues acides et involontairement grinçants ; gloussements de rires étouffés au bord du vide ou de la mort - rencontres ratées - petits assassinats sans y toucher...
Philippe Minyana rit dans un coin de tableau avec humour, tendresse, dans une prose éclatée et serrée, pour notre plus grande joie.
Quatrième de couverture Suite 1, Suite 2, Suite 3 : trois textes distincts et indépendants, mais trois univers proches et une seule atmosphère. Lecteurs et acteurs retrouveront l'écriture précise de Philippe Minyana et ses thèmes récurrents : des maisons refuges, la mort partout présente, une apparente banalité des dialogues, un langage dépouillé presque primitif.
Grâce à un changement de focale, Minyana observe à nouveau l'humanité à trois distances différentes. Ces femmes et ces hommes sont des figures bercées de paradoxes, entre la peur de communiquer et son intense besoin.
Avec une théâtralité éclatante et des trouvailles stylistiques surprenantes, ces Suites interrogent notre rapport au réel et à l'intime. Par là, elles deviennent essentielles.
Engoncés dans Le Couloir, pièce principale, véritable centre névralgique et sensible de la maison, le frère et les soeurs reçoivent l'Intrus. Ce frère devenu étranger par des années de silence sort de prison. Joie, méfiance, défiance : la parole a du mal à se libérer. Ressurgissent le drame originel, les erreurs de chacun, les figures du passé et les parents morts. Mais la distance installée par la séparation est rédhibitoire. Plus rien n'est comme avant. L'Intrus tombe dans la mélancolie. Il se coupe la main. Cherchant l'économie des mots et dégageant la racine du dialogue, Philippe Minyana atteint la quintessence du drame.