Dans un monologue en trois parties (L'amour adolescent, Pourquoi ça coule pas ? et Je souffle dans l'éternité que je t'aime), la narratrice aborde les sentiments et leur assèchement dans les larmes et les mots.
La première partie dépeint le souvenir d'un amour adolescent, envoûtant et profond. Un accident lors d'une soirée brise cette relation, ne laissant alors que souvenirs et regrets.
Dans la deuxième partie, la narratrice raconte sa relation avec Monsieur C, son voisin, auprès de qui elle se prostitue. Un jour, alors qu'elle entre chez lui, elle l'observe pleurer, discrètement. Dégoûtée par cette manifestation intime, elle développe toute une réflexion sur l'assèchement des larmes mis en relation avec l'ailleurs, ces régions où la pluie ne coule plus.
La dernière partie est la réaffirmation et l'acceptation de l'amour dans toute sa gravité qu'éprouve la narratrice. Elle raconte les peines traversées dans l'absence d'expérience sensible de cet amour.
Enfanter un monstre, ou du moins tel que la société normative vous le renvoie, découvrir la monstruosité présumée de son enfant, vivre avec cela, accepter ou subir ses reproches de l'avoir mis au monde... Milène Tournier développe une tragédie humaine, qui n'est jamais que la métaphore de la vie de tout un chacun dans une époque de l'arase- ment des différences et de l'altérité. Malgré tout, malgré la violence des mots et des situations, et comme la ten- dresse qui subsiste dans cette famille, le monde survivra au passage de cet être, poursuivant son trajet inexorable.
Grâce à la densité de son texte, au rythme de son écriture, on ressent le roulis de cette partition musicale et poé- tique qui mêle mère et mer, père et perd(re), fils et fils qu'on tente de dénouer, choeur (monstrueux) et coeur (mal de).
DISTRIBUTION : deux femmes, deux hommes, un choeur.
GENRE : poème dramatique, drame intime.