L'art brut n'est donc pas "l'art des fous". À côté des créations associés aux asiles psychiatriques -étudiées dès les années 1920 par le docteur Hans Prinzhorn -et l'art médiumnique, se rangent celles de "l'homme du commun" selon Dubuffet - celui qui est en dehors des circuits artistiques.
Hier confidentiel, aujourd'hui consacré, instituionnalisé et médiatisé, l'art brut a une histoire et la réalité qu'il recouvre échappe à son inventeur et théoricien. D'autres appellations ont vu peu à peu le jour, correspondant à la démarche de nouveaux amateurs et à leur souci de baliser le territoire (hors normes, singuliers, outsider, habitant-paysagiste ...). Outre l'ouverture à de nouveaux champs de prospection, l'interaction avec l'art contemporain, dans une perspective de décloisonnement et d'élargissement, est une mise à l'épreuve de la notion d'art brut.
Les créations de "l'art brut" sont davantage des énigmes que des productions qui se laisseraient facilement appréhender par notre conceptualité. Aloïse, Wöfli, Darger, Walla, Zinelli, Traylor, Sawada nous fascinent, nous touchent, nous éprouvent sans que nous puissions établir un rapport formel entre eux. L'enjeu est ailleurs. C'est dans le grand créateur d'art brut, le hors norme, le marginal, que nous voyons l'homme accompli et victorieux. Cet "Autre" de la culture ne réalise-t-il pas les possibilités les plus hautes de l'homme, l'héroïque construction de soi, son humanisation, finalement la fin véritable qu'est la culture ?
« Les sept artistes [Anémone de Blicquy, Dado, Richard Greaves par Mario Del Curto, Louis Pons, Judith Scott, Ronan-Jim Sévellec, Davor Vrankic] réunis [.] sont des familiers de l'inconnu et de l'étrange. Leurs oeuvres sont dans l'entremonde, là où se célèbrent les noces de l'art et de la folie, de la vie et de la mort. » Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition « Connivences secrètes » à l'espace Topographie de l'art, Paris 3e qui s'est déroulée du 4 février au 15 avril 2012.
Catalogue d'une exposition présentée à la Halle Saint-Pierre, Paris, en 2000
Plasticienne, installationniste, photographe, vidéaste, styliste, Alba d'Urbano, artiste italienne vivant à Leipzig, déploie depuis les années 1980 une oeuvre dont les réalisations communiquent par capillarité.
Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition Alba d'Urbano Topographie de l'art (15 rue de Thorigny - Paris 75003) du 8 septembre au 4 novembre 2012
Pendant presque un an, Stéphane Blanquet déploie son imaginaire tentaculaire dans la totalité de l'espace de la Halle Saint-Pierre, temple parisien de l'art brut et de l'art outsider : une carte blanche qui est également pour lui l'occasion d'inviter des artistes avec qui il partage le même goût pour notre "humanité souterraine" . L'enjeu : affirmer la vitalité de ces expressions artistiques individuelles et autonomes qui rompent avec les conventions et les codes dominants et renversent les valeurs établies du "beau" et du "laid" , du "bon" et du "mauvais" goût.
Dessinateur, plasticien, metteur en scène, réalisateur, Stéphane Blanquet est considéré comme l'une des figures majeures de la scène artistique underground. Par un foisonnement d'images, de formes et de sons depuis la fin des années 1980 à travers des oeuvres d'art, des installations, des spectacles vivants et scénographies, par l'édition indépendante, l'art urbain, mais aussi le cinéma d'animation, ou encore la musique...
Stéphane Blanquet choque, provoque, trouble, aime créer le malaise en manipulant nos frustrations et ses propres obsessions. Son univers torturé, angoissé est peuplé d'hommes, de femmes et d'enfants que nous voyons habités par le démon de la perversité. Mais cette tension entre innocence et cruauté, entre jubilation sexuelle et pulsion de mort n'est pas désespérance sans issue. Blanquet fait la peau au refoulé, ressuscite la chair, les corps délivrés de la culpabilité et de la peur de mourir.
L'artiste enrichit son travail en explorant avec passion les technologies et techniques les plus variées, des plus traditionnelles aux plus avant-gardistes : dessin à la plume, lithographie, tapisserie numérique, outils informatiques... Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la Halle Saint-Pierre, Paris, du 5 septembre 2020 au 30 juillet 2021.