Marcher dans les pas d'un artiste accompli, grand amoureux de la vie, qui tisse un lien entre sa relation à la nature, les chemins de son existence et la condition humaine.
« [Les] arbres écorchés sont pour moi de même nature que les êtres humains écorchés eux aussi que je dessine. Ils disent quelque chose de notre rapport au temps, de son extrême complexité, de sa légèreté...», confie Edmond Baudoin dans Livres Hebdo. Quand il écrit sur la marche, l'auteur et dessinateur tisse un lien délicat entre la nature et son parcours de vie. Avec une sensibilité emplie de finesse, ce grand adepte de l'autobiographie, mentor de la jeune génération de créateurs BD, prend ici la plume pour livrer un texte somptueux. Il raconte ses marches dans les contreforts des Alpes du sud et parle aussi de ses peurs, de ses flirts avec la mort face à des dangers rencontrés en montagne et aux quatre coins du monde. Si la marche dans la nature n'est en effet pas sans risque, c'est finalement celle en ville et la confrontation avec d'autres destins humains qui peut se révéler la plus fatale. La comparaison entre les deux milieux s'avère alors riche de sens.
Avec sa plume splendide et chaleureuse, l'auteur nous parle aussi des humains tels qu'il les voit s'agiter sur cette planète, «comme des canards qui courent encore alors qu'on leur a coupé la tête ». Il dépeint un monde incertain, mélancolique par instants mais surtout regorgeant d'inattendu, de désirs, de rêves et de tendresse.
A l'aube de ses 80 ans, le dessinateur Edmond Baudoin se lance dans la réalisation de ce livre qu'il porte en lui depuis longtemps. Le titre est sans équivoque : Fleurs de cimetière. Une longue et ambitieuse autobiographie qui se déroule au fil de pages composites, denses, où l'évocation des moments passés se mêle aux commentaires rétrospectifs, aux citations d'écrivains admirés ou aux portraits de l'artiste réalisés par des proches.
Edmond raconte son père, sa mère, le temps de l'enfance, passée à dessiner aux côtés de Piero, son frère admiré. Remontant le fil des années, il évoque une existence vorace de liberté, qui n'obéit qu'à une seule boussole, le dessin, la peinture, l'écriture. L'auteur déplie ses contradictions, expose ses relations familiales et tente de disséquer, incertain, son rapport aux femmes. Vaste ouvrage à la narration audacieuse, Fleurs de cimetière semble suivre les courbes de la mémoire et ses mystères.
Les époques, les personnages se côtoient au grès de pages-collages foisonnantes. Comme si Edmond souhaitait pouvoir tout réagencer une dernière fois. Car dès les premières pages, l'artiste prévient : j'écris sur quelqu'un qui va mourir inabouti.
Au début des années soixante, Edmond Baudoin est appelé pour faire son service militaire, il est incorporé chez les hussards à Orléans. Même si la fin de la guerre est proche, l'armée française continue ses opérations en Algérie. Il sait qu'il devra tôt ou tard partir pour combattre, mais la feuille de route pour le départ n'arrivera jamais. Alors que ces camarades sont déjà sur place, il apprend qu'il n'ira pas, ses supérieurs ayant décidé de mettre à contribution ses qualités exceptionnelles de tireur d'élite dans des concours.
J'ai été sniper retrace les souvenirs de l'auteur là où l'on ne l'attendait pas, lui qui préfère vraisemblablement ses pinceaux aux fusils.
Couma Acò est paru chez Futuropolis en 1991 et a obtenu l'Alph'Art du meilleur album en 1992. Dans ce livre, son premier à être ouvertement autobiographique, Baudoin met en forme les souvenirs relatifs à son grand-père, un homme de la terre qui ne parlait pas beaucoup, une figure qui l'a énormément marqué dans son enfance.
Couma Acò se situe chronologiquement entre Le Portrait et Éloge de la poussière.
« C'est un arbre qui a comme des mains au bout. Des mains qui offrent. C'est un des arbres les plus vieux de la planète. » L'arbre décrit ici par Baudoin, c'est l'araucaria, un arbre originaire du Chili, pays qu'il va découvrir un mois durant, en 2003.
Invité par la bibliothèque de l'institut franco-chilien, il est là pour donner des cours de dessin, et pourtant, il découvre et apprend autant qu'il enseigne. Dans les pages de ce carnet, on le retrouve en voyageur insatiable, curieux de tout, des paysages et des autres. Il est avide de mieux connaître ce pays encore meurtri par les terribles années de la dictature de Pinochet, lui qui avait tant cru à la promesse du socialisme chilien et pleuré Allende. De Santiago à Valparaiso, Baudoin garde aussi trace de ses rencontres chiliennes avec les étudiants, les indiens mapuche, ou d'anciens dissidents du régime militaire, autant d'amitiés qui l'aident à comprendre le Chili, pays de Pablo Neruda, ce poète qui lui est si cher et qu'il avait pu rencontrer des années auparavant.
Edmond Baudoin a la curiosité des ailleurs - proches et lointains -, il a le désir des rencontres et du partage. Il va au-devant des femmes et des hommes jetés sur les routes, fuyant guerres et misères, il lit sur les visages la fatigue et l'espoir, et dessine noir sur blanc, d'un trait puissant, la vie qui résiste.
Au gré de ses ouvrages - plus d'une centaine à ce jour -, il interroge le monde, va à son chevet, lui porte secours, le dorlote avec une immense tendresse et inocule à ses histoires dessinées ses convictions : fraternité, liberté. « Naître, c'est s'engager » affirme-t-il. Refuser d'agir est « une insulte à la vie » clame-t-il.
Alors, pour notre collection, sur les traces d'un Jack London épris de justice, l'autodidacte évoque la chance, son frère, l'art, le portrait, la danse, les arbres... en se moquant des frontières et afin de dompter les embuches.
Pendant sept ans, Baudoin assiste à des répétitions de danse. Fasciné par l'énergie vivante des danseurs, il dessine des heures durant, tentant de restituer l'expérience sensorielle qui se joue devant lui. L'artiste peint les corps en mouvement et, entre poésie et émotion, nous raconte une manière d'être au monde.
Originellement paru dans la prestigieuse collection « 30-40 » de Futuropolis, Le Portrait est longtemps resté épuisé.
Cette réédition, dotée d'une nouvelle couverture, vient trouver tout logiquement sa place aux côtés des travaux ultérieurs de Baudoin. Parabole magistrale sur le thème de l'artiste et du modèle, Le Portrait est un des chef-d'oeuvre de Baudoin, un classique de la bande dessinée.
L'Espignole est le nom de la rivière de Baudoin, dans son pays, vers le Chemin de Saint-Jean. Baudoin rend hommage à sa manière à ce cours d'eau qui l'a vu grandir. Ce petit livre est donc un complément au Chemin de Saint-Jean, pour continuer à y rêver un peu.
Mai 2017, Edmond Baudoin part une nouvelle fois à Pékin, il va à la rencontre de jeunes artistes chinois. Il plonge dans autre univers mais les interrogations sont universelles. Le fracas du monde qui continue sa course folle se télescope avec sa vie personnelle et le deuil : la mère de ses fils vient de disparaître...
En résidence à Grenoble au printemps 2021, Edmond Baudoin a réalisé les portraits des gens qu'il rencontrait en leur demandant d'écrire quelques lignes sur leur rapport à la ville et à la montagne. Du migrant au vieux résistant du Vercors en passant par les artistes et les lycéens, Baudoin trace un portrait étonnant et plein d'humanité du melting pot de la capitale des Alpes.
Mat est un garçon solitaire . Pour échapper à une existence triste, à un père raciste qui le rejette et ne cesse de lui raconter des souvenirs insoutenables de la guerre d' Algérie, il trouve refuge dans ses rêves. Sa rencontre avec Elodie, petite fille en pleurs, va le sortir de sa souffrance et lui permettre d' affronter enfin son père.
Second recueil issu de la collaboration japonaise de Baudoin avec la revue Morning (Kodansha), Salade niçoise est une sorte de florilège plutôt noir autour de la ville de Nice, sa jetée, ses banlieues, ses laissés pour compte et ses espoirs. Toute la compassion et l'exaspération du regard de Baudoin sur notre monde.
Là, sur la plage, la petite fille ne dort pas, elle ne rêve pas, elle a rêvé. Devant, dans un bleu très bleu, la Méditerranée se souvient.Baudoin est né à Nice, sur les rives de la Méditerranée. Bouleversé par le drame de ceux qui la traversent dans l'espoir d'une vie meilleure, il prend ses pinceaux et, dans un contraste poignant, raconte la beauté de la mer et l'horreur de ses noyés.
Réflexions de l'auteur sur la vie et le monde, et surtout la difficulté à y communiquer. A travers, bien entendu, l'amour. Baudoin sait comme personne représenter ce à quoi notre "terra incognita" ressemble désormais.
L'héroïque aventure du grand-père de Baudoin s'apparente à une épopée. Mousse, baleinier, naufragé, puis chercheur d'or, chasseur de bison. le petit Niçois parti très jeune sillonner les mers du monde a même rencontré les mythiques Buffalo Bill et Sitting Bull. Peut-être a-t-il aussi participé au massacre des « Peaux-Rouges »...
Baudoin raconte l'histoire de cette légende familiale et sa propre découverte des Indiens, à la rencontre d'un peuple qui le fascine et l'inspire.
Le nouveau livre d'Edmond Baudoin est un événement. Sa rencontre avec le livre Travesti du roumain Mircea Cartarescu lui a permis de renouveler son approche de la bande dessinée autobiographique. Travesti s'inscrit en effet dans ce genre : Cartarescu y raconte une jeunesse tourmentée, à la limite de la schizophrénie. Mais Baudoin n'effectue pas une simple adaptation de ce texte, il se l'accapare comme matière première. S'il livre sa propre lecture du livre, c'est pour mieux s'y projeter lui-même. Il alterne donc la retranscription du roman Travesti, avec ses rencontres de l'écrivain Mircea Cartarescu qui s'était lui-même transposé dans Victor, le personnage de son roman. On a donc ici une sorte d'autobiographie au deuxième degré, où les obsessions de Cartarescu résonnent étrangement avec celles de Baudoin : sexe, folie et angoisse sont les ingrédients de cette expérience inédite de transfusion hallucinatoire entre un écrivain et un auteur de bandes dessinées.
Bayou propose de grandes histoires en bandes dessinées lisibles par tous. Les livres font la part belle à l'aquarelle, à la peinture et aux techniques de couleurs qui changent un peu. Cette collection offre aux auteurs un espace
d'une centaine de pages, pour qu'ils se sentent à l'aise. Qu'ils puissent s'embarquer dans de longs récits et s'amuser avec les couleurs, et que le plaisir de la création libre se retrouve à la lecture.
Un peintre et son modèle, un voyageur en quête de soi et du sens de la vie, un rêveur perdu dans ses souvenirs, sur le quai d'une gare. Trois récits, trois facettes d'une trilogie de l'intime et d'une oeuvre qui, progressivement, s'ouvre à la couleur. Du huis clos de l'atelier du peintre aux quais d'une gare balayés par le vent, Edmond Baudoin nous entraîne avec lui, au gré d'une réfl exion libre et poétique, sur ce que créer, aimer et vivre veulent dire. Une écriture singulière, qui entre en écho avec un graphisme sans concession, tout en vibrations. Auteur et illustrateur du noir et blanc jusque dans les années 2000, c'est avec Les Yeux dans le mur, publié dans la collection « Aire Libre » en 2003 qu'Edmond Baudoin s'essaie à la couleur directe, technique qu'il reprendra pour Le Chant des baleines et Les Essuie-Glaces réunis dans cette Intégrale.
Ce volume reprend six livres publiés par Edmond Baudoin chez Futuropolis(le vrai, l'unique) : Les Sentiers Cimentés (1981), Passe le temps (1982), LaPeau du Lézard (1983), Un Flip coca (1984), Un Rubis sur les Lèvres (1986) etLe Premier Voyage (1987). Avec Le Portrait et Couma Aco, c'est la totalité des
livres publiés par Baudoin seul chez Futuropolis qui se trouve de nouveau disponibleà L'Association. On pourra suivre le début du parcours de Baudoin, progressantà chaque livre grâce à un éditeur qui croyait en lui, et explorant commebien peu avant lui en bandes dessinées les relations humaines, le temps qui passe, ou un chemin abîmé par l'homme.