«"Avec l'arrivée de Neal a commencé cette partie de ma vie qu'on pourrait appeler ma vie sur la route. [...] Neal, c'est le type idéal, pour la route, parce que lui, il y est né, sur la route..."
Neal Cassady, chauffard génial, prophète gigolo à la bisexualité triomphale, pique-assiette inspiré et vagabond mystique, est assurément la plus grande rencontre de Jack Kerouac, avec Allen Ginsberg et William Burroughs, autres compagnons d'équipées qui apparaissent ici sous leurs vrais noms.
La virée, dans sa bande originale : un long ruban de papier, analogue à celui de la route, sur lequel l'auteur a crépité son texte sans s'arrêter, page unique, paragraphe unique.
Aujourd'hui, voici qu'on peut lire ces chants de l'innocence et de l'expérience à la fois, dans leurs accents libertaires et leur lyrisme vibrant ; aujourd'hui on peut entendre dans ses pulsations d'origine, le verbe de Kerouac, avec ses syncopes et ses envolées, long comme une phrase de sax ténor dans le noir.
Telle est la route, fête mobile, traversées incessantes de la nuit américaine, célébration de l'éphémère.
"Quand tout le monde sera mort", a écrit Ginsberg, "le roman sera publié dans toute sa folie."
Dont acte.»
Josée Kamoun
"Sans bourse délier, je quittai Los Angeles sur le coup de midi, caché dans un train de marchandises, par une belle journée de la fin septembre 1955. Étendu sur une plate-forme roulante, mon sac sous la nuque, les genoux croisés haut, je me laissai absorber par la contemplation des nuages tandis que le convoi roulait vers le nord. L'omnibus qui m'emportait me permettrait d'arriver avant la nuit à Santa Barbara où je me proposais de dormir sur la plage. Le lendemain matin, un autre omnibus m'emmènerait jusqu'à San Luis Obispo, ou bien le rapide de marchandises me déposerait à San Francisco à sept heures du soir."
Ce grand oeuvre poétique composé de 252 chorus, écrit à Mexico en 1955, nourri de marijuana et d'élans mystiques, est bien celui d'un jazzpoet passionné de blues et initié dès 1952 au bouddhisme par Allen Ginsberg. D'une extrême liberté, spontanée, folle, sauvage, joyeuse ou désespérée tour à tour, l'écriture de l'icône de la beat generation, qui tient du vertige, entre rythmique et mystique, n'a pas d'équivalent.
Fraîchement débarqué à New York pendant une permission, Wesley, jeune matelot, se joint dans un bar à une bande de joyeux lurons. Fasciné par leurs courants de pensée, il s'enivre, entre autres, de leur conversation. L'un d'entre eux, Bill, est particulièrement touché par Wesley et son existence si libre. Au petit matin, sur un coup de tête, Bill décide de dire adieu à sa vie de professeur à Columbia afin de rejoindre la marine avec Wesley.
Les voici tous deux partis pour une grande aventure existentielle, d'abord sur la route sans un sou dans le but d'atteindre Boston, puis pour s'embarquer sur le Westminster, direction le Groenland.
Alors que, aux yeux de Bill, l'inconnu qui l'attend sur l'océan commence à faire émerger des doutes, Wesley se perd dans Boston, pourchassé par son ancienne femme... Se retrouveront-ils sur le navire pour poursuivre leurs idéaux, et leur amitié naissante ?
Premier roman de Jack Kerouac écrit à la main à l'âge de vingt et un ans, L'océan est mon frère dévoile déjà toute sa virtuosité. Entre l'écriture survoltée, les dialogues enflammés et l'exploration impertinente des notions de liberté et de fraternité, nous voyons ici émerger l'immense artiste.
"Épuisant ou pas, il n'y a pas de meilleur moyen de voir l'Ouest que de prendre un bon vieux bus et de foncer à toute allure sur de bonnes routes pour arriver dans toutes sortes de villes grandes et petites où vous pouvez descendre et parfois marcher pendant une heure entière, voir le monde et revenir au bus pour repartir. Quand j'ai acheté mon billet de San Francisco à New York en passant par le Nord-Ouest sur la côte Pacifique, le préposé a cru que j'étais fou. Je prenais le chemin du retour en traversant le continent avec mes dix sandwiches et un ou deux dollars en poche".
Le titre est constitué des 7 textes suivants: Croyance et technique pour la prose moderne; Principes de prose spontanée; La grande traversée de l'Ouest en bus; En route vers la Floride; Agneau, pas lion; Contrecoup : la philosophie de la Beat Generation et Esquisses de Manhattan.
Venu dans notre pays pour rechercher l'origine de son nom véritable, Jean Louis Lebris de Kerouac, le chef de file du mouvement beat, s'aperçoit de retour en Floride qu'il a reçu, au cours de ce voyage, une sorte d'illumination, un satori. Ne sachant à quel épisode précis attribuer cette révélation, il va revivre avec le lecteur ces dix journées passées en France. Journées où abondent les situations inattendues, et où l'on sent ce besoin de sympathie et de chaleur humaine que Kerouac manifestait en maintes occasions.
Le héros de ce roman, Jack Duluoz ou Ti Jean, n'est autre que Jack Kerouac, l'auteur de Sur la route. Au bord de la folie, le Roi des Beatniks cherche à fuir l'existence de cinglé qu'il a menée pendant trois ans et part pour San Francisco. Il se réfugie au bord de la mer, à Big Sur, dans une cabane isolée. Après quelques jours de bonheur passés dans la solitude à se retremper dans la nature, Duluoz est à nouveau saisi par le désespoir et l'horreur. Aussi revient-il à San Francisco où l'attendent le monde, les beatniks, l'érotisme. Mais il ne retrouve pas la paix pour autant.
Mars 2022 marquera la célébration du centenaire de la naissance de Kerouac. Ce recueil publié pour la première fois chez Seghers en 1976 offre une vision complète de son oeuvre poétique." Cette jolie ville blanche
De l'autre côté du pays
Ne me sera plus
Disponible
J'ai vu le firmament bouger
Ai dit " C'est la fin "
Parce que j'étais fatigué
De tous ces présages
Et dès que vous aurez besoin
de moi
Appelez
Je serai à l'autre
bout
Attendant
contre le mur final "
Extrait de " San Francisco Blues "
Même si l'auteur de
Sur la route n'est pas toujours célébré pour sa poésie, à l'inverse de son complice Allen Ginsberg, celle-ci représente une part essentielle de son oeuvre.
Pendant de son écriture romanesque, la poésie de Kerouac met en avant les aspects les plus caractéristiques de son écriture : là, plus encore peut-être que partout ailleurs, il cherche à se libérer de tous les carcans, faisant confiance à la spontanéité de sa plume, multipliant les libres associations, les mots-valise, les onomatopées, la recherche du rythme et de la sonorité pure... tout en créant de superbes métaphores.
" On écrit tout ce qui vous vient à l'esprit comme ça vous vient, dit Kerouac, la poésie retourne à son origine, à l'enfant barde, véritablement orale... "
Ce recueil, publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1971, sous le titre
Scattered Poems réunit des textes écrits dans les années 50 et 60 et qui avaient paru dans des publications éphémères et underground.
Drôles, grossiers, émouvants, désordonnés, bruts, énigmatiques, ludiques, à fleur de peau, ils s'attaquent vigoureusement à l'american way of life et explorent les failles et les traces de folie causées par l'absurdité et la violence de la vie dans la société capitaliste. Ils parlent aussi de liberté, de beauté et d'évasion.
Ils sont une formidable porte d'accès l'univers poétique de Kerouac.
Au milieu des années cinquante, nombreux sont les écrivains de la Beat Generation à s'intéresser au bouddhisme et à se tourner vers le haïku, dont la forme épurée fait écho à leur quête de spiritualité. Si Jack Kerouac n'est pas le premier à expérimenter cette tradition poétique, il est selon Allen Ginsberg ' le seul maître du haïku '. Adaptant ces poèmes japonais de trois vers à la langue et à la culture américaines, il en vient à redéfinir le genre, qui l'accompagnera toute sa vie.
' De Kerouac, on a surtout lu Sur la route et Les Clochards célestes, mais on connaît peu The Town and the City. C'est pourtant le premier roman de Kerouac, publié en 1950, celui qui annonce l'inspiration fabuleuse d'un auteur prolifique."The Town", c'est en fait Galloway (Massachusetts), petite ville de tisserands où s'écoule une existence mi-rurale, mi-citadine, celle de la famille Martin, unie par l'affection mais surtout soucieuse de faire durer les bonheurs fragiles - le cidre qu'on boit au gallon, le chahut des polkas, et l'émoi des premières tendresses, sous les feuillées tremblantes. "The City", le New York des années 1940, en est la figure d'opposition, où le jeune Peter Martin entamera sa carrière de footballeur tout en découvrant l'ébullition de la vie urbaine, mais aussi la fureur poétique - le roman retrace l'émergence prometteuse de la Beat Generation, chacun des personnages de la "city" incarnant un adepte du mouvement : Leon Levinsky est Allen Ginsberg, Kenneth Wood est Lucien Carr, Will Dennison campe William Burroughs.
Il faut relire The Town and the City, ce roman sur lequel Kerouac a planché de 1946 à 1948, qui dépeint avec une gaieté triste, comme s'il s'agissait d'une civilisation vouée à disparaître, la beauté brute des cols bleus, la force de leurs traditions et de leur musique folk. '
Marion Bet, Zone critique.
Entre 1952 et 1954, Jack Kerouac sillonne les États-Unis, de New York à San Francisco, et s'échappe au Mexique, au Maroc, ou encore à Londres et Paris. Ses notes, prises sur le vif, s'accumulent dans des carnets.
La vie quotidienne en Caroline du Nord, le travail du serre-freins dans les dépôts de chemins de fer, les bruits dans les bois, les gens dans la rue, les filles, le vin, l'herbe... Orage approchant, brume grise, herbes folles, hôtels, bars, camions, lumières...
Autant d'images et d'impressions qui composent le motif de ce Livre des esquisses.
Sous prétexte d'aller chercher ses droits d'auteur à Londres, Kerouac flâne à travers l'Europe. Il découvre les charmes troubles de Tanger, les paysages de Cézanne, les promenades émerveillées dans Paris, la pluie normande et les brumes de Londres...
Dans un brillant plaidoyer en faveur des vagabonds, il se place sous l'égide de Virgile, de Benjamin Franklin ou de Walt Whitman, pour revendiquer le droit à l'errance, aux nuits à la belle étoile, aux rencontres et à l'imprévu.
'De là je suis allé à Paris, où il ne se passait rien si ce n'est que la plus belle fille du monde n'aimait pas mon sac à dos et avait rendez-vous avec un type à petite moustache debout une main dans la poche et un sourire méprisant aux lèvres devant les cinémas de nuit de Paris.'
Qu'est-ce qu'être 'Beat'? À travers ses thèmes de prédilection - la littérature, le jazz, le voyage, la route, le bouddhisme, le zen... - l'auteur de Sur la route nous entraîne vers la réponse à un rythme hypnotique.
"Anges de la Désolation, je l'ai écrit à la lueur des bougies... C'est comme une cérémonie religieuse."
C'est l'été 1956 et le narrateur, double biographique de Kerouac, est isolé dans une cabane nichée sur le flanc du pic de la Désolation, dans les montagnes du nord-ouest des États-Unis. Voulant fuir l'agitation de la ville, il espère trouver dans ces deux mois de solitude extrême un moyen de se reconnecter totalement à son art.
"Je pourrais devenir fou là-dedans", constate-t-il cependant rapidement. S'engage alors un combat méditatif et poétique contre la solitude.
Lorsque le narrateur redescend de sa vigie, il se gorge frénétiquement du monde. Le lecteur découvrira, réjoui, des conversations insensées à San Francisco, de l'herbe et des putains à Mexico, des femmes aimées et des amis jaloux à New York, de l'opium à Tanger, Paris et Londres.
Récit foisonnant et magistral, ce texte a été qualifié par les aficionados de "chef-d'oeuvre inconnu" de Kerouac. Il préfigure Sur la route, écrit l'année suivante.
Le vagabond solitaire, c'est 'un recueil de morceaux... qui ont été rassemblés ici parce qu'ils ont un thème commun : le voyage'. Ces pérégrinations recouvrent les États-Unis du nord au sud et d'est en ouest, le Mexique et une partie de l'Europe dont la France, que Jack Kerouac considère comme sa seconde patrie.
Tour à tour cheminot en Californie, aide-cuisinier sur un cargo, flâneur avec les beatniks de New York, Jack Kerouac part à l'aventure et déclare qu''il n'est rien de plus noble que de s'accommoder des quelques désagréments que nous apportent les serpents et la poussière pour jouir d'une liberté absolue'.
Ça s'est passé au bal. Dans la salle de bal du Rex ; avec des préposés au vestiaire dans une entrée pleine de courants d'air, une fenêtre, des rangées de porte-manteaux, de la neige fraîche sur le sol ; des beaux garçons et des jeunes filles aux joues roses s'engouffrant à l'intérieur, les garçons faisant claquer leurs talons, les filles en hauts talons et robes courtes des années trente qui dévoilaient des jambes affriolantes. Les adolescents terrifiés que nous étions laissèrent leurs manteaux en échange de jetons de cuivre avant de se diriger vers le vaste brouhaha de la salle, tous les six pleins d'appréhension et de chagrins inconnus.
Jack Kerouac se souvient des premières extases, des premiers drames de la passion. Celle qui d'une caresse apaise les morsures intérieures avant d'étrangler les mots à jamais.
Une brève et triste histoire d'amour : Mardou, une petite Noire, traîne à San Francisco avec les beatniks. Elle aime Léo Percepied, un ancien matelot, qui ne lui adresse que des rebuffades : celui-ci voudrait être admis dans la bande des 'Souterrains', qui mènent la nuit une vie folle et sauvage, mais c'est en vain. L'idylle sordide et magnifique de Mardou et Léo se déroule dans un univers de beuveries, de querelles et parfois d'extase.
Cette façon qu'elle a de se planter au beau milieu de la pièce avec les jambes écartées pour discuter, Tristessa, on dirait un camé au coin d'une rue de Harlem ou de n'importe où dans le monde, Le Caire, Bombay, dans ce monde où on se tutoie du nord des Bermudes aux confins de l'Arctique, là où la terre se déploie comme une aile d'albatros, mais la drogue qu'on prend là-haut, chez les Esquimaux dans les igloos au milieu des phoques et des aigles du Groenland est moins nocive que la morphine germanique que cette Indienne doit subir à en mourir dans la terre de ses ancêtres.
En racontant son amour pour Tristessa, jeune prostituée mexicaine, Jack Kerouac nous offre l'un de ses récits les plus poignants, prière à une nouvelle Madone, perdue dans les cercles du désir et du manque.
"Pendant les quatre premières années de ma vie, tant qu'il vécut, je ne fus pas Ti Jean Duluoz, je fus Gérard, le monde fut son visage, la fleur de son visage, sa pâleur, son corps voûté, la façon qu'il avait de vous briser le coeur, sa sainteté et les leçons de tendresse qu'il me donnait."
Nous sommes en Nouvelle-Angleterre, dans le quartier canadien-français de Lowell. Jack Kerouac fait revivre dans ces pages, sans doute les plus émouvantes de son oeuvre, sa petite enfance passée en compagnie de son frère aîné, Gérard. Cet être d'exception mourut à neuf ans mais son attention aux hommes et aux animaux influença la vie entière de l'auteur. En mêlant aux anecdotes sur ses parents et ses voisins le souvenir des joies et des souffrances de Gérard, Kerouac nous livre, dans une langue drue et imagée, imprégnée de lyrisme, l'expression la plus achevée de son message poétique et métaphysique.
Fiction ou essai, récit de voyage ou improvisation sur le be-bop, technique d'écriture ou souvenir d'enfance, blonde rencontrée sur le bord de la route ou lecture fiévreuse de Céline, la 'prose spontanée' de Jack Kerouac abolit les genres, emballe la musique des émotions, perce 'le secret de la langue parlée' et entend bien être 'la seule façon d'exprimer la vitesse et la tension, et les niaiseries extatiques de l'époque'. L'emblématique mot Beat, qui avait commencé par claquer comme un cri de guerre lancé contre une Amérique conquérante mais aphasique, puis s'était transformé en cri de ralliement de la grande famille hippie nostalgique, n'aura été en somme qu'un murmure seulement adressé à Kerouac : 'À Lowell, je suis allé dans la vieille église où je fus confirmé et je me suis agenouillé [...], et brusquement j'ai compris : "beat veut dire béatitude, béatitude".'
Cette béatitude qui triomphe de l'horreur de Kerouac face à la bêtise fournit huit bonnes raisons de publier ces textes inédits : opulence formelle, violence délétère, allégresse inconsolable, plénitude inique, cruauté, impureté, belligérance calculée, injustice garantie.
Pierre Guglielmina.
Se mettre dans la peau d'un jeune orphelin noir, voilà ce que Jack Kerouac a réussi à faire dans son tout dernier roman. Dédoublement significatif, aliénation symbolique, projection de sympathie et d'engagement, Pic est certainement tout cela et plus encore : un portrait saisissant du milieu noir américain des années quarante, ses odeurs, ses couleurs, ses personnages truculents.
De la Caroline du Nord à la Californie, en passant par New York, l'errance kerouacienne prend ici une allure inusitée. Représentée par Pic, "vagabond sur la terre", voyageur éternel sans famille ni domicile connu, elle se transforme en une magnifique satire sociale, à la fois naïve et astucieuse, regard éclairant sur le ridicule de la condition humaine.
Pic, roman issu du réveil de la conscience sociale des Noirs, dépeint en fait tout être humain "vivant dans la noirceur" et renferme, par pur divertissement, des pages enfiévrées sur le jazz et la prédication.
Attends, écoute-moi trente secondes, je vais te montrer un truc, tu vois, mec, Jésus, il descend sur terre, et son karma, c'est de savoir qu'il est fils de Dieu, et qu'il va falloir mourir sur la croix pour assurer la sécurité, la sécurité éternelle du genre humain, c'était tout prévu à l'avance, même Judas...
Beat Generation : une pièce au sujet de l'amitié, de l'angoisse et, aussi, du karma. Elle débute par un beau matin d'automne clair et frais, alors que quelques amis, honnêtes travailleurs pour certains, des individus en voie de clochardisation pour d'autres, se passent de main en main une bouteille de vin. La pièce finit par la réaffirmation, en forme de satori, du pouvoir de l'amitié et de la valeur des petits échanges sans importance qui forment le fond de notre vie.
Docteur Sax, c'est l'histoire d'un jeune garçon qui s'éveille à la vie dans une ville ouvrière grise et morne de la Nouvelle-Angleterre. C'est l'histoire de Jack Duluoz, canadien français comme Jack Kerouac lui-même, qui grandit sous les porches obscurs et parmi les immeubles bruns de Lowell, Massachusetts. Et avant tout, c'est l'aventure empreinte de mystère et de terreur vécue avec intensité par un adolescent.
Toujours tapie dans un repli de l'âme de Jack, se trouve l'ombre du Docteur Sax, avec sa cape qui flotte au vent et son chapeau mou dissimulant à demi un regard chargé de haine. Il fait partie d'une horde de fantômes, de monstres et de démons qui peuplent ce monde fantastique. Souvenir et rêve se mêlent dans un univers démentiel qui occupe une place grandissante dans l'esprit de Jack jusqu'au point de s'imposer avec une violence effroyable dans une véritable vision d'apocalypse. Mais la réincarnation du mal sera finalement anéantie et, avec elle, les fantômes et les démons qui hantaient l'âme du héros.
Un critique américain, J. Donald Adams, a dit de Kerouac qu''il était capable de décrire le monde de l'expérience physique beaucopup mieux que quiconque depuis Hemingway'. La description des odeurs, des bruits dans la petite ville de Lowell est parfois empreinte d'une telle fantaisie bouffonne qu'elle témoigne d'une invention verbale inépuisable. L'auteur a transcrit des passages entiers en canadien français, ce patois savoureux que parlent Jack et ses parents ainsi que la joyeuse bande qui gravite autour d'eux et dont la verve truculente anime des scènes d'une vigueur rabelaisienne.
Au milieu des années 1950, Jack Kerouac, éduqué dans la religion catholique, découvre avec fascination le bouddhisme. Ce nouveau centre d'intérêt aura un impact important sur sa conception de la spiritualité et influencera l'écriture de certains de ses livres comme Mexico City Blues ou Les clochards célestes.
Réveille-toi nous présente la vie de Siddhartha Gautama racontée par Kerouac. Ce jeune prince abandonna sa riche famille et son environnement confortable afin de consacrer sa vie à la recherche de l'illumination.
Présentant une grande variété de scènes canoniques, Réveille-toi offre au lecteur une nouvelle version de la vie de Bouddha tout en reprenant de manière concise les principaux enseignements du bouddhisme. Ce texte, que préface un bouddhiste lettré, Robert A. F. Thurman, explique l'engagement de Kerouac envers le bouddhisme et l'influence de celui-ci sur la vie et l'oeuvre de l'écrivain.